Les guerres et le président argentin Milei à l'ordre du jour de Davos

Les guerres à Gaza et en Ukraine et un discours attendu du nouveau président argentin, Javier Milei, marqueront cette année l'agenda du Forum de Davos, la réunion annuelle des élites mondiales qui débute lundi en Suisse.
L'édition 2024 intervient "dans le contexte géopolitique et économique le plus compliqué depuis plusieurs décennies", a reconnu cette semaine Borge Brende, président du Forum économique mondial (WEF), fondé en 1971.
"La guerre à Gaza se poursuit et l'on craint une escalade", a-t-il prévenu, expliquant que l'objectif du forum sera cette fois de "voir comment éviter une nouvelle détérioration de la situation et de se tourner vers l'avenir".
Davos sera à nouveau le rendez-vous des dirigeants latino-américains, avec un Javier Milei attendu, qui pourrait révolutionner le forum comme l'a fait en son temps l'ancien président américain Donald Trump, auquel il a parfois été comparé.
Dès ses premières semaines au pouvoir, l'ultra-libéral argentin a présenté un programme de réformes radicales dans un contexte de grave crise économique, avec une inflation annuelle dépassant 160% et une pauvreté à 40%.
Mais ses mesures se heurtent à des obstacles judiciaires et à une forte opposition des syndicats.
À Davos, son premier voyage à l'étranger en tant que président, Milei prononcera un discours solennel mercredi et a déjà reçu plus de 60 demandes de réunions bilatérales, a déclaré le président lui-même aux médias argentins, dans un forum où de nombreux dirigeants viennent à la recherche d'investissements.

Petro et Sánchez
Ces dernières années, l'Amérique latine a été de plus en plus présente à ce forum, qui se tient dans une station de ski exclusive des Alpes suisses.
Outre les questions strictement financières et commerciales, des thèmes tels que la biodiversité, la santé et la désinformation sont également abordés.
Parmi les invités, on retrouve à nouveau le président de la Colombie, le gauchiste Gustavo Petro, qui avait surpris l'an dernier par un vibrant plaidoyer en faveur du "dépassement" du capitalisme lors du forum, symbole pour ses détracteurs des pires dérives de la mondialisation.
Le Brésil, en première ligne sur des questions telles que la déforestation et le changement climatique, sera représenté par plusieurs ministres, dont la responsable du ministère de l'environnement, Marina Silva.
Le ministre péruvien des affaires étrangères, Javier González-Olaechea, sera également présent. Un discours du président espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, est également à l'ordre du jour.
Le président équatorien Daniel Noboa devait être présent, mais il a annulé sa participation en raison de la situation dans son pays, plongé dans une vague de violence sans précédent.

Zoom sur les guerres
Au total, et aux côtés de centaines de chefs d'entreprise et de décideurs économiques, Davos a annoncé la participation de plus de 60 chefs d'État ou de gouvernement.
Parmi eux, le premier ministre chinois Li Qiang, le plus haut responsable de Pékin à participer à la rencontre depuis la visite du président Xi Jinping en 2017, qui arrivera juste après les élections à Taïwan samedi.
La liste des participants comprend le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, le président israélien Isaac Herzog et les premiers ministres du Liban, du Qatar et de la Jordanie.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenski, qui jusqu'à présent n'était intervenu qu'à distance, viendra en personne cette fois-ci, cherchant à nouveau le soutien de l'Occident face à l'invasion russe de son pays, qui va bientôt fêter ses deux ans.
Neige et cocktails
Les grands noms du capitalisme mondial seront également présents, dont le PDG de Microsoft, Satya Nadella, et Sam Altman d'OpenAI, l'entreprise qui a révolutionné l'intelligence artificielle avec son robot conversationnel ChatGPT.
Quelque 5 000 militaires suisses participent à l'impressionnant dispositif de sécurité mis en place dans le petit village alpin, sous la surveillance d'avions de chasse.
Outre le programme officiel, le forum est aussi un lieu de rencontre en coulisses pour les élites politiques et économiques du monde entier, lors de réunions officielles mais aussi de cocktails et de fêtes en tout genre.
Cette opacité alimente les soupçons et les critiques des ONG internationales, mais aussi des syndicalistes.
Dans ce sens, la Jeunesse socialiste suisse a appelé à manifester dimanche contre une "réunion à huis clos entre les puissants et les riches" qui "sont responsables des crises et des guerres".