Les Émirats s'assurent une place pour voyager sur la Lune, main dans la main avec les États-Unis

Les ambitions spatiales des Émirats arabes unis viennent d'être renforcées par l'engagement de la NASA auprès du Centre spatial Mohammed bin Rashid (MBRSC) qu'un astronaute du pays du Golfe se rendra sur la Lune dans le cadre de l'une des missions habitées Artemis prévues au-delà de 2026.
L'accord qui vient d'être signé par les deux institutions est la principale conséquence de la récente adhésion des Émirats arabes unis, après plus d'un an de négociations, au projet Lunar Gateway de Washington, une initiative visant à construire la première station spatiale déployée en orbite autour de la Lune.
L'objectif de Lunar Gateway est de fournir un "petit complexe orbital avancé et polyvalent pour soutenir les missions habitées Artemis", dont les astronautes doivent se poser sur la surface lunaire en 2026.

La participation des Émirats arabes unis à cette initiative comble le vide laissé par la Russie, qui devait initialement participer au projet mais l'a abandonné à la fin de l'année 2020 parce qu'il était "trop axé sur les États-Unis", selon le directeur général de Roscosmos, l'agence spatiale moscovite, Dmitri Rogozine, à l'époque.
La NASA prévoit que la station Getaway Circumnavigation sera également utilisée pour accueillir des astronautes, des infrastructures et des charges utiles robotiques temporairement destinées à la Lune, ainsi que des instruments scientifiques. Une autre de ses fonctions est encore plus ambitieuse : dans les années 2030, elle sera le point de départ d'une nouvelle exploration de l'espace lointain et le tremplin pour emmener des humains sur Mars.

Le MBRSC, partenaire privilégié de la NASA
Le MBRSC des Émirats arabes unis, dirigé par Salem Humaid al-Marri, s'est engagé auprès de l'agence spatiale américaine à financer le développement et la fabrication du sas Getaway, le module qui servira de passerelle vers l'intérieur pressurisé du futur complexe orbital lunaire. Cette infrastructure sera également la porte d'entrée des astronautes et des instruments scientifiques dans l'espace extra-atmosphérique.
La NASA devrait lancer les deux premiers modules Getaway à partir de 2025. Une fois achevé, l'un de ses premiers usages sera d'accueillir chaque module d'atterrissage lunaire, qui transportera deux ou trois astronautes à la surface du satellite naturel de la Terre.
Pour les aspirations de Washington en matière d'exploration spatiale, Gateway est un "élément essentiel des missions de retour d'Artemis sur la Lune". Les pièces du petit puzzle et l'assemblage des quelques cinq modules qui le composent seront réalisés avec la participation de partenaires commerciaux et la coopération des agences spatiales du Japon (JAXA), du Canada (CSA) et de l'Europe (ESA), qui vient d'être rejointe par les Émirats arabes unis.

Le Centre spatial Mohammed bin Rashid fournit le financement, mais aussi ses deux astronautes masculins expérimentés et deux autres, un homme et une femme, en formation au Centre Johnson de la NASA à Houston, au Texas. N'importe lequel des quatre pourrait être choisi pour participer au voyage vers la lune que le gouvernement du président Mohammed bin Zayed al-Nahyan s'est garanti.
Mais les dates du voyage d'un citoyen des Émirats arabes unis vers la Lune n'ont pas encore été fixées. Le 12 janvier, l'agence américaine a reporté de fin 2024 à septembre 2025 la mission lunaire habitée Artemis II, qui doit inclure trois astronautes vétérans de la NASA et une recrue canadienne. Raison de ce retard : Lockheed Martin, le maître d'œuvre de la capsule Orion, a besoin de plus de temps que prévu pour corriger les défauts constatés dans la capsule et assurer la survie des membres de l'équipage.

Un Japonais, puis un Émirati ou un Européen
Le retard du décollage d'Artemis II a des répercussions sur la mission Artemis III, la première mission dont les astronautes doivent fouler à nouveau le sol lunaire. Prévue pour un lancement en 2025, elle vient d'être reportée à septembre 2026. L'équipage n'a pas encore été désigné, mais il est probable qu'Artemis III comprenne trois Américains et un Japonais.
Si un ressortissant japonais fait partie de l'équipage d'Artemis III, cette décision irait dans le sens de la vice-présidente américaine Kamala Harris, qui préside le Conseil national de l'espace, l'organe consultatif de la Maison Blanche chargé de définir et d'élaborer la politique et la stratégie spatiales des États-Unis.

Lors de la dernière réunion du Conseil national de l'espace, le 20 décembre, Kamala Harris a souligné que, pour l'administration Biden, "le renforcement de la coopération internationale dans l'espace est une priorité". Il est donc tout à fait possible qu'un astronaute émirati ou de l'ESA participe à la mission Artemis IV, actuellement prévue pour 2028. Toutefois, si un Émirati ne s'envole pas vers la Lune dans le cadre d'Artemis IV, il le fera dans le cadre d'Artemis V, en 2030.
Dans quelques mois, Emirates comptera quatre astronautes certifiés par la NASA. Deux d'entre eux sont en phase finale de formation : Mohamed al-Mulla, un pilote de la police de Dubaï âgé de 36 ans, et Nora al-Matrooshi, une ingénieure âgée de 30 ans. Les deux autres sont des vétérans

L'un d'eux est Sultan al-Neyadi, 43 ans, un héros du monde arabe. Lancé le 2 mars 2023 vers la Station spatiale internationale (ISS), il a passé 186 jours à bord et 7 heures et 1 minute en suspension dans l'espace. Il est revenu le 3 septembre. L'autre est Hazzaa al-Mansoori, 40 ans, le premier Émirati à avoir volé dans l'espace. C'était en septembre 2019 et il est resté sept jours à bord de l'ISS.