L'initiative atlantique du Maroc transformera le paysage géostratégique de l'Afrique

L'Initiative atlantique, lancée par le roi du Maroc Mohammed VI, commence à remodeler le paysage géostratégique de l'Afrique. Ce projet, qui vise à offrir un débouché maritime aux pays du Sahel, a récemment fait l'objet de beaucoup d'attention et d'éloges en raison de son grand potentiel pour établir des partenariats multilatéraux et stimuler l'intégration économique africaine.
Ce projet ambitieux mettra fin à l'isolement des pays du Sahel tels que le Burkina Faso, le Niger, le Tchad et le Mali en leur ouvrant les portes de l'océan Atlantique, ce qui ne manquera pas d'apporter de nombreux avantages économiques à ces nations.
"L'initiative était claire dans ses connotations et explicite dans ses détails, ainsi que dans ses objectifs, qui reflètent une prise de conscience marocaine des changements qui entourent l'Afrique à ce stade caractérisé par des transformations multidimensionnelles qui nécessitent nécessairement des politiques économiques et sécuritaires, ainsi que des approches de nature stratégique", écrit Al-Jami Qasimi, un journaliste tunisien, dans Al-Arab.
L'orientation de cette initiative est étroitement liée à l'intérêt croissant de Rabat pour l'Afrique, d'où ils ont donné une impulsion significative aux travaux de l'Union africaine.

De plus, le projet est en train de transformer la scène régionale, sans cacher son désir urgent de se débarrasser complètement de l'héritage colonial qui entrave encore le lancement des économies vers un horizon plus large.
Pour ces raisons, l'initiative a commencé à attirer l'attention de plusieurs capitales, de Washington à Madrid, ainsi que de villes africaines intéressées par le projet. Tout cela, selon Qasimi, se déroule dans le cadre d'une diplomatie marocaine active, caractérisée par "le calme et le réalisme", afin de créer les conditions favorables à la réussite de l'initiative, qui "redessinera le paysage géostratégique de l'Afrique".
Il convient également de noter que cette initiative, qui reflète largement le respect du Maroc pour l'Afrique et sa volonté d'aider les économies du continent, en particulier dans la région du Sahel et du Sahara, vise à établir une véritable intégration dans la région africaine de l'Atlantique, une zone qui représente environ 55 % du produit intérieur brut du continent.
Les économies des pays africains de la côte atlantique représentent 57 % du libre-échange de l'Afrique et sont capables d'attirer 60 % des investissements étrangers directs, ce qui signifie que cette initiative renforcera également le partenariat entre cette région africaine et le reste du monde.
Le gazoduc Maroc-Nigeria, clé de l'initiative atlantique
Outre cette initiative, le Maroc travaille également au lancement d'un gazoduc avec le Nigeria, un projet stratégique qui n'est pas distinct de l'initiative atlantique, mais qui en fait partie. Ce gazoduc traversera 13 pays africains : le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée. Guinée-Bissau, Gambie, Sénégal, Mauritanie et Maroc - avant d'atteindre l'Espagne et, à travers elle, le reste des marchés européens.
L'interconnexion de ce projet avec l'initiative atlantique est démontrée par la fourniture de gaz par le gazoduc Maroc-Nigeria à trois pays enclavés appartenant à la région de l'Afrique sahélo-saharienne : le Mali, le Niger et le Burkina Faso, des nations qui seront connectées à l'océan grâce à l'initiative marocaine.

C'est pourquoi Mohammed VI a décrit le projet comme une base pour "la paix, l'intégration économique africaine et le développement commun, une initiative pour les générations présentes et futures". Ce gazoduc pourrait être le plus long du monde, avec une longueur de plus de 5 600 kilomètres.
Toute la région de l'Afrique de l'ouest, qui compte plus de 440 millions d'habitants, bénéficiera de ce projet, dont la capacité devrait atteindre 30 à 40 milliards de mètres cubes par an, à raison de 3 milliards de pieds cubes de gaz par jour. Le coût de réalisation est estimé à environ 25 milliards de dollars.
Sécurité régionale
Le Maroc cherche également à renforcer la sécurité régionale. Pour ce faire, il a œuvré à la création de "l'Organisation du traité nord-atlantique-africain" lors d'une réunion qui s'est tenue à Rabat en juin 2022 et à laquelle ont participé 21 pays africains de la zone atlantique.
Cette organisation vise à instaurer un dialogue politique, une sécurité et une action commune contre les menaces terroristes, ainsi qu'à sécuriser le gazoduc reliant le Nigeria au Maroc.
Elle formule également des plans d'action sécuritaires liés à la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, la piraterie maritime et l'immigration clandestine.

Afin de dynamiser cette organisation, la diplomatie marocaine a intensifié son activité dans tous les domaines, et des universitaires et experts marocains, sous la houlette du directeur du Centre atlantique d'études stratégiques, Abdel Rahim Al-Manar Al-Sulaimi, ont mis en place un comité préparatoire pour établir un cadre institutionnel sous le nom de "Forum d'analyse des affaires stratégiques pour les pays de l'Atlantique et du Sahel".
La création de ce comité fait suite à une série de réunions organisées par le Forum pendant trois jours dans les villes de Laayoune, Smara et Boujdour, où une interaction intellectuelle académique approfondie s'est manifestée en présence de délégations de Tunisie, du Koweït et des Émirats arabes unis.

Selon Abdel Rahim Al-Manar Al-Sulaimi, l'initiative atlantique marocaine "produira une dynamique de développement qui profitera à l'Afrique, ainsi qu'au monde arabe et à l'Amérique latine".
Il a également souligné que la vision du roi du Maroc de lancer cette initiative, qui vise à faire du Maroc une porte d'entrée sur l'Atlantique pour les pays africains du Sahel et du Sahara, renforcera la coopération Sud-Sud sur la base d'un partenariat gagnant-gagnant.