L'incertitude qui entoure les élections en Somalie aggrave la crise politique et sécuritaire dans le pays

Des élections auraient dû avoir lieu en Somalie le 8 février, mais comme aucun accord n'a été trouvé lors des consultations d'urgence avec les gouvernements régionaux début février, le président a dû annoncer le report des élections, sans donner de nouvelle date pour la tenue des élections.
Le mandat de l'actuel président Mohamed Abdullahi Mohamed, plus connu sous le nom de Farmajo, a pris fin le 8 février et, bien qu'il se soit proposé comme candidat intérimaire, le parlement ne l'a pas approuvé, arguant que les termes fixés par la constitution empêchaient la prolongation de son gouvernement, même temporairement. L'ex-président actuel attribue le report des élections aux présidents régionaux, en particulier des territoires du Somaliland, du Jubaland et du Puntland, les accusant d'être manipulés par les forces internationales. Il y a deux mois, la Somalie a rompu ses relations diplomatiques avec le Kenya, dénonçant sa prétendue ingérence dans les affaires locales du Jubaland et pour avoir tenté de contrôler le gouvernement.

Depuis le 8 février, l'opposition et les dirigeants régionaux ont déclaré qu'ils ne reconnaissaient plus l'autorité de Farmajo comme légitime, proposant la création d'un Conseil national de transition composé des présidents des deux Chambres, des dirigeants régionaux et de représentants de la société civile. Alors que cette proposition est en cours d'évaluation, la semaine dernière, le récent ex-président a convoqué une réunion d'urgence pour le 15 février avec les dirigeants régionaux afin d'organiser les élections le plus rapidement possible. Le Conseil de sécurité des Nations unies, ainsi que le secrétaire général, insistent depuis quelques semaines sur l'importance du dialogue entre les parties pour que les élections aient lieu le plus rapidement possible. C'est la troisième fois en un an que les élections présidentielles sont retardées.

Lors de cette réunion convoquée pour le 15 février, une question fondamentale aurait dû être abordée, à savoir la composition de la commission électorale. Lors de la dernière convocation des élections, l'opposition a sévèrement critiqué la composition de la dernière commission électorale, qu'elle a qualifiée de corrompue, "pleine d'agents de renseignement", arguant que cet organe ne représente que les intérêts de l'ancien président. Lors de cette réunion, l'intention était de concevoir une nouvelle commission électorale en tenant compte des points de vue des dirigeants régionaux et de l'opposition. Ces discussions n'ont finalement pas eu lieu après un différend sur le lieu de la réunion en question. Farmajo avait proposé de la détenir à Garowe, dans l'État du Puntland, mais les gouvernements régionaux ont préféré la détenir dans la capitale. Il n'y a toujours pas de nouveau lieu pour la réunion, suite à l'annulation de la dernière. Après l'annonce de l'annulation, l'Union africaine et les Nations unies ont insisté sur la nécessité de trouver une solution pour organiser des élections législatives et présidentielles, étant donné le vide de pouvoir du gouvernement.

Outre la crise politique, la Somalie est confrontée à une crise de sécurité qui s'est aggravée ces dernières semaines. Le groupe djihadiste Al-Shabaab a profité de la crise politique et de l'incertitude pour mener des attaques terroristes dans tout le pays. L'organisation djihadiste a mené des attaques presque tous les jours au cours de la dernière semaine, en particulier dans la capitale, ciblant des politiciens, des agents de sécurité et des fonctionnaires. Le 7 février, Al-Shabaab a organisé une attaque qui a tué 12 militaires somaliens, dont un chef du service de renseignement somalien (NISA). Six jours plus tard, une autre attaque a eu lieu à un point de contrôle près du Parlement et du Palais présidentiel à Mogadiscio, tuant sept personnes et en blessant dix autres.

Le système électoral de la Somalie est relativement complexe et ne suit pas le système traditionnel de démocratie directe d'une voix par personne. Bien que l'ONU ait essayé de rendre les prochaines élections plus inclusives et plus représentatives, le système à utiliser pour les élections est celui qui a été utilisé lors des dernières élections en Somalie, c'est-à-dire le suffrage indirect. Les élections parlementaires ont lieu en premier et seuls 14 000 délégués représentant les intérêts des différents clans du pays votent. Ces délégués choisissent les 275 membres de la Chambre basse du Parlement, le Peuple. En revanche, les 54 membres de la Chambre haute, le Sénat, sont choisis par les conseils régionaux. Les deux Chambres choisissent le Président du Parlement et le Président du pays.