Les expatriés libanais appelés aux urnes

Les élections commencent au Liban avec son système particulier de vote et d'élection divisé en districts religieux. Les premiers à être appelés aux urnes sont les 230 400 expatriés libanais inscrits sur les listes électorales et répartis dans le monde entier.
Les partis au pouvoir ont appelé à une mobilisation massive de cette population dans l'espoir d'être favorisée lors des élections qui se termineront le dimanche 15 mai. Le 21 mai, le Parlement devrait être dissous et les nouveaux députés, issus des 128 sièges répartis entre les différentes communautés religieuses du pays, prêteront serment.

La participation de ces 230 400 électeurs d'outre-mer est un point crucial des élections. L'âge minimum pour voter est de 21 ans, ce qui favorise les chrétiens. Sur une population totale de six millions d'habitants, quatre millions sont en âge de voter. Si l'on ajoute les prévisions d'un faible taux de participation de 50 %, le vote des 230 400 expatriés libanais est un très gros morceau dans ces élections. Najib Mikati, le premier ministre libanais, s'est efforcé d'attirer le vote des expatriés vers les forces traditionnelles, mais selon les analyses, rien n'indique que son discours aura un quelconque impact sur ce groupe.
C'est la deuxième fois que des expatriés votent lors des élections au Liban. La première a eu lieu en 2018. Par rapport aux dernières élections, l'inscription des électeurs a doublé.
La politique libanaise est fortement marquée par son système électoral, qui divise le pays en 15 circonscriptions qui répartissent les sièges entre les maronites, les orthodoxes orientaux, les catholiques orientaux, les orthodoxes arméniens, les catholiques arméniens, les protestants et les chrétiens, qui depuis les accords de Taëf de 1972 élisent 64 des 128 membres du Parlement libanais.

Les musulmans, quant à eux, se partagent l'élection des 64 autres sièges entre sunnites, chiites, druzes et alawites. Les accords de Taëf ont également défini d'autres aspects importants de la formation d'un gouvernement. Selon les accords, le président du Liban doit toujours être un chrétien maronite, la foi qui a ses racines dans le pays et qui est enracinée dans les collines du Mont Liban. Le premier ministre doit quant à lui être un musulman sunnite, et le président du parlement un chiite. Dans un système présidentiel et monocaméral, cette méthode est conçue pour garantir l'équilibre et une certaine "paix sociale" dans le pays, mais elle constitue également un obstacle au changement politique dans les institutions.

Un tel changement politique et un nouvel air de démocratie dans un pays qui a été battu par le a paix dans un pays en proie à l'instabilité, aux difficultés économiques et aux intérêts divergents de ses dirigeants est l'un des plus grands désirs des Libanais, selon des sondages commandés au département des enquêtes d'opinion de la Fondation Konrad Adenauer (FKA), la fondation politique allemande liée à l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU). Selon les données publiées par la FKA, les préoccupations de l'électorat libanais sont la corruption (33,8 %), la restitution des fonds transférés illégalement à l'étranger par la classe politique libanaise (13,5 %) et le changement de la classe politique du pays (13,3 %).
Ces données résument que le principal problème du Liban aux yeux de 60% du pays est la classe politique qui les dirige, ce qui en principe ne devrait pas favoriser les partis traditionnels au pouvoir.
La même étude sur les intentions de vote confirme cette prémisse. La FKA estime que les candidats indépendants obtiendront 25,7% des votes comptés avec une participation de 50% le dimanche 15 mai. Ils sont suivis par le Hezbollah avec 14,7 %, le Mouvement du 17 octobre avec 12,3 % des voix, et les partis chrétiens Force libanaise et Courant patriotique libre avec 11,5 et 6,8 % respectivement.