Le dialogue entre les délégations russe et ukrainienne se termine sans progrès

Moscou et Kiev se sont de nouveau réunis pour tenter de parvenir à un accord après 19 jours de conflit. Mikhail Podoliak, conseiller présidentiel ukrainien, a déclaré sur son compte Twitter que son pays continuait d'exiger un cessez-le-feu et le retrait immédiat des troupes russes de tout le territoire ukrainien.
Les discussions se poursuivront mardi afin que "les groupes de travail puissent clarifier les définitions". Les deux parties ont exprimé leurs positions, mais la communication devient de plus en plus difficile en raison de la disparité des systèmes politiques. "L'Ukraine est un pays qui maintient un dialogue libre dans la société et la Russie pratique finalement la suppression de sa propre société", insiste M. Podoliak.
Pour sa part, le président de la commission des affaires internationales de la Douma, Leonid Slutsky, souligne les "progrès substantiels" du Kremlin dans l'avancement des négociations. Le quatrième contact entre les deux parties fait suite à l'attaque d'un immeuble résidentiel dans le quartier d'Obolon à Kiev.
Les bombardements ont coûté la vie à au moins un civil, et 10 autres personnes ont été blessées. Les troupes russes ont également mené deux autres offensives sérieuses, l'une sur l'usine de fabrication d'avions de l'aéroport Antonov, à 10 kilomètres de la capitale, et l'autre sur la route de Kurenivka.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime à 31 le nombre d'attaques contre des établissements de santé depuis le début du conflit. Parmi les victimes, la femme enceinte qui a survécu à l'attaque de la maternité de Mariupol se distingue. Le bébé est né sans "aucun signe de vie" et la mère est décédée après de nombreuses tentatives de réanimation, selon l'Associated Press.
L'Ukraine poursuit ses tentatives d'évacuation des civils et d'envoi d'aide par le biais de divers couloirs humanitaires. Selon M. Zelenski, le nombre de personnes évacuées des villes les plus touchées s'élève désormais à 130 000. En outre, 160 voitures transportant des civils ont pu quitter Mariupol pour la ville de Berdiansk.
L'assaut russe s'est encore intensifié ces dernières heures avec le tir de plusieurs missiles sur une base militaire ukrainienne à Yavoriv, à seulement 25 kilomètres de la frontière polonaise. Cette évolution a mis les membres de l'UE et de l'OTAN en état d'alerte.
Toute attaque contre un pays appartenant à l'Alliance atlantique déclencherait l'article 5 de l'OTAN. Une agression contre un allié est considérée comme une agression contre les autres. Le conseiller américain pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, note que "s'il y a une attaque militaire sur le territoire de l'OTAN, cela déclencherait l'invocation de cet article" et "la pleine force de l'Alliance" serait utilisée.
Entre-temps, M. Sullivan a rencontré le conseiller d'État chinois Yang Jiechi à Rome pour discuter de l'impact de la guerre sur la sécurité mondiale. Le géant asiatique dément que Moscou ait demandé une aide militaire pour poursuivre son invasion de Kiev, démentant ainsi les informations publiées par plusieurs médias américains.
Le ministère chinois des affaires étrangères a qualifié ces accusations de "pure désinformation" et assure qu'il est très préoccupé et peiné par la situation sur le territoire ukrainien. Quant à la Russie, le Kremlin rappelle qu'elle dispose d'une puissance militaire suffisante pour atteindre tous ses objectifs.
La liste des mesures à prendre pour mettre fin à la guerre continue de s'allonger. Aujourd'hui, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) préconise de lancer un plan Marshall similaire à celui lancé en 1947 pour reconstruire l'Europe après la Seconde Guerre mondiale.

"Le temps est venu de penser à un plan Marshall pour l'Ukraine et nous parlons de mesures à cet égard", a déclaré Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, lors de sa participation au Forum Europe. Jeudi prochain, l'organisation rendra publique sa première évaluation de l'impact du conflit sur l'économie mondiale.
Plus tôt dans la journée, des squatters ont fait irruption dans le manoir londonien d'Oleg Deripaska. L'oligarque russe figure sur la liste des personnes sanctionnées par le Royaume-Uni. Les squatters ont accroché plusieurs bannières à l'une des fenêtres de sa résidence, avec des messages de soutien non seulement au peuple ukrainien, mais aussi au peuple russe, qui n'a jamais approuvé cette "opération militaire".
Depuis que Poutine a lancé son offensive en février dernier, plus de 2,8 millions de personnes ont quitté l'Ukraine. L'ONU prévoit que, si le conflit armé se poursuit, le nombre de réfugiés et de personnes déplacées à l'intérieur du pays pourrait dépasser respectivement quatre et six millions. Les gardes-frontières polonais estiment que plus de 82 000 réfugiés sont arrivés en Pologne dimanche.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a estimé lundi que "cette attaque ouvre la voie à l'instabilité dans le reste du monde". Le monde est désormais à la merci de la géopolitique et l'idée d'un éventuel conflit nucléaire n'est plus aussi farfelue.