Comment le Maroc est-il devenu un investisseur important en Afrique ?

Dans le contexte de la recomposition géopolitique du monde, le Maroc s'affirme comme une puissance régionale majeure dans un jeune continent qui devient progressivement un pôle mondial de croissance économique reconnu.
Depuis des siècles, le royaume alaouite est une enclave majeure du commerce transsaharien, grâce aux routes caravanières de l'Afrique noire jusqu'à la bordure occidentale du Sahara.
Après l'accession au trône de Mohammed VI, le Maroc a connu une croissance économique progressive à partir de 2000, devenant un pays émergent doté d'un système économique et financier stable et ouvert à de multiples possibilités de développement. Il a commencé à adopter des mesures pour attirer les investissements étrangers, construire d'importantes infrastructures et tirer parti de sa position stratégique pour les échanges entre l'Afrique de l'Ouest, l'Europe et le Moyen-Orient.

Pour atteindre ces objectifs, le pays nord-africain a intensifié sa politique étrangère en tournant sa boussole vers l'Afrique subsaharienne, tout en consolidant ses relations avec l'Occident.
Le Maroc a fait un pas de géant vers l'exploration de l'Afrique en tant que destination d'investissement et de coopération en réintégrant l'UE en 2017 après 30 ans d'absence. Plus tard, notamment le 30 mai 2019, l'Accord de libre-échange africain est entré en vigueur, qui vise à faire de l'Afrique l'un des plus grands marchés économiques et de libre circulation des personnes au monde, incluant 55 États.
Dans le même ordre d'idées, le Maroc n'a pas hésité à signer ce traité afin de s'impliquer fortement dans l'atténuation de la situation d'instabilité et de crise multidimensionnelle que connaît la région. Dans un souci d'accompagnement et d'assistance, le Maroc a également signé plusieurs accords de coopération bilatérale qui ont touché divers domaines tels que l'éducation, le développement social, la sécurité alimentaire, l'emploi des jeunes, le changement climatique, la gestion de l'eau et de l'électricité, parmi d'autres domaines d'intérêt commun pour l'Afrique.

Dans sa stratégie d'expansion de ses investissements et de partage de son expertise économique et sociale avec les pays africains, le Royaume a lancé une diplomatie panafricaniste énergique et dynamique qui a réussi à établir des accords commerciaux, à consolider les liens économiques et à faciliter les investissements directs du Maroc dans des pays tels que la Côte d'Ivoire, le Sénégal, le Gabon, le Mali, la Guinée-Bissau, le Rwanda, la Tanzanie, l'Éthiopie, le Nigéria, le Ghana et la République de Guinée.
La diplomatie économique active du Maroc est devenue, au fil des années, un puissant instrument de soft power, grâce auquel le Maroc a réussi à signer des accords de coopération multisectorielle, d'une part, et à financer des projets d'investissement dans des pays africains, d'autre part, renforçant ainsi la coopération sud-sud.
Actuellement, grâce aux investissements réalisés par les entreprises marocaines en Afrique, le Maroc est considéré comme le deuxième investisseur sur le continent, après l'Afrique du Sud, et le premier en Afrique de l'Ouest. Des institutions financières telles que Attijariwafa Bank, la Banque centrale populaire et la Banque d'Afrique détiennent un cinquième des actifs bancaires en Afrique de l'Ouest. Le géant des engrais OCP est présent dans 16 pays africains, tandis que la principale société de télécommunications, MarocTelecom, opère dans plusieurs pays d'Afrique subsaharienne.

Un autre facteur décisif contribuant à l'amélioration de la position du Maroc en Afrique est le projet d'investissement du pays dans les infrastructures logistiques, ainsi que ses connexions maritimes et aériennes. Tout cela a renforcé la position du Royaume en tant que porte d'entrée et de sortie de l'Afrique. Grâce à la stratégie portuaire nationale 2030, le port de Tanger Med connaît un développement continu dans le but de devenir un hub logistique majeur en Méditerranée et en Afrique. Il est actuellement connecté à 186 ports dans le monde, dont 38 en Afrique, et représente un gigantesque hub où circule annuellement 20% du commerce mondial.
Dans ses relations avec les pays africains, le Maroc utilise plusieurs formes de partenariat. Tout d'abord, la coopération bilatérale à travers des partenariats entre le Maroc et le pays africain concerné. Ces partenariats impliquent l'implication du secteur public et/ou privé, ainsi que le financement direct d'infrastructures ou des dons gratuits. Un exemple de cette coopération bilatérale est le mégaprojet signé entre le Maroc et le Nigéria en 2017 pour la construction d'un gazoduc sous-marin transnational, projet stratégique pour l'ensemble des pays d'Afrique de l'Ouest.
Deuxièmement, la coopération multilatérale, reflétée par la présidence du Maroc du Groupe du Sud (G-77+Chine) en 2022, à travers laquelle il a plaidé pour la promotion des aspirations communes de ses membres, y compris la coopération entre les États d'Afrique subsaharienne.

Enfin, la coopération triangulaire du Maroc se reflète, par exemple, dans les partenariats entre le Japon, le Maroc et les pays africains francophones dans les domaines de la pêche maritime, de l'agriculture, de la gestion portuaire, de l'assainissement de l'eau et de la santé des femmes et des enfants, entre autres.
Une récente analyse préliminaire de la Banque mondiale, qui évalue l'impact du tremblement de terre d'Al-Haouz sur le Maroc, prévoit une réduction de la croissance économique au cours des trois prochaines années, en raison d'une augmentation de l'endettement. Il s'agit d'un scénario hypothétique dont l'influence sur le développement du Maroc en tant que puissance régionale est probable, bien que les premiers résultats suggèrent que l'impact sera modéré en termes d'économie nationale.