La Turquie prétend avoir tué 21 soldats syriens après une attaque à Damas. Les événements se sont produits juste avant la signature de l'accord avec la Russie

Combats dans les heures qui ont précédé le cessez-le-feu à Idlib

PHOTO/AP - Le ministre turc de la défense Hulusi Akar, à gauche, s'entretient avec des hauts responsables de l'Armée dans une caserne près de la frontière syrienne à Hatay, en Turquie

Jeudi après-midi, la Russie et la Turquie ont signé un mémorandum pour établir un cessez-le-feu dans la région d'Idlib. Pendant le processus même des négociations, qui se sont déroulées à Moscou et ont duré six heures, plusieurs actions armées ont été enregistrées sur le sol syrien.

Selon une déclaration du ministère turc de la défense, les troupes d'Erdogan ont lancé hier une frappe aérienne près d'Idlib, tuant 21 soldats de l'Armée arabe syrienne. De plus, deux obus et deux lance-roquettes ont été détruits. 

Le ministère turc assure que le bombardement, effectué vers quatre heures de l'après-midi dans le cadre de l'opération « Bouclier de printemps », a été effectué en réponse à une action antérieure des troupes du régime de Bachar al-Asad qui avait tué deux militaires turcs.

El humo se eleva por encima de los edificios durante los ataques aéreos de las fuerzas de Al-Asad sobre las zonas controladas por los rebeldes cerca de Saraqeb, retomada recientemente por Damasco

Bien que l'épisode se soit produit avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, il convient de rappeler que, selon le document signé jeudi après-midi entre Ankara et Moscou, la Turquie s'est réservée le droit de maintenir et d'augmenter le contingent qu'elle a déployé en Syrie. En outre, il pourra répondre aux forces armées d'Al-Asad lorsqu'elles lanceront une offensive, à condition que l'action soit coordonnée avec le Ministère russe de la Défense.

La semaine dernière, près de 60 soldats turcs sont morts en Syrie suite au bombardement par le régime syrien, qui tente de reconquérir la ville d'Idlib avec le soutien logistique et en armes du Kremlin. En réponse à un bombardement d'Al-Asad dans lequel plus de 30 soldats turcs ont été tués, Ankara a lancé l'opération dite du « Bouclier de printemps » pour stopper l'avancée des troupes de Damas. Les chiffres officiellement fournis par la Turquie, qui font état de plus de 2200 soldats syriens tués en une semaine, n'ont cependant pas été corroborés par des sources non officielles.

Cañones de artillería autopropulsados turcos de 155 mm situados al este de la ciudad rebelde de Binnish, en la provincia de Idlib

L'échange de coups s'arrêtera-t-il maintenant que le cessez-le-feu a été ratifié ? Ce n'est pas clair, puisque le gouvernement syrien n'a pas participé au document signé à Moscou par la Russie et la Turquie. Le niveau de contrôle que Poutine pourrait avoir sur ce que Al-Asad pourrait faire sur le terrain dans les prochaines heures reste une inconnue. Selon les derniers rapports du quotidien libanais Al-Mayadeen, Idlib et ses environs connaissent un « calme tendu » sur tous les fronts, selon les termes du correspondant du journal dans la région.  

Le dictateur syrien, dans une déclaration publiée jeudi par l'agence officielle SANA, a accusé Erdogan de se battre au même titre que les terroristes en raison de son « idéologie de fraternité », en faisant clairement référence aux liens du gouvernement d'Ankara avec les Frères musulmans. C'est, selon Al-Asad, le principal obstacle à des négociations directes entre les deux présidents. Le président a également déclaré que sa priorité dans la guerre reste la prise d'Idlib, toujours aux mains des factions rebelles soutenues par la Turquie, puis le lancement d'une dernière campagne vers l'extrême nord-est du territoire.

Pendant ce temps, le flux de réfugiés à la frontière entre les deux pays ne s'arrête pas. Selon les Nations unies, environ un million de personnes ont quitté Idlib et ses environs depuis décembre dernier. Le pays d'Anatolie abrite déjà plus de trois millions et demi de personnes déplacées par la guerre. Des dizaines de milliers de personnes ont tenté de rejoindre la Grèce ces derniers jours. Cependant, suite au nouveau pacte de cessez-le-feu à Idlib, Erdogan a déjà annoncé qu'il fermait à nouveau sa frontière occidentale.