L'Espagne soutient la continuité de la mission EUTM au Mali

Le compte à rebours est lancé pour que la France et ses alliés européens annoncent le retrait de leurs troupes au Mali. Alors que Paris prépare une future opération antiterroriste pour remplacer l'opération Barkhane, l'Espagne préconise une révision de sa mission militaire en raison de la "dégradation" des conditions actuelles dans le pays. Cependant, malgré l'insécurité croissante au Mali, l'Espagne continue de réaffirmer sa position et soutient qu'il est "souhaitable" que cette opération militaire se poursuive.
Cette déclaration du ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, coïncide avec la première visite officielle à Madrid de sa collègue allemande, Annalena Baerbock. À cet égard, l'Allemagne et l'Espagne sont devenues les principaux contributeurs à la mission militaire européenne actuellement déployée dans le pays et, selon Albares, indépendamment de ce que la France décide d'approuver, "tout changement, réduction ou disparition devra être convenu au niveau européen". En outre, il souligne que dans ce scénario, "l'Espagne fera entendre sa voix" et affirme que les principales raisons pour lesquelles il a été décidé de déployer des troupes (menace djihadiste, trafic de drogue et d'êtres humains) continuent d'exister.

En plus des facteurs actuels qui font du Mali un pays instable, les conditions sur le terrain se sont aggravées. Le pays a été le théâtre de deux coups d'État quasi successifs en août 2020 et juin 2021, un événement qui a conduit à la suspension temporaire des deux missions européennes au Mali.
En revanche, la démocratie dans le pays, comme dans le reste des pays du Sahel, reste une tâche en suspens. À cet égard, la junte militaire de Bamako reporte les élections depuis cinq ans et il est peu probable qu'elles aient lieu à court terme. En outre, qu'elles soient organisées ou non, le Mali reste confronté à de graves problèmes qui ne seront pas résolus par la seule tenue d'élections, selon divers analystes.

En outre, selon le ministre espagnol, le Mali fait désormais face à de nouveaux "acteurs qui n'étaient pas présents auparavant". Cette déclaration fait référence à la présence de la Russie et de ses miliciens Wagner, un événement qui a changé la situation dans le pays et renforce la présence de la Russie dans la région, profitant du retrait imminent de la France.
En revanche, la ministre allemande Annalena Baerbock est plus sceptique quant à la continuité du déploiement européen et estime que l'Union européenne doit prendre une décision après "les profonds changements" qu'a connus le pays. À cet égard, sur les 1 100 soldats déployés au Mali, 530 sont des militaires espagnols et 360 du nombre total appartiennent aux forces armées allemandes.
La mission de l'Union européenne déployée dans le pays continue de viser à améliorer les capacités militaires de l'armée malienne afin de l'aider à recouvrer l'intégrité territoriale du pays.

L'Espagne mène d'importantes opérations militaires sur le terrain depuis 2013. À cet égard, l'Espagne a pris le commandement de l'opération EUTM en 2021 sous la direction du général Fernando Gracia, c'est la troisième fois que l'Espagne dirige les mouvements de l'opération. Parmi les principaux objectifs figure la formation de l'armée malienne, ainsi que d'autres opérations de formation.
En effet, la même année, l'Espagne a déployé pour la première fois à Bamako l'unité d'hélicoptères NH90 de l'armée de terre. Ce déploiement est issu d'une des missions approuvées de l'opération qui défendait le déploiement de l'EUTM dans les quatre autres pays du G5 Sahel. Il fallait donc une unité de transport aérien pour assurer la "liberté de mouvement" d'un pays à l'autre.
Cet événement est devenu un jalon historique car c'était la première fois que les Forces aéromobiles de l'armée de terre (FAET) déployaient ce type d'appareil dans le cadre d'une mission à l'étranger. Après leur déploiement, les NH90 ont pu apporter une plus grande autonomie à l'opération et une capacité d'autodéfense.

En outre, la même année, la Brigade Aragon I a envoyé un total de 400 militaires au Mali et au Liban. Sur ces 400 personnes, 160 ont été envoyées au Mali avec pour mission de poursuivre la formation de l'armée malienne pendant six mois, sous le commandement du général Gracia. En outre, le personnel militaire espagnol continue d'aider à la fois à la formation militaire et à conseiller les chaînes de commandement.
Cette Brigade se trouve sur la base du "Camp d'entraînement de Koulikoro" (KTC) dans la ville de Koulikoro et a réussi à s'étendre jusqu'à Sévaré, la zone centrale du pays. Outre la brigade aragonaise, les autres soldats espagnols présents au Mali appartiennent au régiment de cavalerie espagnol Spain 11 et à la brigade d'infanterie de marine "Tercio de Armada".
Avec cette présence militaire, l'Espagne entend continuer à réaffirmer l'engagement des forces armées espagnoles dans le cadre de l'Union européenne afin de continuer à assurer la sécurité internationale et nationale.