La société Cengiz Insaat percevra cette somme après avoir déposé une plainte auprès de la Chambre de commerce internationale à Paris en 2016

La Libye va verser 50 millions d'euros à une entreprise turque pour des contrats de l'ère Kadhafi

REUTERS/ISMAIL ZITOUNY - Photo d'archive de la Banque centrale de Libye au centre de Tripoli le 27 avril 2016

Les principales entreprises de construction turques, dont Cengiz Insaat, Yuksel Insaat et Tikfine, ont commencé à se mobiliser pour saisir les actifs de la Banque centrale de Libye. Cela a été révélé par divers médias locaux, qui soulignent que les sociétés s'efforcent de récupérer les frais accumulés sur les transactions qui ont eu lieu pendant les plus de 40 ans de mandat de Mouammar Al-Kadhafi (1969-2011).

Selon le journal turc Dünya, dans le cas de Cengiz Insaat, son propriétaire, Mehmet Cengiz - qui est une figure proche du président de la nation eurasienne, Recep Tayyip Erdogan - a obtenu un jugement pour percevoir une somme de près de 50 millions d'euros pour l'exécution de travaux et d'infrastructures dans la ville de Sebha, au sud de la Libye, et dans la ville d'Ubari et ses environs.

La société turque, qui a réalisé le projet entre 2009 et 2011, après avoir obtenu une licence de la municipalité de Vadi Al Haya, n'a jamais pu collecter les fonds pour la mort de Kadhafi en 2011, quelques mois seulement après son expulsion du pouvoir. Tous les contrats qui étaient sur la table jusqu'alors ont été annulés, car les administrations ont été démembrées et le pays est devenu un État en faillite, un État qu'il maintient aujourd'hui avec la guerre ouverte entre le gouvernement d'unité nationale (GNA) et l'armée de libération nationale libyenne (LNA).

Cengiz Insaat a ensuite porté l'affaire devant la Chambre de commerce internationale basée à Paris en 2016. Le résultat du procès a été connu la semaine dernière : le gouvernement libyen, le GNA basé à Tripoli, tel que reconnu par les Nations Unies (ONU) devra payer 50 millions d'euros à la société, soit environ 305 millions de lires turques.

Les médias locaux ont également révélé que Mehmet Cengiz a reçu l'autorisation du Parlement turc de confisquer le bâtiment du consulat libyen à Istanbul. 

Les deux autres sociétés, Yuksel Insaat et Tikfine, s'efforcent de « permettre des saisies judiciaires en Europe des stocks libyens », selon ces sources.

Les ambitions de la Turquie en Libye 

Le président Erdogan a montré à plusieurs reprises quels sont ses plans pour le pays nord-africain à travers une série de mouvements : d'une part, en envoyant des milliers de mercenaires syriens - également financés par le Qatar et soutenus par les Frères musulmans - dans le pays nord-africain pour combattre aux côtés du gouvernement d'unité nationale (GNA), dirigé par le Premier ministre Fayez Sarraj.

D'autre part, avec le bénéfice économique qu'il retire de ce concours. En ce sens, le 18 février dernier, l'un des directeurs de la Banque centrale de Libye, basée à Tripoli et gérée par la GNA, Ramzi Agha, a reconnu que 4 milliards de ses réserves de liquidités avaient été envoyés à la Banque centrale de Turquie, « comme dépôt sans obtenir de retour ». Le fonctionnaire a donc expliqué que cette transaction correspondait à une « garantie des accords conclus entre Ankara et le GNA sur la fourniture d'armes, de véhicules blindés, de drones et sur les coûts de traitement des miliciens blessés ».  

Dans cette ligne, le porte-parole de la faction libyenne rivale, l'Armée de libération nationale (LNA), commandée par le marsical Khalifa Haftar, a récemment dénoncé que la nation eurasienne a reçu 25 milliards de dollars de la Banque centrale libyenne. Rien qu'au cours des deux derniers mois, jusqu'à 2 milliards de dollars auraient été transférés.