L'Algérie condamne l'auteur Sansal à cinq ans de prison dans un nouveau chapitre de la lutte avec la France

Un tribunal algérien a déclaré jeudi l'auteur franco-algérien Boualem Sansal, qui a été au centre d'une crise diplomatique, coupable et l'a condamné à cinq ans de prison.
L'auteur de 80 ans est connu pour ses critiques envers les autorités algériennes et les islamistes.
Il a été arrêté en novembre et jugé pour avoir porté atteinte à l'intégrité territoriale de l'Algérie, après avoir déclaré dans une interview avec un média français d'extrême droite que la France avait injustement cédé du territoire marocain à l'Algérie pendant la période coloniale.
La déclaration, qui faisait écho à une ancienne revendication marocaine, a été considérée par l'Algérie comme une atteinte à sa souveraineté nationale.
L'arrestation de l'auteur à Alger a creusé un fossé diplomatique avec la France, qui, selon les analystes, est le pire que les deux pays aient connu depuis des années.

Un tribunal de Dar El Beida, près d'Alger, a condamné l'accusé en sa présence à cinq ans de prison et à une amende de 500 000 dinars algériens (3 730 dollars).
La semaine dernière, les procureurs d'un tribunal d'Alger ont requis une peine de dix ans de prison pour le romancier franco-algérien.
Bien que Sansal ait été inconnu en France avant son arrestation, le procès a provoqué une vague de soutien de la part d'intellectuels et de fonctionnaires français dans un contexte de frictions avec l'Algérie.
Le président français, Emmanuel Macron, a rejeté les accusations portées contre Sansal, les jugeant « non graves », et a demandé à plusieurs reprises la libération de l'écrivain, invoquant son état de santé fragile.
L'avocat français de Sansal, François Zimeray, a condamné la décision dans une publication dans Le Monde, la qualifiant de « jugement qui trahit le sens même du mot justice ».
« J'en appelle à la présidence algérienne : la justice a échoué, que l'humanité l'emporte au moins ».
Le site d'information algérien TSA a écrit que le procès « ne portait pas seulement sur le sort d'un homme, mais aussi sur l'avenir immédiat des relations » entre l'Algérie et son ancien dirigeant colonial.
Les relations entre les deux pays se sont tendues en raison de questions migratoires et depuis que Macron a reconnu la souveraineté marocaine sur la région du Sahara occidental en juillet de l'année dernière.

Lors de son procès la semaine dernière, M. Sansal a déclaré qu'il n'avait pas prévu les répercussions possibles de ses commentaires sur les frontières de l'Algérie avec le Maroc.
Il a également nié toute intention de nuire à l'Algérie, affirmant qu'il avait simplement « exprimé une opinion » au nom de la « liberté d'expression », selon le journal algérien Echorouk.
L'Algérie a accusé la droite et l'extrême droite françaises d'attiser le conflit, arguant que la diplomatie française est désormais dirigée par des partisans de la ligne dure qui favorisent son rival régional, le Maroc.
Dans une tentative apparente d'apaiser les tensions, Tebboune a déclaré dans une interview samedi que l'affaire était « entre de bonnes mains » et a décrit Macron comme son « seul point de référence » pour réparer les relations tendues.
La condamnation de Sansal envoie un signal contradictoire, tandis que certains spéculent sur le fait que Tebboune pourrait gracier Sansal dans le but d'apaiser les tensions avec la France.