Le Conseil de l'Europe a souligné mercredi que l'indépendance judiciaire en Turquie s'était considérablement détériorée ces dernières années

Le Conseil de l'Europe voit la garantie urgente de l'indépendance judiciaire turque

Council of Europe

Le Conseil de l'Europe a souligné mercredi que l'indépendance judiciaire en Turquie s'était considérablement détériorée ces dernières années et a appelé les autorités de ce pays à agir d'urgence pour améliorer la situation.

L'organisation paneuropéenne a souligné que l'aggravation s'est produite principalement après l'application de l'état d'urgence de juillet 2016 à juillet 2018.

Selon sa commissaire aux droits de l'homme, la Serbe Dunja Mijatovic, qui s'est rendue en Turquie entre le 1er et le 5 juillet derniers, en plus d'une érosion des garanties constitutionnelles et structurelles qui soutiennent le travail des juges, il y a eu une plus grande partialité du pouvoir judiciaire contre les intérêts politiques.

Dans son rapport, il a dénoncé l'utilisation abusive de la détention provisoire, en particulier dans les affaires liées au terrorisme et au crime organisé.

La commissaire a déclaré qu'elle était consciente des défis auxquels la Turquie est confrontée dans la lutte contre "de nombreuses organisations terroristes en même temps", mais a souligné que le non-respect des droits de l'homme dans ce processus ne fait que discréditer.

À son avis, la gravité de la situation exige une action urgente. Premièrement, revenir à la situation antérieure à l'état d'urgence en termes de garanties constitutionnelles et structurelles pour l'indépendance des juges.

Mijatovic a également recommandé une révision complète de la législation et a averti que la stratégie de réforme judiciaire ne répondait ni aux besoins actuels ni aux besoins futurs.

La commissaire a exhorté la puissance turque à respecter l'indépendance des magistrats tant dans son discours que dans ses actes, surtout lorsque, pour des raisons humanitaires, une action judiciaire est nécessaire contre ses propres intérêts.

Son alerte s'est étendue au travail des militants en faveur des droits de l'homme. Les mesures prises pendant l'état d'urgence, à son avis, ont contribué à créer un environnement de plus en plus hostile contre ce groupe.

Mijatovic s'est dit préoccupé par l'augmentation de la violence du discours politique contre ces militants et le fait qu'ils soient qualifiés de terroristes, ce qui - souligne-t-il - conditionne "souvent" les poursuites à leur encontre des autorités judiciaires et administratives.

Il s'est également déclaré préoccupé par la situation des avocats, affectés en tant que défenseurs des droits de l'homme, et par les restrictions imposées à l'exercice de leur travail.