Le Parlement arabe a exprimé son "fort mécontentement" face à ce qu'il considère comme une "ingérence flagrante et continue" du Parlement européen dans les affaires intérieures du Maroc. La Chambre, qui est composée d'États membres de la Ligue arabe, a qualifié de "fausses et infondées" les accusations de son homologue européen concernant la situation des droits de l'homme dans le Royaume d'Afrique du Nord.
Il a également souligné que l'utilisation de cette question visait à interférer dans les systèmes judiciaires des nations arabes. C'est pourquoi il a exigé que l'Union européenne "cesse immédiatement d'assumer un rôle de surveillance de la situation des droits de l'homme dans les États arabes" et qu'elle vérifie avec précision les informations qu'elle collecte.
D'autre part, le Parlement arabe a appelé Bruxelles à "honorer" son partenariat et ses liens avec les pays arabes, notamment le Maroc. À cet égard, la Chambre de la Ligue arabe a souligné que l'UE devrait donner la priorité à "la résolution des problèmes des migrants, des réfugiés et des minorités à l'intérieur de ses propres frontières". En conclusion, le Parlement arabe a exhorté les députés européens à ne pas politiser les droits de l'homme.

Les autorités marocaines ont également condamné la résolution européenne, tout comme les médias du pays, qui ont qualifié le verdict de "texte hostile au Maroc".
Le Conseil national de la presse marocain souligne que la décision adoptée par le Parlement européen relaie des "jugements préfabriqués" et qu'elle n'a "rien à voir" avec les droits de l'homme, mais plutôt "une tentative désespérée d'exercer une pression diplomatique sur le Maroc" au service d'un "agenda géostratégique en faveur de l'Europe".
Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire marocain (CSPJ) a exprimé un point de vue similaire, accusant le Parlement européen de "juger la justice marocaine de manière flagrante et partiale". "Le Conseil rejette totalement et absolument toute ingérence dans le système judiciaire (marocain) et toute tentative d'influencer ses décisions, d'autant plus que certaines des affaires sont encore devant les tribunaux", a déclaré l'instance.
Afin d'aborder cette question, le Parlement marocain a convoqué une session pour lundi. Comme annoncé dans une déclaration conjointe du président de la Chambre des représentants et du président de la Chambre des conseillers, "une session plénière sera organisée sur les récentes positions du Parlement européen à l'égard de notre pays".

Les analystes cités par Al-Arab n'excluent pas un rôle des partis politiques européens entachés de corruption au Parlement dans cette campagne visant à "détourner l'attention". La résolution a été adoptée la semaine dernière par 356 voix pour, 32 contre - dont celles des socialistes espagnols - et 42 abstentions.
Une source diplomatique indique à The Arab Weekly que cette décision est liée à "une nouvelle campagne de harcèlement" et dénonce le fait que le Parlement européen "est devenu l'otage d'idéologies extrémistes". La source souligne toutefois que le Maroc "n'accepte pas d'être soumis au chantage de telles campagnes injustifiées et de décisions hostiles du Parlement européen".
L'analyste marocain Mohamed Al-Tayyar partage cet avis et déclare aux médias arabes que cette nouvelle résolution fait partie d'une série d'"actes de chantage". Al-Tayyar a également rappelé que "le Maroc a été catégoriquement clair, à travers le discours du monarque marocain, le roi Mohammed VI, que le temps de l'extorsion est terminé et que tout partenariat, quel qu'il soit, doit être basé sur le respect de la souveraineté du Maroc".

L'analyste souligne également que cette décision a été prise peu de temps après que Rabat ait demandé à la France une position claire sur le Sahara occidental et en plein milieu de nouveaux accords gaziers entre les pays européens et l'Algérie.
Le député européen français Thierry Mariani a déclaré sur ce dernier point : "La gauche européenne ne condamne jamais l'Algérie et l'UE attend son gaz. En revanche, nous discutons du Maroc, qui est pourtant l'un des axes de notre partenariat stratégique en Afrique", a déclaré le membre du Rassemblement national.