La Libye conclut un accord temporaire visant à résoudre la crise de la banque centrale

L'organisme financier, basé à Tripoli, a récemment été le principal foyer de tensions entre les gouvernements rivaux 
Sede del Banco Central de Libia en Trípoli - PHOTO/AFP
Siège de la Banque centrale de Libye à Tripoli - PHOTO/AFP

En pleine négociation pour résoudre la crise de la Banque centrale de Libye, des représentants de la Chambre des représentants et du Conseil suprême d'État ont annoncé un accord temporaire relatif au fonctionnement de l'organe jusqu'à la nomination d'un nouveau gouverneur et d'un nouveau conseil d'administration. 

Les parties impliquées sont parvenues à cet accord après une nouvelle série de consultations entre des représentants de la Chambre des représentants, du Conseil suprême d'État et du Conseil présidentiel, pour proposer des moyens de résoudre la crise bancaire avec le soutien de la Mission d'appui des Nations unies en Libye.  

Des représentants de la Chambre des représentants et de l'État ont annoncé par voie de communiqué que les accords conclus entre les deux chambres prévoient notamment de nommer un nouveau gouverneur pour la Banque centrale ainsi que de proposer des membres du Conseil d'administration dans les dix jours suivant la date de prise de fonction de leurs fonctions. 

Il a également été convenu d'adopter des normes de professionnalisme, de compétence et d'intégrité pour tous ceux qui assument des responsabilités au sein de la Banque centrale de Libye et de poursuivre les consultations avec le reste des membres des deux conseils dans le but de mettre fin à la crise. 

La mission de l'ONU s'est fait l'écho de ces développements et a confirmé que les représentants de la Chambre des représentants et du Conseil suprême d'État s'étaient mis d'accord sur les principes généraux qui régiraient la phase intermédiaire qui précéderait la nomination du gouverneur et du conseil d'administration de la banque. 

<p>Aguila Saleh Issa, presidente de la Cámara de Representantes de Libia con sede en Tobruk - AFP/ ABDULLAH DOMA</p>
Aguila Saleh Issa, président de la Chambre des représentants de Tobrouk, en Libye - AFP/ ABDULLAH DOMA

Cependant, il y a encore des désaccords entre les deux parties. Les désaccords entre la Chambre des représentants et l'Etat, d'une part, et le Conseil présidentiel, d'autre part, sont liés à la décision de ce dernier organe - qui fait partie du pouvoir exécutif et a son siège à Tripoli - de limoger le gouverneur de la banque, Al-Siddiq Omar Al-Kabir, et d'en nommer un autre. 

Cette crise a causé des problèmes dans les transactions bancaires libyennes, ainsi que la fermeture des champs pétrolifères et l'arrêt des exportations. Tout cela menace l'économie du pays, qui dépend à 95 % du pétrole pour ses revenus. 

Ce récent accord suscite l'espoir au sein de la société libyenne au milieu de l'instabilité et de l'insécurité. Cependant, pour l'analyste politique et économique libyen, Ayoub Al-Awjali, ce pacte ne suffit pas, notant que si le comité désigné par le Conseil présidentiel se poursuit, “cela représentera un grand danger pour l'avenir de la crise politique en Libye, puisque l'instance pensera qu'elle a pu imposer son point de vue unilatéralement.”  

PHOTO/AP - El primer ministro designado Abdul Hamid Mohammed Dbeibah, durante una conferencia de prensa el jueves 25 de febrero de 2021 en Trípoli, Libia
 Le Premier ministre désigné Abdul Hamid Mohammed Dbeibah - PHOTO/AP 

En ce qui concerne les autres points mentionnés dans la déclaration, en particulier la partie sur “la poursuite des consultations visant à mettre fin à la crise”, l'analyste libyen explique à Al-Ain que cela signifie “qu'il n'y a pas d'accord final”, car “la Chambre des représentants veut faire pression sur le Conseil présidentiel pour qu'il retire sa décision non contraignante.”  

Pour sa part, le conseiller du président du Conseil présidentiel et son représentant dans les négociations sur la crise de la Banque centrale, Ziad Daghim, ont confirmé que le Conseil présidentiel accueillerait favorablement tout ce qui a été convenu par la Chambre des Représentants et l'État concernant l'élection d'un nouveau gouverneur de la Banque centrale par consensus avant la date limite convenue, qui est le 3 octobre.   

Il a également ajouté que le Conseil présidentiel avait assuré l'ONU de son strict attachement aux résolutions du Conseil de sécurité et de sa volonté de soutenir ses efforts en Libye.  

<p>Vista del Banco Central de Libia en Trípoli - REUTERS/HAZEM AHMED</p>
Vue de la Banque centrale de Libye à Tripoli - REUTERS/HAZEM AHMED

 À cet égard, la Mission d'appui des Nations unies en Libye s'est félicitée des progrès réalisés en ce qui concerne les principes, les normes et les délais liés à la nomination d'un nouveau gouverneur et du conseil d'administration de la Banque centrale, bien que “regrette que les deux parties ne soient pas encore parvenues à un accord final.”  

À travers ses réseaux sociaux, la Mission des Nations unies en Libye a appelé toutes les parties “à la responsabilité de faire face rapidement à cette crise, car sa poursuite implique de graves risques pour les Libyens et pour les relations de la Libye avec ses partenaires internationaux." 

Consejo de Seguridad de la ONU en la sede de las Naciones Unidas, Nueva York - PHOTO/MICHAEL M-SANTIAGO/GETTY IMAGES via AFP
Le Conseil de sécurité de l'ONU au siège des Nations Unies, à New York - PHOTO/MICHAEL M-SANTIAGO/GETTY IMAGES via AFP

La mission a également réitéré que "les décisions unilatérales prises par toutes les parties, dans diverses régions du pays, saperaient la confiance entre les parties politiques et sécuritaires et perpétueraient les divisions institutionnelles”, soulignant qu'un dialogue significatif et global “est le seul moyen de parvenir à un consensus entre les Libyens.” 

À la fin du mois dernier, les autorités libyennes de l'est du pays ont décidé d'arrêter la production et l'exportation de pétrole jusqu'à nouvel ordre pour protester contre le contrôle des autorités de Tripoli sur le siège de la Banque centrale de Libye et la destitution de son gouverneur. L'organisme financier basé à Tripoli a récemment été le principal foyer de tensions entre les gouvernements rivaux.