Les clés du fonds de relance de l'Union européenne

Après plus de 90 heures de négociations, le sommet européen de 2020 est déjà devenu historique. Les dirigeants européens ont convenu d'émettre une dette commune de 750 milliards d'euros pour relancer l'économie. La principale pierre d'achoppement de ce Fonds de relance a été la conditionnalité de l'aide et sa distribution. Les termes de l'accord final diffèrent quelque peu de la proposition initiale lancée par Bruxelles, qui prévoyait 500 milliards de subventions non remboursables pour les pays les plus touchés par la pandémie, et 250 milliards sous forme de prêts à taux bonifié. La pression des partenaires du Nord a allégé le poids des transferts directs, qui restent à 390 milliards d'euros. L'autre partie du fonds sera débloquée sous forme de prêts à taux réduit.
Alors que les pays du Nord, au premier rang desquels les Pays-Bas, étaient favorables à l'exigence de réformes en échange d'argent, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et la France ont opté pour des aides non remboursables. Le pacte est intervenu après quatre jours de négociations marathon où la seule chose qui semblait unir tout le monde était le désaccord, bien que les dirigeants européens puissent se vanter d'avoir connu une fin heureuse.

Contrairement à la dernière crise financière, l'UE a mis en route tout son appareil beaucoup plus rapidement et est parvenue à un accord en peu de temps. « Nous avons fait preuve de responsabilité collective et de solidarité, nous avons montré que nous croyons en notre avenir commun. Cet accord est un signal clair que l'Europe est une force d'action. Ce pacte intervient à un moment crucial du parcours européen. C'est la première fois dans l'histoire que notre budget est lié aux objectifs climatiques. Ce respect de l'État de droit est une condition nécessaire. La magie du projet européen fonctionne grâce à la coopération, à la volonté de travailler ensemble, de surmonter les difficultés, à la capacité de tout affronter ensemble », a déclaré Charles Michel, président du Conseil européen et l'un des coordinateurs de la réunion, lors d'une conférence de presse.
Pour le président espagnol, l'un des bénéficiaires de ce fonds de relance, l'Europe a montré qu'elle était capable d'innover. « Ce n'est pas seulement l'un des plus longs sommets européens de l'histoire, c'est aussi un jour historique pour l'Europe », a déclaré Emmanuel Macron, président de la France. « C'est un grand accord pour l'Europe et pour l'Espagne. L'une des plus brillantes pages de l'histoire européenne a été écrite. C'est un véritable plan Marshall », a déclaré le président espagnol Pedro Sánchez. Lors de ce sommet, le budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027 a également été approuvé, qui sera un peu moins élevé que le précédent en raison du départ du Royaume-Uni du club communautaire.
Les négociations à Bruxelles ces quatre jours ont été accusées d'agression et de reproches. Pendant le week-end, les réunions se sont éternisées et l'accord tant attendu semblait ne jamais se concrétiser. Les partenaires du Nord ont joué le jeu et n'ont pas abandonné. La France et l'Allemagne ne voulaient pas que les transferts directs soient inférieurs à 400 milliards d'euros. Au final, ils sont restés à 390 000, ce que les « frugaux » ont finalement jugé acceptable.

Le processus de ratification est maintenant ouvert, car l'accord doit être approuvé par le Parlement européen. Pendant des mois, les députés européens ont fait pression et adopté des résolutions appelant à l'ambition. L'Assemblée s'est prononcée en faveur d'un paquet plus important et plus ambitieux, avec un plus grand nombre de transferts, un budget beaucoup plus important.
Les principales ressources de l'UE sont les contributions nationales et elle ne perçoit guère certaines questions douanières et la TVA. L'idée pour les sept prochaines années est de collecter davantage grâce à des éléments tels qu'une taxe sur les plastiques et la possibilité de péages frontaliers pour les émissions de carbone. L'objectif est d'utiliser cet argent pour payer les intérêts et le capital de la dette que l'UE va émettre sur les marchés pour financer ses projets.