Le Danemark a envoyé une centaine de soldats pour soutenir les forces spéciales de la coalition française et européenne dans le cadre de l'opération Tacuba dirigée par la France

Le Mali exige le retrait immédiat des troupes danoises

REUTERS/PAUL LORGERIE - QG de la nouvelle force Takuba à Gao, Mali

Le pays africain se remet encore des conséquences du coup d'État d'août 2020, qui a chassé le président Ibrahim Boubacar Keita. Depuis cet événement, une junte militaire avec un président et un premier ministre de transition est en place, mais ils ont été renversés par un second coup d'État en mai 2021, laissant le poste de président aux mains du colonel Assimi Goita, président du gouvernement de transition.

La situation était si instable que les forces spéciales européennes ont annoncé leur déploiement en avril 2021 dans la zone de Menaka, en Afrique de l'Est. Ils ont rejoint la Task Force Tabuka ou Opération Tacuba, une opération française comprenant un total de 900 soldats qui a été déployée dans la zone depuis mars 2020. En principe, les forces spéciales européennes seront déployées jusqu'au début de 2023. La France est présente dans le pays africain depuis 2013 pour lutter contre le terrorisme d'Al-Qaïda et d'ISIS. Malgré la présence française dans la région du Sahel, le terrorisme extrémiste est encore très présent. 

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À ces troupes spéciales s'ajoute le soutien d'États tels que la Belgique, l'Estonie, la Hongrie, l'Italie, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal, la République tchèque et la Suède. Tous ces États sont alertés par l'augmentation du terrorisme djihadiste et la présence de mercenaires du groupe russe Wagner au Mali, ainsi que par les inquiétudes liées à l'impossibilité d'établir un gouvernement civil après le coup d'État. Le Danemark a maintenant également exprimé son inquiétude.

À la mi-janvier, le pays nordique a annoncé le déploiement de troupes militaires dans le pays, pour finalement déployer plus de 90 soldats des forces spéciales dans le pays sahélien le 18 janvier. Selon un communiqué publié par la junte militaire, "le gouvernement souligne que ce déploiement a été effectué sans son consentement et sans tenir compte du protocole additionnel applicable aux partenaires européens participant dans le cadre de la Task Force Takuba", violant ainsi les formalités qui permettent aux États européens d'intervenir dans le pays africain. "Le gouvernement du Mali note avec étonnement le déploiement sur son territoire d'un contingent de forces spéciales danoises au sein de la force Takuba", indique le gouvernement dans le communiqué. Par ailleurs, le gouvernement, par l'intermédiaire de la télévision officielle ORTM et via les médias sociaux, a réaffirmé que le déploiement a été effectué sans consentement, selon le portail d'information malien Malijet.

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En conséquence, le gouvernement a exigé en début de semaine que le Danemark retire "immédiatement" les troupes étrangères déployées sur son territoire, selon le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du ministère malien de l'Administration et de la Décentralisation. Les troupes danoises sont composées de soldats d'élite et de chirurgiens militaires, et sont destinées à défendre et à protéger les civils contre les milices. Le ministre a également exprimé le soutien des Etats européens à la lutte contre le terrorisme, mais a rappelé "la nécessité d'obtenir l'accord préalable des autorités maliennes avant d'envoyer et de déployer des troupes dans le pays, souligne le communiqué.

Auparavant, le Danemark a envoyé des troupes de soutien pour intervenir dans le pays dans le cadre des opérations de maintien de la paix des Nations unies (MINUSMA) ou de l'opération Barkhane menée par la France. Actuellement, les troupes danoises ont rejoint les forces spéciales européennes et leur opération Takuba, qui combattent le djihadisme au Mali depuis le début de l'année, a indiqué l'armée danoise. Le pays sahélien est en proie à une crise de sécurité intérieure depuis 2012 en raison de la montée en puissance des réseaux djihadistes Al-Qaïda et ISIS, qui ont été alimentés par la faiblesse du pays, mais surtout par les deux coups d'État. 

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Le Mali est également sous le coup de sanctions imposées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), conséquence directe de la prolongation de quatre à cinq ans de l'instauration d'une transition démocratique, à laquelle l'Organisation internationale a proposé un délai maximum de 16 mois pour la convocation d'élections démocratiques.