La Russie ferme le gazoduc Nord Stream pour maintenance

Le gazoduc Nord Stream a suspendu ses livraisons de gaz à l'Allemagne jusqu'au 21 juillet pour des raisons de maintenance. Selon Nord Stream AG, le pompage du gaz a été suspendu à 7 heures, heure de Moscou, tandis que le flux de gaz a été réduit à zéro quelques heures plus tard.
Cependant, ce travail d'entretien se joue avec plusieurs acteurs politiques et des accusations intermédiaires. Le géant gazier Gazprom fonctionne à 40 % de sa capacité depuis le mois de juin car, selon le Kremlin, la société allemande Siemens Energy n'a pas rendu les turbines qui sont en cours de réparation au Canada et qui sont nécessaires pour pomper le carburant. Si la Russie ne renvoie pas les turbines, c'est en raison des sanctions imposées à Moscou pour l'"opération militaire spéciale" en Ukraine.
En réponse, la société allemande Siemens Energy a publié une déclaration indiquant qu'elle "s'efforçait d'apporter la turbine aussi rapidement que possible". Par ailleurs, le ministre canadien des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, a annoncé qu'il rendrait la turbine réparée nécessaire pour le gazoduc afin d'assurer la continuité des flux d'énergie vers l'Europe, mais qu'il prolongerait les sanctions contre le secteur énergétique russe.
"Le Canada soutient inébranlablement la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Le Canada ne relâchera pas sa pression sur le régime russe", a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en réponse à la désapprobation de l'Ukraine concernant le retour des turbines. Les ministères ukrainiens de l'Énergie et des Affaires étrangères ont appelé les États-Unis à revenir sur leur décision pour avoir cédé aux "caprices de la Russie".
Outre ces accusations, l'arrêt pour maintenance de Nord Stream ravive les craintes en Allemagne et dans le reste de l'Europe de manquer d'approvisionnement en gaz, perturbant notamment les plans de remplissage des stockages pour l'hiver.
Le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, a déclaré que le pays devait faire face à la possibilité réelle que la Russie suspende les flux de gaz via Nord Stream au-delà de la période de maintenance prévue. "D'après le modèle que nous avons vu, il ne serait pas très surprenant maintenant que l'on trouve un petit détail technique grâce auquel ils disent maintenant que nous ne pouvons plus l'allumer", a annoncé Habeck.
Toujours en Espagne, la troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Teresa Ribera, a déclaré dans une interview à El Español que "nous devons nous préparer aux coupures de gaz russe", pour lesquelles les plans d'urgence sont renforcés.
Toutefois, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a rejeté ces affirmations, déclarant que la Russie n'utilisait en aucun cas le pétrole ou le gaz pour exercer une pression politique. Selon Peskov, cet arrêt pour maintenance était un événement régulièrement programmé et personne n'a "inventé" de réparations. Les travaux de maintenance de Nord Stream de l'année dernière ont également été réalisés à une date similaire, entre le 13 et le 23 juillet, et ont été achevés comme prévu.
Le débat se concentre maintenant sur la manière dont cette éventuelle coupure de gaz pourrait affecter l'énergie, avec un manque d'approvisionnement pour toute l'Europe, mais surtout au niveau économique et financier, avec l'effondrement du marché du gaz.