Les factions pro-iraniennes sont considérées comme sapant la tentative de Sudani de rapprocher les partis du Kurdistan irakien

Le PDK est considéré comme voulant unifier les rangs kurdes et accélérer la formation du gouvernement, tandis que l'UPK est considérée comme entravant le processus 
Esta foto difundida por la oficina del primer ministro iraquí el 4 de abril de 2023, muestra al primer ministro Mohamed Shia Al Sudani (Derecha) reunido con su homólogo kurdo Masrour Barzani en Bagdad – PHOTO/AFP PHOTO/OFICINA DE PRENSA DEL PRIMER MINISTRO IRAQUÍ
Cette photo publiée par le bureau du Premier ministre irakien le 4 avril 2023 montre le Premier ministre Mohammed Shia Al Sudani (R) rencontrant son homologue kurde Masrour Barzani à Bagdad - PHOTO/AFP PHOTO/IRAQI PRIME MINISTER'S OFFICE PRESS OFFICE

Selon les analystes, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) et ses alliés politiques irakiens pro-iraniens ne sont pas satisfaits de la médiation du Premier ministre Mohammed Shiaa Sudani au Kurdistan irakien et tenteront probablement de saper son initiative visant à accélérer la formation d'un gouvernement au Kurdistan irakien. 

Lors d'une visite à Erbil et à Sulaymaniyah ces derniers jours, Sudani a tenté de convaincre les deux principaux partis politiques du Kurdistan irakien de la nécessité de s'entendre sur un gouvernement régional du Kurdistan. 

Les divergences de vues entre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) ont continué à bloquer la formation du gouvernement. 

Le Premier ministre irakien aurait appelé les partis kurdes et les blocs parlementaires à « faire passer les intérêts de la région kurde avant leurs divergences partisanes ». 

Le parti au pouvoir, le PDK, est arrivé en tête des élections législatives du mois dernier, remportant 39 sièges sur les 100 que compte le parlement, ce qui lui permet de diriger le prochain gouvernement régional. 

Mais le PUK, rival historique du parti et partenaire junior de la coalition dans l'ancien gouvernement, qui est arrivé en deuxième position avec 23 sièges, a contesté le leadership du PDK et entrave donc le processus. 

Un signe inquiétant est la réticence des partis chiites pro-iraniens de Bagdad à soutenir l'initiative de Sudani, qui va à l'encontre de leur désir de maintenir l'instabilité du Kurdistan irakien et de saper la position de Sudani, qui brigue un second mandat.  Le succès de sa médiation serait perçu comme une réussite majeure et renforcerait sa position. 

Selon les experts, Sudani craignait que ne se reproduise au Kurdistan irakien le type de confrontation politique qui avait conduit les partis politiques et les groupes parlementaires de Bagdad à retarder pendant des mois l'élection du président du parlement afin d'imposer leur programme sans se soucier des intérêts supérieurs de l'Irak. 

L'élection du président du parlement irakien a finalement eu lieu le 31 octobre, après presque un an d'impasse. 

Le leader kurde et chef du PDK, Masoud Barzani, a déclaré ces derniers jours que le moment était venu de négocier la formation d'un nouveau gouvernement. Il a ajouté : « L'épreuve décisive a été les urnes, mais ce qui compte le plus maintenant, c'est la formation du prochain gouvernement de la région du Kurdistan sur la base des principes suivants : une région, un parlement, un gouvernement et une force Peshmerga unifiée ». 

Le PDK serait désireux d'accélérer la formation du gouvernement, tandis que l'UPK serait considérée comme un obstacle au processus. 

La tactique de l'UPK a été d'augmenter ses demandes de portefeuilles ministériels, quels que soient les résultats des élections, en s'appuyant sur le soutien des partis chiites pro-iraniens à Bagdad. 

Les analystes politiques kurdes estiment que le véritable problème qui entrave la formation du gouvernement n'est pas lié aux désaccords sur les portefeuilles, mais au rôle perturbateur de l'Iran et de ses partis alliés à Bagdad. 

Ce facteur a été la principale pierre d'achoppement entre les dirigeants de l'UPK et du PDK, qui rejettent toute ingérence extérieure. 

La région du Kurdistan a gagné en importance, ayant réussi à organiser des élections parlementaires et à consolider ainsi sa légitimité constitutionnelle, politique et internationale. 

Les analystes attribuent ce succès au président de la région du Kurdistan, Nechirvan Barzani, l'oncle de Masoud Barzani, qui a utilisé sa base de soutien à l'intérieur du pays, ainsi que ses canaux diplomatiques et son réseau de relations, pour organiser les élections et renforcer la stabilité dans la région. 

Sudani a rencontré à Erbil des responsables du parti et du gouvernement régional kurde (GRK). Masoud Barzani et d'autres dirigeants kurdes ont salué le rôle joué par Sudani pour assurer le succès des élections législatives dans le gouvernement régional du Kurdistan. 

Le Premier ministre irakien a souligné qu'il était prêt à aider à accélérer la formation du nouveau gouvernement régional. 

Lors de ses rencontres à Erbil avec le président Nechirvan Barzani et son cousin germain, le Premier ministre Masrour Barzani, Sudani aurait discuté de la situation politique en Iraq et des derniers développements dans la région. 

Selon un communiqué publié par le service de presse de la présidence régionale, la réunion entre Sudani et Nechirvan Barzani a porté sur les résultats des élections, les mesures à prendre pour former un gouvernement et les relations entre Erbil et Bagdad. 

Dans la ville de Sulaymaniyah, le Premier ministre irakien a rencontré le chef de l'UPK, Pavel Talabani, ainsi que des représentants du gouvernement et du parti. 

Selon les analystes, la médiation de Sudani s'explique par une forte volonté de renforcer la stabilité du pays en résolvant les causes potentielles de conflit au Kurdistan irakien et en y gagnant des alliés, tout en s'efforçant de préserver la neutralité de l'Irak dans le conflit entre Israël et l'Iran. 

Par rapport au reste de l'Irak, la région du Kurdistan est un havre de stabilité.  Avec ses six millions d'habitants, elle se présente comme une oasis de stabilité au Moyen-Orient et attire les investisseurs étrangers grâce à ses liens avec les États-Unis et l'Europe.