La grande vitesse : un levier économique stratégique pour le Maroc

La deuxième édition du Forum Rail & Mobility a mis l'accent sur la grande vitesse ferroviaire en tant que levier économique stratégique pour le Maroc
Rail and Mobility Forum Rabat - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Rail and Mobility Forum Rabat - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
  1. Développement du secteur ferroviaire : une stratégie gagnante
  2. Cap 2030
  3. Le Maroc et la France misent sur le secteur ferroviaire

Dans le cadre des préparatifs du Maroc pour accueillir la Coupe du monde 2030, où la question de la mobilité et du transport rapide sera l'un des principaux enjeux, Économie Entreprises Live a organisé le 21 février à Rabat la deuxième édition du Forum Rail & Mobility, sous le titre « La grande vitesse : un levier économique stratégique ». Un forum qui visait à mettre en lumière les projets, les ambitions et les défis du secteur dans le pays. 

Le Maroc se positionne sur ce marché stratégique clé, aux côtés des grands groupes industriels français, espagnols, chinois et allemands. Parmi les facteurs qui contribuent à consolider cette présence figure la situation géographique du Maroc, idéale pour devenir un centre de transport ferroviaire en Afrique du Nord, avec des perspectives de développement à l'échelle continentale. 

Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL

Les chiffres enregistrés par le secteur ferroviaire marocain lui ont permis de s'affirmer comme le leader de la mobilité moderne en Afrique, avec une vision claire pour renforcer sa compétitivité et sa connectivité à travers son Plan Rail Maroc 2040. Il s'agit d'un projet ambitieux avec des investissements importants qui comprend l'extension du réseau de lignes à grande vitesse (LGV) de 1 500 kilomètres et l'acquisition de 168 nouveaux trains par l'opérateur ferroviaire national marocain, l'ONCF. 

Développement du secteur ferroviaire : une stratégie gagnante

Said Chandid, directeur de la stratégie, de la coopération et de la qualité de l'ONCF, a déclaré que le Plan Rail Maroc 2040 aura un impact significatif sur la mobilité durable, avec zéro émission de carbone et de gaz à effet de serre, et l'interconnexion de 15 aéroports internationaux, 12 ports commerciaux, 43 villes de plus de 100 000 habitants, dans le but de couvrir 90 % de la population nationale en matière de connectivité ferroviaire. 

L'Office national des chemins de fer du Maroc (ONCF) a lancé en 2010 un ambitieux programme d'investissement visant à étendre les lignes conventionnelles et à investir dans la ligne à grande vitesse Al-Boraq, qui est essentielle dans le cadre du plan directeur ambitieux qui vise à atteindre 1 500 kilomètres de lignes à grande vitesse. 

Said Chandid , director de Estrategia Cooperación y Calidad en la ONCF - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Said Chandid, directeur de la stratégie, de la coopération et de la qualité à l'ONCF - PHOTO/KHADIJA TAOUIL

Le projet vise également à réduire la durée du trajet d'un tiers, ainsi qu'à réduire de 15 % le nombre d'accidents de la route par an (500 morts en moins par an) et à éviter l'émission d'un million de tonnes de CO2 et de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, grâce au fait que 90 % des trains sont électriques. En ce qui concerne la création d'emplois, le Plan Rail Maroc 2040 devrait générer 720 millions de journées de travail dans le secteur. 

Le dirigeant de l'ONCF a souligné que la ligne à grande vitesse est l'option technologique idéale pour un projet intégré comprenant 12 trains, 200 kilomètres de double voie, 1 000 entreprises marocaines mobilisées, 30 millions de journées de travail et 65 % de valeur ajoutée. En ce sens, Al-Boraq, la ligne ferroviaire à grande vitesse marocaine, est un vecteur de changement multiforme et multisectoriel aux impacts socio-économiques, géographiques et urbains dynamiques. 

Après six ans d'exploitation, la grande vitesse marocaine a enregistré un chiffre d'affaires de 785 milliards de dirhams ; 5,42 millions de voyageurs ; un taux de régularité de 96 % ; 100 % de circulation avec des énergies propres ; un record quotidien de 25,7 % en milliers enregistré le 14 juin 2024. 

Avec une excellente qualité de service, le secteur ferroviaire se situe au troisième rang mondial en termes de vitesse, évitant la circulation de 825 000 véhicules sur les routes et environ 150 accidents de la route par an. 

Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL

Cap 2030

Pour l'ONCF, le plan Cap 2030 constitue un programme de développement de grande envergure qui repose sur quatre piliers principaux : 

  • Extension de la ligne à grande vitesse entre Kénitra et Marrakech, d'une longueur de 430 kilomètres ; une vitesse d'exploitation de 320 km/h ; 3 500 hectares de superficie ; 3 kilomètres de tunnels ; et un investissement de 53 milliards de dirhams. En termes socio-économiques, la ligne reliera cinq régions aux destinations touristiques les plus importantes. Cinq régions qui regroupent 59 % de la population totale, 67 % du PIB national et 65 % des déplacements nationaux. 
  • Développement d'un service de proximité de type RER sur la ligne existante. 
  • Programmes d'aménagement et de construction de gares : cinq grandes gares, 25 nouvelles gares et 10 réaménagées. 
  • Acquisition de trains et développement d'un écosystème industriel : 18 trains à grande vitesse, 20 trains pour les services de ligne, 60 trains rapides navettes, 50 trains pour les services RER. 

Le plan de développement du secteur ferroviaire, Cap 2030, est un programme d'une durée de 10 ans, avec un taux d'intégration locale de plus de 60 % ; plus de 10 000 emplois créés ; plus de 1 300 km de nouvelles voies ferrées ; 220 kilomètres de réseau express régional (RER) ; 1 000 trains par jour, soit un quadruplement de l'offre. 

Le programme comprend également la connectivité aéroportuaire ainsi que la connexion avec trois stades de football, ce qui permettra de renforcer l'attractivité territoriale avec 73 % de la population desservie et la dynamique urbaine avec 40 gares à grande vitesse et de proximité, dans le cadre d'une circulation en énergie verte, c'est-à-dire 100 % neutre en carbone. 

Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL

Le Maroc et la France misent sur le secteur ferroviaire

Vincent Toussaint, chef du Service économique régional de l'ambassade de France au Maroc, a salué la nouvelle ère de relations bilatérales exceptionnelles entre le Maroc et la France, précisant que « les deux États ont décidé de consolider cette relation, en particulier le développement du potentiel ferroviaire marocain, qui aura de grands avantages non seulement pour l'économie du pays mais aussi pour l'Afrique ». 

Toussaint a appelé à « travailler ensemble pour relever les défis de l'énergie décarbonée », qui aura un impact important sur l'économie marocaine, en soulignant « la volonté réelle d'écrire un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays, dont le premier chapitre a déjà été entamé par le secteur ferroviaire » 

« Nous sommes heureux de collaborer à cette dynamique de développement de l'économie marocaine au cours des 15 dernières années, de l'automobile au chemin de fer et à la grande vitesse, dans le but d'améliorer les secteurs qui génèrent de la valeur ajoutée et créent des emplois stables », a-t-il ajouté. 

Vincent Toussaint, jefe de servicio económico regional, Embajada de Francia en Rabat - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Vincent Toussaint, chef du service économique régional, ambassade de France à Rabat - PHOTO/KHADIJA TAOUIL

« L'association gagnant-gagnant dans le cadre de laquelle nous travaillons et les multiples accords et conventions signés entre les deux pays accélèrent cette dynamique pour parvenir à une mobilité durable », a déclaré le représentant de l'ambassade de France au Maroc, qui a ajouté que « Nous sommes fiers de l'inauguration de la première ligne à grande vitesse en 2018 par le roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron et nous avons été impressionnés par son fonctionnement, qui représente une véritable réussite ». 

Vincent Toussaint a expliqué que cette ligne à grande vitesse sera complétée par une extension de Tanger à Marrakech, ce qui fait du secteur ferroviaire un accélérateur de développement au Maroc et un marché décisif pour le progrès de l'économie non seulement de ce pays, mais de tout le continent africain.  

À cet égard, il a salué le partenariat entre l'ONCF et la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) en matière de formation professionnelle, réaffirmant que la France et le Maroc s'engagent à assurer une mobilité durable par le rail. 

Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL
Rail and Mobility Forum - PHOTO/KHADIJA TAOUIL

À titre d'exemple, la France dispose d'un réseau ferroviaire de plus de 3 000 kilomètres, dont 2 800 sont à grande vitesse. Le train à grande vitesse a modifié la carte du pays en reliant les villes entre elles, c'est le moyen de transport le plus sûr et il réduit la consommation d'énergie de 20 %. 

Toussaint a souligné les relations étroites entre la France et le Maroc dans le domaine ferroviaire et l'importance du rôle que joue la France dans le soutien aux chemins de fer marocains en tant qu'option stratégique en matière de transport et de développement économique. L'objectif est d'augmenter les investissements dans l'amélioration du réseau ferroviaire et de relever les défis de la connectivité durable qui profitera au développement territorial, au transport de passagers et à l'industrialisation du pays.