Le Caucase du Sud sous l'influence de l'Iran et de la Russie

La guerre en Ukraine a mis en évidence la menace que représente l'alliance entre la Russie et l'Iran au niveau mondial. Toutefois, outre l'Ukraine, il existe d'autres points chauds où la présence des deux puissances doit être analysée et surveillée. L'une de ces régions est le Caucase du Sud, une zone où Moscou et Téhéran jouissent tous deux d'une certaine influence.
Le Caucase du Sud n'est pas seulement le théâtre de conflits territoriaux, mais aussi un centre de grande importance stratégique et énergétique. C'est pourquoi certains pays de la région, comme l'Azerbaïdjan, sont dans le collimateur de l'Union européenne depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, un conflit qui a contraint le continent à chercher de nouveaux partenaires énergétiques. Non seulement les pays caucasiens apparaissent comme de nouveaux alliés à cet égard, mais ils peuvent également connecter des pipelines entre les nations d'Asie centrale riches en ressources, comme le Turkménistan, et l'Europe via la Turquie.

Pour ces raisons, la situation dans le Caucase du Sud "est primordiale pour l'Europe", comme le souligne David Aidelman, historien et analyste politique israélien, lors d'une conférence organisée par l'Association juive européenne (EJA) sur la région et le rôle de la Russie et de l'Iran. Aidelman prévient également que le président russe Vladimir Poutine tentera de faire "tout son possible" pour bloquer l'approvisionnement énergétique de l'Europe.
Il affirme également que "tant que la Russie de Poutine en aura les moyens, elle tentera de déstabiliser le Caucase du Sud". L'historien souligne, par exemple, le sabotage par la Russie de toute chance de paix, ainsi que le récent affrontement entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie qui a fait cinq morts. "L'incident a eu lieu dans la zone contrôlée par les forces de maintien de la paix russes, qui n'ont en quelque sorte rien fait", explique-t-il.

Outre la Russie, l'Iran constitue un autre défi majeur pour la région. "Avec ces voisins, il y a un danger non seulement pour le Caucase du Sud, mais pour le monde entier", souligne Aidelman, qui estime que le régime de Téhéran tente de fusionner trois guerres en une seule : la Russie contre l'Ukraine, l'Arménie contre l'Azerbaïdjan et l'Iran contre Israël, trois conflits qui déboucheraient sur un conflit mondial.
Le danger que représente la République islamique d'Iran, et pas seulement au niveau régional, est une raison supplémentaire de soutenir les manifestations en cours dans le pays en vue d'un changement de régime. Pour Aidelman, l'empoisonnement des jeunes filles et les violations des droits de l'homme font partie d'un problème mondial. "La révolution qui se déroule en Iran va faire partie du grand élan historique, non seulement pour le Moyen-Orient mais pour le monde entier, et mérite autant d'attention que la guerre en Ukraine", dit-il.
20 students were poisoned and hospitalised today in Sanandaj as chemical attacks continue on school children in Iran under the Islamic republic.
— Emily Schrader - אמילי שריידר امیلی شریدر (@emilykschrader) March 6, 2023
Where is the global outrage?! #IranChemicalAttacks #IranRevolution pic.twitter.com/MRv1HKjwQL
De son côté, Gela Vasadze, politologue géorgien, a tenu à souligner que les pays sous influence russe, comme l'Arménie, la Moldavie ou la Géorgie elle-même, "pourraient devenir des objets de vengeance russe après une défaite en Ukraine". Vasadze rappelle que 20 % du territoire géorgien est déjà occupé par la Russie, même s'il s'attend à ce que celle-ci soit contrainte de quitter le pays dans les années à venir.

Une grande partie des citoyens de la région ont exprimé leur soutien à l'Ukraine depuis le début de la guerre car, selon Vasadze, "ils savent très bien ce qu'est la Russie". "Le niveau de soutien que la Géorgie a apporté à l'Ukraine depuis le premier jour de cette guerre peut être comparé à celui de la Pologne ou de la Lituanie. Je ne pense pas qu'un autre pays ait le même niveau de soutien que nous", affirme le politologue, qui souligne également les nombreux volontaires géorgiens qui combattent en Ukraine.
A loooot of #Georgians in #Brussels today! Thank you, @PromoteUkraine for this level of organisation! #Ukraine #Georgia #EU pic.twitter.com/2Q4jttSbMU
— Kristina Pitalskaya (@Pitalskaya_K) February 25, 2023
Comme la Géorgie, l'Azerbaïdjan a également montré son soutien à l'Ukraine en envoyant de l'aide humanitaire. En Arménie, selon Vasadze, la situation est "un peu différente", car l'influence de la Russie est beaucoup plus grande. "Dans une large mesure, la grande majorité de la population du Caucase du Sud soutient l'Ukraine et considère que cette guerre que mène la Russie est injuste", conclut-il.