Une crise mondiale se profile à l'horizon

Mohamed Filali, fondateur et directeur général de Jurisfiscal, a pris le micro de l'émission "De cara almundo" de l'Onda Madrid pour analyser l'impact du conflit Hamas-Israël sur les perspectives économiques mondiales.
Monsieur Filali, existe-t-il actuellement des données qui nous permettent de savoir comment la situation entre Israël et le Hamas affecte l'économie internationale ?
Les dernières prévisions ou perspectives économiques n'ont pas pris en compte les événements de ces derniers jours. Il n'y a donc pas d'études et d'analyses très claires. Néanmoins, certains scénarios peuvent d'ores et déjà être pris en compte.
Chez Jurisfiscal, nous admettons deux scénarios. Le premier est celui qui représente près de 70 % des probabilités : endiguement et, par conséquent, pas d'extension du conflit en dehors de la bande de Gaza et d'Israël. Dans ce contexte, l'effet sur l'économie internationale serait très limité pour plusieurs raisons. D'une part, parce qu'essentiellement l'énergie ne sera plus affectée car Israël n'est pas producteur de pétrole, même s'il produit du gaz. Deuxièmement, Gaza n'a pas non plus d'activités économiques qui affectent les facteurs fondamentaux ayant un impact majeur sur l'économie internationale.
Il existe un autre scénario, selon lequel le conflit s'étend au nord d'Israël et à la frontière avec le Liban, ou s'étend plus loin vers l'Iran et la Syrie. Dans ce cas, l'effet sur l'économie mondiale pourrait être très important. On dit que si le conflit s'étend au nord, il pourrait affecter dans une certaine mesure la production internationale et avoir un effet sur la "prime politique", qui a un effet sur le risque politique et sur toute la navigation maritime, ce qui pourrait déstabiliser environ 13 % du PIB (produit intérieur brut) mondial.
Quelles sont les premières conséquences pour la population ?
Cela a un effet sur l'inflation et si on le met aussi dans le contexte d'une économie mondiale qui traverse une période difficile, cela pourrait avoir un effet négatif, même si proportionnellement ce ne sera pas la même chose en Asie qu'en Europe ou aux Etats-Unis.

Les Européens pourraient-ils résister ? Vous êtes ici en Europe : COVID, l'invasion russe de l'Ukraine, maintenant le Moyen-Orient, les économies européennes, en particulier l'économie espagnole avec son déficit et sa dette qui montent en flèche, pourraient-elles résister ?
Il y a de nombreux facteurs, comme je l'ai mentionné, même si l'économie espagnole devrait croître à un taux beaucoup plus élevé, selon les dernières données du FMI (Fonds monétaire international) et de la Banque mondiale, que les autres pays européens.
Mais toute cette croissance est très fragile. Une hausse du pétrole, par exemple, a un effet négatif sur le fonctionnement de l'économie en Europe, surtout si l'on sait que la croissance économique est très faible et qu'une hausse de 5 à 10 % du prix du pétrole a un effet sur le coût et divers éléments dans toutes les industries et l'activité économique, et donc augmentera l'inflation, et si vous ajoutez à cela la fragilité politique dans les démocraties européennes que vous voyez dans la sphère politique, cela peut avoir un effet négatif et affectera le coût de la vie.
Mais je ne pense pas que si le conflit ne s'étend pas et reste dans la zone où il se trouve actuellement, il aura un effet direct sur l'économie internationale, un effet très important. Mais en effet, une escalade du conflit, lorsqu'il s'étend un peu, ne serait-ce qu'au nord d'Israël, aura un effet très négatif sur la croissance économique et, par conséquent, sur d'autres facteurs qui génèrent plus de déficits et plus d'inflation.