L'Iran continue de resserrer la corde de l'accord nucléaire

Cette fois, Téhéran a dirigé ses menaces vers le blocage des inspections que l'Agence internationale de l'énergie atomique doit effectuer le mois prochain dans ses différentes installations. L'Iran a posé comme condition pour éviter le blocus que les Etats-Unis décident enfin de lever les sanctions qui pèsent sur le pays.
La nouvelle administration américaine a déclaré à plusieurs reprises qu'elle voulait que les Etats-Unis reviennent à l'accord nucléaire avec l'Iran et ainsi détendre les relations, mais l'Iran veut tirer le meilleur parti de cette possibilité. Les sanctions ont été rétablies par Donald Trump après avoir retiré les États-Unis de l'accord historique signé en 2015, et depuis lors, l'Iran a menacé de revenir sur ses engagements malgré la médiation européenne, ce qu'il a fait notamment ces derniers mois.
L'accord nucléaire de 2015, appelé JCPOA, oblige l'Iran à recevoir la visite des inspecteurs de l'AIEA et leur donne un large accès aux informations sur ses activités nucléaires, en ayant la pleine capacité d'inspecter pour toute anomalie. Le porte-parole du gouvernement iranien a annoncé que les restrictions sur les inspections commenceront le 19 février. Biden a donc un mois pour décider comment il va gérer les relations avec Téhéran.

L'Iran a approuvé, par l'intermédiaire de son Parlement, un projet de loi visant à "libérer" le pays des inspections et des obligations imposées par la signature de l'accord nucléaire si les sanctions n'étaient pas levées dans les deux mois, en essayant de faire pression et d'accélérer les mesures américaines. Elle a également souligné que cette décision peut être rapidement annulée, ce qui montre que l'impact des sanctions sur l'économie iranienne se fait sentir et qu'il existe une réelle volonté de la part de l'Iran de poursuivre les engagements pris en 2015.
La France a appelé l'Iran à mettre de côté les provocations et à remplir ses obligations indépendamment du retour des Etats-Unis à l'accord nucléaire. L'Iran, note l'Elysée, "est partie au JCPOA, il doit donc honorer ses engagements et les respecter". Paris a déclaré qu'il faut discuter avec les États-Unis des mesures à prendre pour officialiser leur entrée dans le JCPOA.

L'Iran, soutenu à cet égard par la Russie, indique que pourquoi devrait-il se conformer à l'accord si les États-Unis décidaient de le quitter et d'imposer des sanctions. Téhéran souligne que "ce sont les États-Unis qui devraient faire le premier pas".
En dehors du JCPOA, Israël a déjà mis en garde, une fois de plus, contre le risque que l'Iran développe son programme nucléaire. Aviv Kochavi, un haut gradé de l'armée israélienne, a demandé à Joe Biden de maintenir la position adoptée par son prédécesseur à l'égard de l'Iran. C'est-à-dire, exercer "la pression maximale possible pour dissuader Téhéran de prendre de nouvelles mesures en vue de se doter d'armes nucléaires".
Kochavi a souligné l'alliance qui existe entre son pays et d'autres pays du Golfe, en plus de l'Egypte, dans la lutte contre l'influence iranienne et ses capacités. L'Israélien a exprimé son inquiétude quant à une possible escalade nucléaire dans la région du Moyen-Orient si le programme iranien se poursuit. Kochavi a ajouté qu'il continuera à agir dans son environnement proche, comme la Syrie, pour continuer à attaquer le soutien que l'Iran maintient dans ces pays et à saper son influence régionale, très présente non seulement en Syrie, mais aussi en Irak, au Liban et au Yémen. "L'Iran n'est pas seulement un problème pour Israël, mais pour le monde en général", a-t-il déclaré.