Le Premier ministre éthiopien a indiqué que l'attaque pourrait avoir lieu dans les prochains jours

L'Ethiopie met en garde contre une ultime offensive au Tigré après avoir remporté l'ultimatum

Abiy Ahmed

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a mis en garde contre une "dernière" offensive contre la région rebelle du Tigré dans les prochains jours, après avoir vaincu l'ultimatum qu'il avait lancé la semaine dernière aux forces du Tigré de se rendre. 

"Le délai de trois jours fixé aux forces spéciales et à la milice du Tigré pour se défendre et défendre leur peuple au lieu de réaliser les intentions de la junte cupide a pris fin aujourd'hui", a déclaré M. Abiy, en référence au Front de libération du Tigré (TPLF), le parti qui gouverne la région, qui est limitrophe de l'Érythrée et du Soudan. "Une fois le délai passé, la dernière action exécutive aura lieu dans les prochains jours", a ajouté le Premier ministre dans un message publié sur sa page Facebook. 

Abiy, lauréat du prix Nobel de la paix 2019, continue de rejeter les appels internationaux au dialogue et à une cessation des hostilités qui ont commencé le 4 lorsqu'il a ordonné une offensive militaire contre le TPLF en représailles à une attaque des forces tigréennes sur une base de l'armée éthiopienne dans la région.

Des pays africains tels que le Kenya, qui partage une frontière avec le sud de l'Éthiopie, et l'Ouganda ont demandé une solution négociée au conflit, mais l'exécutif d'Addis-Abeba rejette cette voie, considérant que le TPLF a violé l'ordre constitutionnel. 

Le conflit, qui s'est étendu à l'Érythrée voisine - alliée du gouvernement éthiopien - après que le TPLF a attaqué sa capitale, Asmara, samedi dernier, provoque également une crise humanitaire qui a poussé plus de 25 000 Éthiopiens à fuir vers le Soudan. 

À cet égard, Abiy a déclaré lundi dernier que "le gouvernement éthiopien est prêt à accueillir et à réintégrer nos compatriotes qui fuient vers les pays voisins". "Nous promettons à nos civils innocents en fuite de protéger leurs biens, d'autoriser l'aide humanitaire de l'ENDF (Ethiopian National Defence Force, nom des forces armées éthiopiennes) et de leur assurer la paix à leur retour", a-t-il ajouté sur son compte Twitter. 

Le Tigré reste isolé et ses télécommunications sont coupées depuis le début de cette guerre, ce qui rend difficile la vérification indépendante des informations. Le différend entre le Tigré et le gouvernement fédéral s'intensifiait depuis des mois, avec comme point tournant le report indéfini des élections générales qui devaient se tenir en Ethiopie en août dernier. 

Suite au retard pris par le COVID-19, le TPLF a organisé ses propres élections législatives en septembre dernier, que le gouvernement central a qualifiées d'illégales, et cherche maintenant à "rétablir l'ordre constitutionnel" au Tigré. 

De plus, depuis le 5 octobre, date à laquelle le mandat d'Abiy a théoriquement expiré, le gouvernement du Tigré ne reconnaît aucune autorité de l'exécutif fédéral.