Le sultanat d'Oman est intervenu en tant que médiateur pour tenter de ramener la paix au Yémen. Ce qui était une utopie semble se rapprocher grâce au voisin omanais, qui a organisé plusieurs réunions avec des représentants des rebelles houthis pour les rapprocher. Cependant, cette intention pacificatrice est en contradiction avec les manœuvres en cours du régime iranien. Loin de s'arrêter, les livraisons d'armes en provenance de Téhéran ont continué à s'intensifier dans ce qui constitue une déclaration d'intention de la part du pays dirigé par Ali Khamenei.
La fourniture d'armes est un signal très négatif en ce qui concerne la médiation d'Oman. Selon les observateurs, la fréquence de la contrebande d'armes entre l'Iran et la milice Houthi est le signe qu'il n'y a pas de réelle volonté de rechercher la paix. Les rebelles qui ont organisé le coup d'État de 2014 à l'origine de la guerre ne seraient pas disposés à y mettre fin, du moins à ce stade du conflit. Cependant, les observateurs eux-mêmes pointent directement du doigt l'Iran. Ils estiment que c'est l'Iran qui encourage les Houthis à poursuivre le combat plutôt que de préconiser une solution pacifique.

Pour la communauté internationale, les rebelles basés dans la capitale yéménite, Sana'a, ont montré qu'ils appréciaient les efforts de médiation d'Oman. Le porte-parole du groupe Houthi et chef de la délégation de médiation, Mohammed Abdulsalam, a déclaré que "le Sultanat d'Oman déploie des efforts louables avec les parties internationales pour parvenir à la sécurité et à la paix au Yémen". Il a fait ces remarques après la deuxième visite de la délégation omanaise dans la capitale en moins d'un mois. La première, le 25 décembre, a été qualifiée de "fructueuse" par les Houthis.
Mais des inconnues entourent tous les acteurs du conflit. Les intentions réelles d'Oman en font partie. Deux tendances sont possibles : soit la médiation vise à aplanir les divergences et à renouveler la trêve, soit elle s'aligne sur les dernières démarches occidentales. Même si les deux ont un objectif commun, le chemin ne sera pas le même. Si Oman décidait de poursuivre seul son action, il ne bénéficierait d'aucune couverture internationale, notamment de la part des États-Unis, qui ont intensifié leur action au Yémen ces dernières semaines.

Lundi, l'envoyé américain au Yémen, Tim Lenderking, s'est dit convaincu que le conflit pourrait être résolu dès 2023. Il a déclaré que "Washington est déterminé à trouver une solution à la crise au Yémen, malgré les perspectives de paix peu claires", ajoutant que cette année serait l'occasion "de mettre fin au conflit une fois pour toutes". Il a également tenu à exprimer la préoccupation du président Joe Biden qui, dit-il, est "intéressé par la fin du conflit après plus de huit ans de guerre, qui a provoqué l'effondrement de l'économie yéménite et déchiré la société yéménite".

"Cette cargaison s'inscrit dans un schéma continu d'activités déstabilisatrices de l'Iran." Tels sont les mots du vice-amiral américain Brad Cooper après que la marine américaine a saisi une cargaison de 2 116 fusils AK-47. Selon Timothy Hawkins, porte-parole de la cinquième flotte de la marine à Bahreïn, elles étaient emballées individuellement dans des bâches vertes à bord d'un navire empruntant la voie habituelle pour le transport d'armes iraniennes vers le territoire yéménite. "Lorsque nous avons intercepté le navire, il se trouvait sur une route historiquement utilisée pour le trafic de marchandises illicites à destination des Houthis au Yémen", a déclaré Hawkins.

L'interdiction en 2015 par le Conseil de sécurité des Nations unies de fournir des armes aux milices houthies n'a pas empêché l'Iran d'envoyer régulièrement des armes aux rebelles. Bien que "la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects d'armes aux Houthis violent le droit international", comme l'explique Timothy Hawkins, Téhéran a envoyé des fusils, des grenades et des missiles, entre autres, par voie maritime au cours des huit dernières années.
Il n'est pas nécessaire de remonter très loin dans le temps pour trouver la précédente saisie d'armes iraniennes destinées au Yémen. Il y a tout juste un mois, la marine américaine a elle-même saisi un million de munitions ainsi que des fusées de roquettes transportées sur un bateau de pêche entre l'Iran et le Yémen. Ces épisodes sont très fréquents et toujours avec les mêmes protagonistes, malgré les dénégations de l'Iran de toute collaboration. Ce qui semble clair, c'est que cette tendance est loin d'être terminée et qu'elle pourrait emporter dans son sillage les efforts de médiation d'Oman et les espoirs de paix des Yéménites.