Comment détecter le blanchiment d'argent

Il est possible que l'une des questions que l'on nous pose le plus souvent, à nous analystes de la prévention du blanchiment d'argent, soit : comment savoir si une personne blanchit de l'argent ? Quel est son comportement économique ? Dans cet article, nous allons essayer de vous faire part de certaines des mesures que nous prenons en compte lors de la réalisation d'une analyse.
Nous pouvons dire qu'il s'agit d'une question à laquelle il n'est pas facile de donner une réponse générique, puisque - jusqu'à présent - il n'existe pas de liste avec des indications concrètes et détaillées qui garantissent que certaines opérations sont liées au blanchiment d'argent et/ou au financement du terrorisme. En outre, comme dans tout film d'action, les criminels ont toujours une longueur d'avance sur nous et inventent sans cesse de nouveaux moyens de mener à bien leur mission.
Cependant, il existe des indicateurs ou des comportements communs déjà identifiés qui nous permettent de signaler ou de prévenir les mouvements suspects. L'expérience et la formation dans le secteur ont permis d'interposer de plus en plus de mesures qui rendent difficile l'accès des fonds illicites à notre système financier.
Voici quelques exemples de certains comportements dont il convient d'analyser les caractéristiques en détail. Il convient de mentionner que, parfois, les criminels n'utilisent pas seulement l'une des techniques, mais une combinaison de plusieurs d'entre elles :
Comportement inhabituel du client :
- S'il est excessivement nerveux.
- Ne veut pas fournir de documentation sur une transaction spécifique qu'il/elle effectue.
- Insiste pour payer un pourboire.
- Un courtier, un avocat ou un conseiller financier agit au nom de quelqu'un d'autre sans les documents appropriés, comme une procuration.
- Le client fournit des documents d'identification inhabituels ou suspects ou refuse de produire les originaux pour vérification.
- Le client ne veut pas fournir d'informations personnelles lors de l'ouverture d'un compte.
- Le client tente d'ouvrir un compte sans identification, références ou adresse locale complète.
Transactions inhabituelles
- Un étudiant ou une personne sans emploi dépose de grosses sommes d'argent.
- Les dépôts d'espèces contiennent des billets de grande valeur, en plusieurs fois ou par guichet.
- Le client échange fréquemment des billets de grande valeur contre des billets de petite valeur.
- Les transferts sont envoyés ou reçus de la même personne vers ou depuis des comptes différents.
- Le prix des produits ou des services est manifestement excessif ou insuffisant.
- Une personne qui n'est pas un titulaire de compte envoie un transfert avec des fonds comprenant.
- La réalisation de transferts vers des paradis fiscaux.
- Une augmentation soudaine de l'activité du compte du client.
Bien sûr, nous ne pouvons pas oublier des institutions telles que le Groupe d'action financière (GAFI), qui rassemble les normes internationales les plus reconnues pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, et fournit des recommandations afin d'aligner le développement des politiques de lutte contre le blanchiment d'argent.
En outre, il est important de toujours se tenir au courant des comportements économiques de la société. Comme nous le savons déjà, nous sommes dans un monde en constante évolution, et les techniques de la criminalité s'adaptent à tout écart présenté par les nouvelles circonstances. Il s'agit sans aucun doute de l'une des sources d'information les plus pertinentes à utiliser par les sujets obligés pour configurer les alertes générées en cas de mouvements de risques et pour pouvoir les analyser en détail.
Le processus de blanchiment d'argent est généralement divisé en trois phases : placement, dissimulation et intégration. Dans ce qui suit, nous allons définir chacune d'entre elles en mentionnant des exemples de certaines des techniques les plus connues dans chacune des phases :
- Placement : consiste à introduire l'argent obtenu de l'activité illicite dans le système financier. Un exemple assez récurrent dans cette phase est la constitution de dépôts en espèces fractionnaires et constants sur des comptes bancaires. Il est beaucoup plus discret de le faire par petits montants, car cela n'attire pas autant l'attention qu'un dépôt unique d'un montant élevé.
- Dissimulation : il s'agit de la tentative de dissocier les fonds de leur origine illicite en les déplaçant entre différents comptes, banques et/ou pays, tant de personnes physiques que morales. Cette phase s'effectue généralement par le biais d'opérations destinées à dissimuler l'origine des fonds illicites, telles que des sociétés écrans, des transferts entre comptes bancaires nationaux et internationaux qui rendent difficile l'analyse de la traçabilité des fonds, des transferts d'argent vers des paradis fiscaux...
- Intégration : il s'agit de la dernière partie du processus, dans laquelle les fonds blanchis ont déjà l'apparence d'un revenu légal. A ce stade, le blanchisseur dispose de ce capital pour l'investir dans des entreprises, des prêts, des biens immobiliers, des fonds d'investissement... ou tout actif qui générera une rentabilité dans le futur.
Un exemple simple qui englobe les trois phases serait le suivant :
Une personne a obtenu 40 000 euros grâce à une activité illicite telle que le trafic de drogue. Il dépose les fonds en espèces par le biais d'opérations de 5 000 euros sur plusieurs comptes courants contractés dans différentes entités et pendant plusieurs jours. Une fois qu'il a tous les fonds sur son compte, aux portes du système financier, il décide d'acheter des locaux qu'il louera par la suite.
Cependant, comme nous l'avons mentionné précédemment, les mesures prises par les entités obligées sont de plus en plus nombreuses et rendent cette série d'opérations plus difficile. La pression des autorités et la sensibilisation des secteurs concernés ont permis de faire des progrès en termes de détection des opérations suspectes. L'absence de justification des opérations suspectes peut entraîner la désolidarisation avec les banques, les compagnies d'assurance, les casinos ou d'autres obligés.
Silvia Monroy, Collaborateur du domaine de la criminalité économique de Sec2Crime