Les relations entre l'Algérie et la France traversent une nouvelle phase de tension après l'arrivée à Paris de la journaliste et militante algérienne Amira Bouraoui, opposante au gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune.
Bouraoui, qui possède également la nationalité française, est entré illégalement en Tunisie, fuyant la répression croissante des militants algériens liés au Hirak, ainsi que des journalistes indépendants. La France, par l'intermédiaire de son ambassade à Tunis, est intervenue pour empêcher l'extradition de Bouraoui vers l'Algérie, et a réussi à obtenir du gouvernement tunisien de Kais Saied qu'il autorise la journaliste à quitter le pays sur un vol à destination de Lyon.

Cette action, comme on pouvait s'y attendre, a provoqué la colère d'Alger, qui a réagi en rappelant son ambassadeur à Paris, Said Moussi, pour des consultations "avec effet immédiat". Dans une déclaration, le ministère algérien des Affaires étrangères a condamné la décision de la France comme une "violation de la souveraineté nationale". Alger accuse "les autorités diplomatiques, consulaires et sécuritaires relevant de l'Etat français" de participer "à une opération clandestine et illégale d'exfiltration d'un ressortissant algérien dont la présence dans le pays est requise par une décision de justice". Dans cette note, le ministère algérien souligne également que cet acte "inadmissible" cause "un grand préjudice aux relations algéro-françaises".
De son côté, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué, par la voix de son porte-parole, François Delmas, que Paris "entend continuer à œuvrer à l'approfondissement des relations bilatérales", comme le rapporte l'AFP. En ce qui concerne le retrait de l'ambassadeur algérien, Delmas a souligné qu'il s'agit "d'une décision de l'Algérie" et que, par conséquent, "ce n'est pas à lui" de s'exprimer sur la question. Il a toutefois souligné que Bouraoui est "un ressortissant français et, à ce titre, les autorités françaises exercent leur protection consulaire". "Il s'agit d'une procédure qui ne sort en rien de l'ordinaire", a-t-il ajouté.
????| La France réagit officiellement à l'affaire à travers le porte parole du MAE, François Delmas :
— Morocco Intelligence (@MoroccoIntel) February 10, 2023
« Amira Bouraoui est une ressortissante française et qu’à ce titre, les autorités françaises exercent leur protection consulaire ». https://t.co/oJNTZktJHO pic.twitter.com/KSerRMBgl7
Cette affaire a assombri les relations franco-algériennes qui, après plusieurs mois de tension, avaient atteint un certain calme à la suite de la visite à Alger du président français Emmanuel Macron, qui a convenu avec Tebboune de "renouveler" le partenariat bilatéral par une déclaration commune.
Depuis lors, Paris et Alger ont pris des mesures importantes pour renforcer leurs liens dans différents domaines. A cet égard, il convient de mentionner la visite en France du chef d'état-major de l'armée algérienne, Said Chengriha, en janvier. Cependant, à l'instar de la France, d'autres pays européens ont cherché à renforcer leurs relations avec l'Algérie, notamment dans le secteur de l'énergie.

Cependant, le rapprochement de la France avec l'Algérie a également été critiqué en Europe pour la répression des activistes et des journalistes par Alger. Ces derniers mois, le régime algérien a intensifié de manière alarmante la persécution des critiques et des opposants. Parmi les mesures récentes prises à l'encontre de la liberté d'expression figurent la récente dissolution de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), ainsi que la fermeture de plusieurs médias indépendants et l'arrestation de journalistes tels qu'Ihsane el-Kadi, emprisonné depuis décembre.