L'Espagne, l'Irlande et la Norvège officialisent la reconnaissance de l'État palestinien

Israël a protesté diplomatiquement et a rappelé ses ambassadeurs dans ces pays pour des consultations en réponse à cette décision
Esta imagen tomada desde el Monte de los Olivos muestra una vista del recinto de la mezquita de Al-Aqsa y su Cúpula de la Roca en la Ciudad Vieja de Jerusalén el 22 de mayo de 2024 - PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP
Cette image prise depuis le Mont des Oliviers montre une vue du complexe de la mosquée Al-Aqsa et de son Dôme du Rocher dans la vieille ville de Jérusalem, le 22 mai 2024 - PHOTO/AHMAD GHARABLI/AFP
  1. Une décision historique

L'Espagne, l'Irlande et la Norvège ont officiellement reconnu l'État palestinien mardi.

Dans une décision historique annoncée la semaine dernière par ces pays, l'État de Palestine est désormais officiellement reconnu, ce qui constitue un développement très important. 

Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, a déclaré que cette reconnaissance "se fait pour trois raisons qui peuvent se résumer en trois mots : pour la paix, la justice et la cohérence", assurant qu'il s'agit de la "seule façon d'avancer vers la paix".

Cette reconnaissance est une "nécessité" pour "parvenir à la paix" entre Israéliens et Palestiniens, ainsi qu'une "question de justice historique" pour le peuple palestinien, a déclaré Pedro Sánchez dans une brève déclaration en espagnol et en anglais.

Cette décision n'est prise "contre personne, et surtout pas contre Israël, un peuple ami avec lequel nous voulons avoir la meilleure relation possible", a-t-il précisé, ajoutant que la reconnaissance de l'État palestinien reflète le "rejet catégorique du Hamas, qui est contre la solution des deux États", selon des propos rapportés par l'agence de presse AFP. 

El presidente del Gobierno español en funciones, Pedro Sánchez, gesticula mientras habla durante un debate parlamentario en vísperas de la votación para elegir al próximo primer ministro de España, en el Congreso de los Diputados en Madrid el 15 de noviembre de 2023 - PHOTO/AFP/JAVIER SORIANO
Pedro Sánchez - PHOTO/AFP/JAVIER SORIANO

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a qualifié cette date de "jour historique" pour une "coexistence pacifique et sûre" au Moyen-Orient, après s'être rendu lundi à Bruxelles avec le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheal Martin, et le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide.

Israël a réagi durement à cette démarche diplomatique et, par l'intermédiaire de son ministère des affaires étrangères, a ordonné le rappel de ses ambassadeurs dans ces trois pays : Rodica Radian-Gordon, ambassadrice d'Israël en Espagne, Dana Erlizh, ambassadrice en Irlande, et Avi Nir-Feldklein, ambassadeur d'Israël en Norvège.

La embajadora de Israel en Madrid, Rodica Radian-Gordon - PHOTO/FILE
Ambassadrice d'Israël à Madrid Rodica Radian-Gordon - PHOTO/FILE

L'État israélien a également protesté officiellement auprès des ambassadeurs de ces nations sur son propre territoire et, dans le cas de l'Espagne, a donné l'ordre d'empêcher toute attention consulaire aux Palestiniens, tout cela pour montrer son opposition totale à cette mesure, car il considère que reconnaître l'État palestinien maintenant est une récompense et une reconnaissance du groupe terroriste Hamas qui a perpétré la terrible attaque du 7 octobre sur le territoire israélien, qui a fait environ 1 200 morts et des centaines de personnes attaquées et kidnappées. 

Israël a répondu avec force à cette offensive sur son sol et a lancé la guerre actuelle de Gaza contre le Hamas, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts et pour laquelle une solution négociée est recherchée avec la médiation de différentes nations comme les États-Unis, l'Égypte et le Qatar. 

"Nous espérons que notre reconnaissance et nos raisons aideront d'autres pays occidentaux à suivre cette voie, car plus nous serons nombreux, plus nous aurons de force pour imposer un cessez-le-feu", a déclaré le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé sa gratitude pour la décision et l'a qualifiée de "courageuse", affirmant qu'elle favorisait un "consensus international" pour mettre fin à la guerre à Gaza. 

El humo se eleva tras el bombardeo israelí en Rafah, en el sur de la Franja de Gaza, el 27 de marzo de 2024 - SAID KHATIB/AFP
De la fumée s'élève après un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024 - SAID KHATIB/AFP

Une décision historique

Le 15 novembre 1988, l'Algérie est devenue le premier pays à reconnaître l'État de Palestine lorsque Yasser Arafat, ancien président de l'Autorité palestinienne, a proclamé l'indépendance d'Alger. La même année, 81 autres États se joignent au mouvement de reconnaissance.

La détermination de l'Espagne, de l'Irlande et de la Norvège à reconnaître l'État palestinien est très significative, car, à l'exception de la Suède et de l'Islande, aucun État véritablement occidental n'avait jusqu'alors pris cette décision. 

Par ailleurs, plusieurs pays d'Europe de l'Est, dont la République tchèque, la Pologne et la Hongrie, avaient annoncé leur reconnaissance de la Palestine avant l'effondrement de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).

Aujourd'hui, 142 pays des Nations unies (ONU) reconnaissent le peuple palestinien, soit près de 75 % de l'ensemble des États du monde. En Europe, neuf pays ont déjà reconnu officiellement le peuple palestinien.

L'option de la création d'un État de Palestine pour résoudre le long conflit palestinien est sur la table depuis de nombreuses années. La communauté internationale travaille depuis longtemps sur la formule de deux États simultanés pour régler le conflit israélo-palestinien. Mais il y a toujours eu des inconvénients qui ont empêché un accord, comme les pouvoirs de l'État palestinien et l'extension exacte de l'État palestinien et de l'État israélien face au différend sur les territoires voisins. À cela s'ajoute la controverse sur la capitale de Jérusalem, enclave de la plus haute importance pour les trois grandes religions monothéistes : le christianisme, le judaïsme et l'islam.