L'Iran annonce une réforme de ses installations nucléaires á Natanz

Le débat sur le pacte nucléaire et les sanctions contre l'Iran est toujours sur la table. Alors que les États-Unis insistent sur la prolongation des sanctions, le Conseil de sécurité des Nations unies reste hésitant. Entre-temps, les autorités iraniennes ont annoncé leur intention de construire une nouvelle installation nucléaire dotée de centrifugeuses perfectionnées dans la région de Natanz.
Ces plans étaient déjà prévus avant l'incendie de Natanz au début de l'été. Deux mois plus tard, les activités ont repris et le chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (AEOI), Ali Akbar Salehi, a indiqué que l'opération se déroulerait en deux phases. La première, qui est actuellement en cours, concernera la livraison d'équipements et la construction d'entrepôts pour la production des centrifugeuses.
Le sabotage subi début juillet dans les installations de Natanz reste un mystère. Aucun pays n'a encore été tenu pour responsable, bien que les responsables aient été identifiés. « Pour autant que nous sachions, ils ont identifié les coupables et connaissent leurs motivations et leurs méthodes », a déclaré le porte-parole de l'AIEA, Behrouz Kamalvandi.
À l'époque, les autorités ont affirmé que seuls des dommages superficiels auraient été causés, car il n'y avait pas de matériel nucléaire sur le site de l'explosion. Peu après, cependant, certains de ses responsables ont mis en garde contre un « cyber sabotage » qui causait « des dommages considérables », comme l'a confirmé Kamalvandi à la fin du mois d’août.
Le site de l'explosion se trouve au centre du pays, à environ 200 kilomètres de Téhéran, et est l'une des plus importantes usines d'enrichissement d'uranium du gouvernement iranien. Les États-Unis et Israël ont déclaré à plusieurs reprises que ces installations constituent une menace pour la réalisation du pacte nucléaire.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran possède dix fois plus d'uranium enrichi que ce qui est autorisé dans l'accord nucléaire de 2015. Ces données ont été confirmées par les inspecteurs de l'agence qui ont pu avoir accès à l'une des installations qu'elle avait mises en cause ces derniers mois.
Le dernier rapport établi par l'agence indique qu'à la fin du mois d'août, l'Iran disposait de 2 015,4 kilos d'uranium enrichi, alors que le pacte ne l'autorisait qu'à disposer de 202,8 kilos de ce matériau, utilisable pour les armes atomiques.

La République islamique exacerbe ainsi les doutes quant à la réalisation du pacte. Pour leur part, les autorités iraniennes ne nient pas leurs activités accrues d'enrichissement d'uranium, mais assurent à leur tour qu'elles ont l'intention d'établir de bonnes relations avec les pays signataires de l'accord (Chine, France, Angleterre, Russie et Allemagne) une fois les sanctions levées.
En janvier 2020, suite à l'assassinat du général Qasem Soleimani, la République islamique a menacé de ne plus respecter certaines des mesures du pacte nucléaire. Mais cette menace était déjà en place depuis 2018, lorsque Donald Trump a décidé de se retirer du pacte nucléaire.

Les données sur l'enrichissement de l'uranium en Iran sont bien en dessous de la moyenne mondiale, surtout si on les compare à celles des grandes puissances membres du Conseil de sécurité de l'ONU. L'Association nucléaire mondiale (World Nuclear Association) a établi un tableau avec les 17 pays qui ont le plus d'uranium enrichi sur leur territoire. Sur cette liste, l'Australie, le Kazakhstan, la Namibie, l'Afrique du Sud, la Chine et le Niger figurent en tête et à aucun moment, pas même à la fin de la liste, l'Iran n'y figure.
Fin 2020, les sanctions contre l'Iran seront levées. Le Conseil de sécurité des Nations unies débat actuellement de l'opportunité de prolonger ou non les sanctions contre la République islamique. Les États-Unis mettent tous leurs efforts pour que cela se produise, mais il semble que le reste des pays ne veuillent pas écouter, surtout après leur sortie du pacte en 2018.
La menace que l'Iran pourrait représenter s'il accède aux armes nucléaires est très importante pour les États-Unis, Israël, l'Égypte et l'Arabie saoudite, qui maintiennent le contrôle territorial du Moyen-Orient sans tenir compte des demandes ou des besoins de la République islamique. Depuis que le Shah Mohammad Reza Pahlevi a quitté le pouvoir en 1979, l'Iran est devenu le plus grand antagoniste politique de la région.
Les doutes sur l'extension des sanctions seront bientôt dissipés, tout comme la réaction des États-Unis et de leurs alliés au Moyen-Orient à ce différend nucléaire.