Le Pentagone affirme qu'il s'agit de représailles aux attaques de drones contre les troupes américaines en Irak

Les États-Unis frappent les milices pro-iraniennes à la frontière entre la Syrie et l'Irak

PHOTO/AFP - Des F-15E Strike Eagles de l'U.S. Air Force survolant le nord de l'Irak

Les États-Unis ont une nouvelle fois attaqué les milices pro-iraniennes à la frontière entre la Syrie et l'Irak. C'est la deuxième fois que, sous l'autorisation du président américain Joe Biden, des avions américains bombardent plusieurs installations opérationnelles et de stockage d'armes liées aux milices Kataeb Hezbollah et Kataeb Sayid al Shuhadah. Ces attaques interviennent en plein milieu de pourparlers essentiels entre l'Iran et les différents pays qui ont conclu le pacte nucléaire de 2015, l'objectif étant que la République islamique et les États-Unis s'engagent à nouveau dans cet accord.

Les dernières semaines ont été un carrefour continu de confrontations entre le pays américain et l'Iran et qui ont pu, à plus d'une occasion, mettre en péril le retour au pacte nucléaire. Les élections dans le pays perse ont été décisives pour l'avenir du Plan d'action global conjoint (JCPOA). Les puissances occidentales craignaient que, si l'ultraconservateur Ebrahim Raisi finissait par émerger, les pourparlers de Vienne ne s'enlisent.

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Ebrahim Raisi a toutefois assuré, lors de sa première conférence de presse après son élection à la tête de l'Iran, que les négociations en vue du retour au pacte nucléaire se poursuivraient sous sa présidence. Les États-Unis, pour leur part, ont critiqué les élections organisées dans le pays perse, les qualifiant de "ni libres ni équitables". Peu après les élections en Iran, le ministère américain de la justice a bloqué l'accès à 33 sites web liés à l'Iran, accusés de mener une "campagne mondiale de désinformation" pour influencer la politique américaine et promouvoir la propagande iranienne dans le monde.

En réponse, Mahmoud Vaezi, chef de cabinet de l'actuel président iranien Hasan Rohani, a accusé les États-Unis d'agir d'une manière "non constructive" pour les négociations en cours sur l'accord nucléaire. La République islamique a décidé de jouer cartes sur table et a refusé de renouveler l'accord conclu avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), en vertu duquel cette dernière pouvait procéder à des inspections et des vérifications du programme atomique iranien. Cet accord a pris fin le 24 juin et, selon le directeur de l'AIEA, Rafael Grossi, aucun nouvel accord n'a été conclu pour l'instant.

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L'Iran a souligné que l'accord intérimaire et bilatéral avec l'agence nucléaire des Nations unies sur les inspections "ne doit pas être considéré comme une obligation" pour son pays, qui s'engage seulement à se conformer aux contrôles. La tension entre le pays perse et les États-Unis semble s'accroître alors qu'un septième cycle de négociations est attendu à Vienne qui pourrait, enfin, signifier un retour au pacte nucléaire. Cependant, loin de calmer l'escalade croissante de la tension entre les deux pays, aux premières heures de la matinée de lundi, le pays américain "a mené des frappes aériennes défensives de précision contre des installations utilisées par les milices soutenues par l'Iran dans la région frontalière entre l'Irak et la Syrie", selon le communiqué officiel du ministère américain de la Défense.

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La déclaration justifie ces attaques par le droit à l'autodéfense car "ces installations sont utilisées par des milices soutenues par l'Iran qui mènent des attaques au moyen de drones contre le personnel et les installations des États-Unis en Irak", selon le porte-parole du Pentagone, John Kirby. Les forces américaines basées en Irak ont été la cible de plusieurs frappes de drones ces derniers mois et accusent les factions irakiennes liées à l'Iran d'être responsables de ces attaques. Le Pentagone a précisé que ces bombardements ont été approuvés en représailles à une attaque à la roquette en Irak qui a tué un entrepreneur civil et blessé un membre des services américains et d'autres troupes de la coalition.

Le Département américain de la Défense n'a pas rendu public si l'offensive a fait des victimes. Toutefois, l'Observatoire syrien des droits de l'homme a confirmé la mort de cinq combattants de la milice irakienne en Syrie. En outre, l'agence basée à Londres souligne que plusieurs autres miliciens ont été blessés "dans une attaque d'avions de guerre américains".

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Le pays américain maintient toujours environ 2 500 soldats dans le cadre d'une coalition internationale qui lutte contre le groupe djihadiste Daesh. Par ailleurs, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, a souligné que "nous sommes en Irak à l'invitation du gouvernement irakien dans le seul but d'aider les forces de sécurité irakiennes dans leurs efforts pour vaincre Daesh. Les États-Unis ont pris les mesures nécessaires, appropriées et délibérées pour limiter le risque d'escalade, mais aussi pour envoyer un message dissuasif clair et sans ambiguïté."

Il est risqué de prédire comment l'Iran peut répondre à ces attaques contre les milices liées au régime, mais il est clair que les négociations pour le retour à l'accord nucléaire entre les États-Unis et la République islamique sont à leur moment le plus fragile et que tout acte peut être décisif pour que les négociations se soldent par un échec.