L'Iran veut adopter une loi controversée sur le foulard à huis clos et sans débat public

Le gouvernement iranien cherche à approuver de toute urgence et à huis clos la nouvelle loi sur le voile, qui durcirait les sanctions en cas de non-port du vêtement islamique, en petit comité et non en séance plénière du Parlement pour "empêcher un mouvement anti-hijab."
Le Parlement iranien a approuvé dimanche le renvoi du” Projet de loi sur le soutien à la Culture de la chasteté et du Hijab " à une commission judiciaire et culturelle avec 175 voix pour, 49 contre et 5 abstentions sur un total de 238 députés présents, a rapporté le site Internet de l'hémicycle Icana.

Ainsi, l'Exécutif évite de présenter la loi aux 290 parlementaires et le débat public que cela implique, en plus d'examiner les nombreux amendements qui ont été présentés, des mois avant les élections législatives de mars.
Le projet sera étudié et voté par une commission judiciaire et culturelle à huis clos qui a la capacité d'approuver le projet “à titre expérimental” pour une période comprise entre trois et cinq ans, ce que la Constitution du pays autorise dans son article 85.

Le président de la commission judiciaire du Parlement, qui étudiera la loi, Mousa Ghazanfaribadi, a déclaré aujourd'hui que “si des péchés liés à la chasteté et au hijab se produisent tous les jours, c'est à cause du retard dans l'approbation de cette loi.
Un autre des promoteurs de la loi, le conservateur Hossein Ali Haji Deligani, a fait valoir qu'il est nécessaire d'approuver le texte de cette manière car “nous voyons que la situation n'a pas de limites, elle empire. Nous devons empêcher un mouvement anti-hijab”".
Cependant, des parlementaires comme Gholamreza Nouri Qezeljeh ont manifesté leur rejet du projet législatif estimant qu'il se concentre trop sur la ”punition“ de l'absence de port du voile, ce qui comporte des ”dangers".
Ce mouvement contre le hijab a en fait débuté le 16 septembre de l'année dernière, après la mort de la jeune Mahsa Amini après avoir été détenue par la soi-disant Police des mœurs à Téhéran, ce qui a provoqué de vives protestations pendant des mois dans tout le pays.

Depuis lors, de nombreuses Iraniennes ont cessé de porter le voile forcé, un vêtement qui représente pour elles la forme visible de discrimination dont elles souffrent, qui va bien au-delà de l'obligation de se couvrir la tête.
Les autorités iraniennes ont eu recours à diverses méthodes pour réimposer l'usage du vêtement avec le retour dans les rues du pays de la redoutable police des mœurs et des punitions telles que le nettoyage des cadavres ou le nettoyage des bâtiments publics.
Le président iranien, Ebrahim Raisi, a affirmé cette semaine que “cette histoire d'enlever le voile va se terminer définitivement "et a soutenu que les femmes qui ne se couvrent pas sont des "inconscientes" qui doivent être " conscientes”. EFE