L'Irak tente de maintenir sa ligne réformiste, malgré les attaques iraniennes

Depuis l'élimination d'Abu Mahdi al-Muhandis, le commandant militaire irakien qui dirigeait l'alliance paramilitaire des Forces de mobilisation du peuple (PMF, par son acronyme en anglais), l'Irak n'a pas été en mesure de trouver une stabilité politique qui puisse résoudre les différents fronts ouverts dont dispose le pays. A la mi-avril, le président irakien Barham Saleh a confié la tâche de former un gouvernement à l'ancien chef des services de renseignement, Mustafa al-Kazemi.
Bagdad connaît un contexte de crise économique, sociale et politique. Les caisses de l'État dépendent du pétrole, et la chute du prix du pétrole brut a aggravé les problèmes économiques et la violence de l'État utilisée pour réprimer les manifestations de masse qui ont éclaté en octobre ; tout cela a conduit la population irakienne à avoir une confiance minimale dans le gouvernement. Marquée par la guerre, Al-Kazemi a pour objectif de mener des réformes pour relancer son économie meurtrie. Le nouveau premier ministre a promis de contrôler les milices rebelles, de lutter contre la corruption et de procéder à une restructuration espérée après des années de conflit armé. De hauts fonctionnaires et analystes irakiens ont cependant souligné, selon l'agence de presse AFP, qu'il existe plusieurs acteurs armés liés à l'Iran qui font tout leur possible pour déstabiliser le pays.
« Chaque fois que ces groupes nous voient approcher de leurs intérêts militaires ou économiques, ils lancent des fusées ou des campagnes de propagande pour nous distraire », a déclaré un haut responsable du gouvernement irakien.
La violence s'intensifiait déjà avant qu'Al-Kazemi ne se rende à Washington le mois dernier pour rencontrer le président américain Donald Trump.«Nous allons bientôt partir. Nous avons très peu de soldats en Irak, mais nous sommes là pour aider », a déclaré Trump. Le plan américain est de retirer ses forces d'Irak dans les trois ans, mais, selon les mots de Trump, « nous serons là pour aider le peuple irakien ».

Mardi soir, selon l'agence de presse française, une bombe a frappé un convoi de ravitaillement se dirigeant vers une base irakienne où sont déployées des troupes américaines et a tué un membre des forces de sécurité irakiennes. Le 3 septembre, un attentat a visé le siège de Bagdad de la compagnie de sécurité américano-britannique G4S. Selon l'AFP, un responsable du renseignement irakien a déclaré qu'un drone avait largué une charge explosive sur le bâtiment. Personne n'a revendiqué l'attaque, mais des groupes soutenus par Téhéran avaient accusé G4S de complicité dans l'attaque de drones américains de janvier qui a tué le général Qassem Soleimani à Bagdad.
Cependant, l'attaque d'un convoi d'aide dans la ville de Mossoul qui a blessé un travailleur de l'ONU a été reprise par une faction qui s'est identifiée comme faisant partie de la « résistance islamique », une expression générale pour les factions pro-iraniennes, qui a accusé l'ONU d'utiliser ses convois pour transporter des espions américains. Ce ne sont pas les seules attaques de cette escalade de la violence. Une demi-douzaine de factions ont perpétré des menaces similaires sous la bannière de la « résistance islamique ».
Les responsables des services de renseignement irakiens ont déclaré qu'au moins « cinq groupes, dont le Kataeb Hezbollah, Asaib Ahl al-Haq et d'autres, sont à l'origine de la récente instabilité dans tout le pays ». Ces groupes appartiennent à la famille irakienne Hashed al-Shaabi, un réseau proche de l’Iran. Mais les attaques continues des milices pro-iraniennes contre le gouvernement irakien d'Al-Kazemi n'ont pas seulement pris la forme de bombardements de convois. Des médias non conventionnels tels que le réseau social Telegram ont été utilisés par ces groupes pour lancer des avertissements moqueurs sur les attaques avant qu'elles ne se produisent.

Le porte-parole du gouvernement, Ahmad Mulla, qui a répondu à ces attaques, a déclaré qu'ils ne cherchaient pas de confrontation directe avec ces groupes. « Nous cherchons plutôt à épuiser leurs ressources financières en ciblant les postes frontières » utilisés pour la contrebande en provenance d'Iran, a-t-il déclaré à l'AFP. Il y a quelques jours, Al-Kazemi a formé un conseil anti-corruption, autorisant les élites du service anti-terrorisme à arrêter des fonctionnaires autrefois considérés comme intouchables.