La Turquie a qualifié les ambassadeurs de pays tels que les États-Unis, la France et l'Allemagne de personae non gratae pour leur position sur l'affaire Kavala

Erdogan ordres d'expulsion de 10 ambassadeurs pour avoir critiqué le système judiciaire turc

PHOTO/ARCHIVO - Le Président de la Turquie, Recep Tayipp Erdogan

La Turquie est sous le feu des projecteurs pour avoir violé systématiquement les droits de l'homme. Le gouvernement d'Erdogan, controversé pour sa politique dite de "main de fer", n'est pas présenté comme un exemple de démocratie dans la région eurasienne. Elle continue à le démontrer avec sa dernière décision de retirer l'autorisation diplomatique d'une douzaine d'ambassadeurs.

Les critiques formulées par dix ambassadeurs au sujet de l'emprisonnement prolongé du militant des droits de l'homme Osman Kavala ont conduit le président turc Recep Tayipp Erdogan à les déclarer "persona non grata". 

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Les demandes des ambassadeurs ont été formulées dans une lettre commune appelant à la libération de l'activiste après quatre ans de détention provisoire. Kavala a été emprisonné en 2017 et est accusé de mener des "complots contre l'État", ainsi que d'avoir prétendument participé à la tentative de coup d'État de 2016, ce que l'activiste a nié à plusieurs reprises.

La déclaration a été cosignée par le Danemark, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, le Canada, la Norvège, les États-Unis, la France, la Finlande et la Suède. Dans la déclaration, ils ont déclaré que "les retards continus dans le procès, y compris la fusion de différentes affaires et la création de nouvelles affaires après un acquittement, jettent une ombre sur le respect de la démocratie, l'état de droit et la transparence du système judiciaire turc", appelant à "une résolution équitable et rapide" de l'affaire. 

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Cependant, le texte écrit par les émissaires n'a pas été la seule demande formulée dans cette affaire. La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) elle-même a demandé sa libération à plusieurs reprises, estimant que son emprisonnement était "arbitraire et illégal". La Turquie n'a toutefois pas hésité à réagir, et Kavala vient de terminer sa quatrième année de prison.

Suite aux demandes des différentes ambassades, Erdogan a déclaré qu'il avait demandé au ministre des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, de "traiter immédiatement la déclaration de ces dix ambassadeurs comme persona non grata". Il a ajouté que "le jour où ils ne comprendront pas ou ne connaîtront pas la Turquie, ils partiront". 

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Selon la convention de Vienne de 1963, si un État déclare l'ambassadeur d'un autre pays "persona non grata", l'État auquel il appartient doit retirer son représentant dans un délai estimé. Si le pays d'origine ne le fait pas, l'ambassadeur sera expulsé directement du territoire, en l'occurrence la Turquie.

Avec cette nouvelle décision, Erdogan continue à mettre en œuvre des mesures anti-démocratiques. Cette nouvelle affaire fait suite à une série de décisions qui ont mis la Turquie sur la sellette. Il y a deux ans, le président turc a décidé de réformer la constitution du pays afin de s'octroyer davantage de pouvoirs et de pouvoir rester en poste jusqu'en 2023 au moins.

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Dans le cas de la justice, des organisations telles qu'Amnesty International déclarent que la Turquie ne respecte pas les garanties de "procès équitable" et continue donc à appliquer les lois antiterroristes dans des cas qui sont actuellement protégés par le droit international des droits de l'homme. En outre, le harcèlement répété des journalistes, des militants, des utilisateurs de médias sociaux et des défenseurs des droits humains persiste.

La liberté d'expression dans le pays est un droit faible. De nombreux journalistes et travailleurs des médias sont en attente de jugement ou purgent des peines de prison pour leurs publications. Certains ont été sanctionnés en vertu des lois antiterroristes du pays et sont condamnés à des années de prison, présentant leurs publications journalistiques comme des "preuves du crime".