Le Maroc innove en matière de financement pour investir dans divers secteurs d'activité en Afrique

Le Maroc s'engage dans l'innovation pour résoudre la problématique du financement en mettant en place quatre leviers innovants pour optimiser les conditions d'accès aux fonds et améliorer la mobilisation des investissements.
- Catégorie 1 : domaines stratégiques
- Catégorie 2 : Domaines d'excellence
- Catégorie 3 : zones d'apprentissage
- L'innovation pour résoudre le problème du financement
- Encourager les partenariats public-privé nationaux et sous-régionaux et améliorer leur cadre de gouvernance
- Création de fonds d'investissement continentaux
- Adopter des approches de gestion des risques et améliorer l'information des investisseurs
- Diversifier les partenariats économiques et transformer l'approche de la coopération internationale et de l'aide au développement
Le cadre proposé par le Royaume du Maroc repose sur trois catégories d'activités qui se distinguent par la "sensibilité stratégique" (le niveau de criticité pour la souveraineté économique) et la "maturité économique" (le niveau de développement) des domaines d'activités qui les composent.
Catégorie 1 : domaines stratégiques
Il s'agit des domaines d'activité qui présentent des enjeux de souveraineté pour le Maroc (domaines stratégiques nationaux) ou pour l'ensemble du continent (domaines stratégiques continentaux).
Il s'agit de domaines critiques pour la résilience socio-économique de l'Afrique et son modèle de développement qui nécessitent des investissements importants de la part des entreprises marocaines en tant que principal acteur économique africain. Cependant, la grande sensibilité stratégique de ces zones n'exclut pas totalement la coopération avec des opérateurs économiques non africains.
Très souvent, ces zones évoluent dans des écosystèmes plus larges pour couvrir une grande partie des maillons de la chaîne de valeur qui constituent la zone de travail. Dans les domaines stratégiques continentaux, il est opportun pour les entreprises marocaines d'intégrer ces écosystèmes à travers de grands opérateurs, soit en tant que " leader ", soit en tant que " renfort ".
Ces domaines stratégiques comprennent la gestion de l'eau, l'agriculture, la production et la distribution d'énergie, la santé et la pharmacie, la cybersécurité et la construction et l'exploitation d'infrastructures vitales (Cooper Pharma, le groupe OCP et le groupe Al Mada34 en sont des exemples).

Catégorie 2 : Domaines d'excellence
Il s'agit des secteurs d'activité dans lesquels le Maroc dispose d'atouts matures et dont les entreprises phares génèrent des revenus importants sur les marchés où elles sont actuellement implantées. Les entreprises marocaines de ces secteurs bénéficient d'un avantage concurrentiel important et disposent des atouts nécessaires pour se développer sur d'autres marchés africains.
D'une part, dans le secteur des télécommunications, l'opérateur Maroc Télécom compte plus de 60 millions de clients dans 10 pays africains. D'autre part, le secteur bancaire, avec les trois grandes banques commerciales marocaines (Attijariwafa Bank, BCP, Bank Of Africa) dispose d'un réseau bancaire dense dans plus de 20 marchés africains.
En plus de ces secteurs dits "classiques", les entreprises marocaines ont réussi à convaincre les marchés africains dans d'autres secteurs prometteurs tels que les services numériques avec des acteurs comme HPS ou M2M.
Pour ces domaines d'excellence, les partenariats économiques peuvent être élargis à des partenaires de différentes nationalités avec un intérêt particulier pour les entreprises des pays du Sud ayant des propositions de valeur complémentaires. Ces alliances d'affaires constituent une voie efficace pour l'internationalisation des entreprises africaines, en particulier marocaines.

Catégorie 3 : zones d'apprentissage
Ils présentent un fort potentiel de croissance pour les entreprises marocaines, y compris les PME. Ces zones comprennent les secteurs d'activité dans lesquels les entreprises marocaines ont toujours souhaité se développer. L'entrée en vigueur de la zone de libre-échange AfCFTA ouvre de vastes possibilités pour ces entreprises.
Les entrepreneurs marocains peuvent désormais parcourir les 54 marchés du continent pour convaincre les consommateurs africains de leurs produits et services. Cette nouvelle situation constitue donc un véritable coup de pouce à l'entrepreneuriat et à l'innovation, en particulier pour les jeunes entrepreneurs.
Les aventures entrepreneuriales dans les domaines de la technologie (FinTech, Healthtech, EdTech, Foodtech, Greentech, etc.), du e-commerce ou du divertissement peuvent créer de nouveaux champions nationaux dans des secteurs jusqu'ici considérés comme difficiles à pénétrer.

L'innovation pour résoudre le problème du financement
Si les opportunités d'investissement en Afrique restent abondantes, leur traduction en projets se heurte toujours au problème du financement, car les marchés financiers africains gèrent des volumes financiers limités et l'accès aux marchés de capitaux internationaux est souvent difficile en raison du climat des affaires sur les marchés africains.
Or, les entreprises africaines ne peuvent pas se développer sur le continent si le financement reste un obstacle permanent. Pour le Maroc, quatre leviers innovants sont progressivement mis en place pour optimiser les conditions d'accès aux fonds et améliorer la mobilisation des investissements.
Encourager les partenariats public-privé nationaux et sous-régionaux et améliorer leur cadre de gouvernance
Les partenariats public-privé constituent une solution innovante pour le financement de projets d'infrastructures ou de services publics. Cette catégorie de contrats publics consiste à mettre en commun les efforts financiers d'opérateurs publics et privés autour d'un projet d'intérêt général.
Le cadre législatif et institutionnel régissant ces investissements doit donc être renforcé et amélioré. Au lieu de débourser l'ensemble du budget d'investissement public sur un seul grand projet, les PPP permettent de répartir ce même budget sur plusieurs projets, en mobilisant davantage de financements privés.
Les PPP ont ainsi permis la réalisation de plusieurs projets d'infrastructures emblématiques au niveau continental : le parc éolien du lac Turkana (Kenya), le pont Henri Konan Bédié (Côte d'Ivoire) ou encore le port de Tanger Med (Maroc).
Création de fonds d'investissement continentaux
Si les PPP permettent de transférer une grande partie de la charge d'investissement au secteur privé, ce dernier est également confronté à la difficulté d'obtenir des financements importants pour ses projets sur le continent.
La création de fonds dédiés au développement économique de l'Afrique pourrait aider les promoteurs de projets à avoir des échanges constructifs sur leurs opportunités avec des bailleurs de fonds connaissant les spécificités des marchés africains.

Adopter des approches de gestion des risques et améliorer l'information des investisseurs
De nombreux pays africains émergents éprouvent des difficultés à négocier des prêts à des taux d'intérêt favorables pour deux raisons. La première tient principalement au niveau élevé d'endettement et de risque de ces pays et de leurs entreprises.
La Banque ouest-africaine de développement (BOAD), dont le Maroc est actionnaire, et qui soutient le financement du développement des pays d'Afrique de l'Ouest, est un exemple de réussite qui peut lancer des émissions obligataires sur les marchés de capitaux régionaux et internationaux à des conditions optimales.
La deuxième cause est liée à la rareté d'informations économiques et financières fiables et actualisées pour les investisseurs. Ce problème est principalement lié à la sous-digitalisation des circuits économiques et financiers dans ces pays.
En effet, les procédures économiques et financières de base (déclarations fiscales, déclarations de TVA, bilans, procédures bancaires et administratives, etc.
En somme, la transformation numérique des circuits économiques et financiers est un véritable levier qu'il est urgent d'activer pour améliorer l'information économique et financière et constitue une condition cruciale pour l'obtention de financements.
Diversifier les partenariats économiques et transformer l'approche de la coopération internationale et de l'aide au développement
Il est désormais reconnu que le continent africain fait l'objet d'une concurrence dynamique entre les puissances économiques mondiales, avec des enjeux informationnels autour des institutions de financement du développement en Afrique.
Une première orientation consisterait à établir des partenariats et des accords de développement économique avec un large éventail d'acteurs, qu'il s'agisse d'États, de groupements régionaux ou d'organisations non gouvernementales, afin d'ouvrir de nouvelles perspectives pour le continent.
A cet égard, le Maroc présente, dans un cadre bilatéral ou multilatéral, un exemple de diversification des partenariats qu'il convient d'examiner. Au niveau international, Rabat compte aujourd'hui plus de neuf accords de libre-échange et de nombreux autres accords de coopération économique, en plus de dynamiser la communauté atlantique du continent, composée de 23 États.
Une deuxième approche consisterait à transformer les modalités traditionnelles de l'aide au développement en une coopération efficace qui n'affecte pas la souveraineté des États. L'objectif est de promouvoir des relations de coopération gagnant-gagnant dans lesquelles toutes les parties prenantes respectent leurs engagements respectifs et en tirent profit.
Par exemple, les projets d'investissement basés sur des prêts garantis par des actifs stratégiques sont extrêmement dangereux et portent gravement atteinte à la souveraineté des États. D'autres modes de financement, tels que les BOT (Build-Operate-Transfer), sont largement préférés.
À cet égard, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) préconise, dans un rapport de mai 2023, de soutenir la modernisation de la gouvernance mondiale afin d'impliquer davantage les pays à faible revenu dans les processus décisionnels concernant le financement des biens publics mondiaux. Cela permettrait de rééquilibrer les rapports de force entre partenaires sur la scène internationale.
En somme, si les quatre leviers proposés ne résolvent pas complètement et totalement le problème de l'accès au financement des projets d'investissement, ils offrent des pistes de réflexion innovantes pour tirer profit des dynamiques économiques et financières actuelles et répondre aux besoins de développement des économies africaines.