Le président égyptien Al Sisi se rend pour la première fois en Turquie afin d'approfondir les liens

L'Égypte et la Turquie continuent de se rapprocher après des années de tensions diplomatiques dues au soutien d'Ankara aux Frères musulmans, une organisation islamiste ennemie du gouvernement égyptien dirigé par Abdel Fattah Al Sisi.
Dans le but de faire progresser ce rapprochement, Al-Sisi s'est rendu en Turquie pour sa première visite officielle depuis qu'il est devenu président de l'Égypte, comblant ainsi les lacunes du passé et ouvrant une nouvelle ère basée sur la coopération bilatérale.
Cette nouvelle ère a été inaugurée en février lors d'un voyage du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan au Caire, où il s'est engagé à renforcer le partenariat « dans tous les domaines ».

Quelques mois plus tard, les deux dirigeants ont souligné leur volonté d'approfondir les liens en signant 17 accords de coopération dans des domaines tels que l'énergie, le gaz naturel et l'énergie nucléaire.
Ils se sont également engagés à porter leurs échanges commerciaux annuels à 15 milliards de dollars (13,5 milliards d'euros) en cinq ans, contre 10 milliards actuellement. À cet égard, il convient de noter que malgré l'éloignement et les tensions, le commerce entre les deux pays n'a jamais été affecté par les crises diplomatiques. La Turquie est le cinquième partenaire commercial de l'Égypte, tandis que l'Égypte est le premier partenaire commercial de la Turquie en Afrique.
Dans le domaine militaire, Al-Sisi et Erdogan ont également discuté de la vente éventuelle de drones turcs à l'Égypte, selon Ankara.

Outre les intérêts économiques et commerciaux, les relations entre la Turquie et l'Égypte ont été stimulées par l'attention commune portée à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza. À cet égard, lors de la réunion, Al-Sisi et Erdogan ont souligné la nécessité d'un cessez-le-feu permanent et de la garantie de l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave palestinienne.
Comme l'a déclaré Erdogan, la Turquie et l'Égypte ont « une position commune sur la question palestinienne », ajoutant que le cessez-le-feu et l'augmentation de l'aide humanitaire restent leurs « priorités ».

Le dirigeant turc a profité de la réunion pour s'en prendre une nouvelle fois à Israël, qu'il accuse de « condamner » la population de Gaza à la faim et à la soif. « Israël et ses partisans sont responsables de chaque personne innocente qui meurt de faim, de soif ou d'un manque de médicaments », a ajouté Erdogan, reprenant la rhétorique qu'il a employée ces derniers mois.
Al Sisi, pour sa part, a souligné la nécessité de « travailler ensemble pour prévenir les crises humanitaires, notamment en s'attaquant ensemble aux problèmes régionaux ». « Nous devons travailler plus intensément, en particulier avec nos frères de Gaza et de Palestine. Dans ce contexte, la Turquie et l'Égypte ont toutes deux souligné qu'un cessez-le-feu urgent devait être instauré dès que possible », a-t-il ajouté.
Concernant son premier voyage officiel en Turquie et la visite d'Erdogan au Caire en février, le président égyptien a déclaré sur les médias sociaux que ces deux événements « reflètent la volonté commune de commencer une nouvelle ère d'amitié et de coopération entre l'Égypte et la Turquie ».
Au cours de ces mois de guerre, l'Égypte s'est efforcée, avec le Qatar et les États-Unis, de parvenir à un cessez-le-feu qui permettrait également de libérer la centaine d'otages toujours retenus à Gaza par le Hamas. Toutefois, les négociations sont au point mort depuis l'assassinat de six otages par le Hamas, qui a également rejeté les dernières propositions.
L'Égypte s'oppose à toute présence israélienne du côté de la frontière avec Gaza, estimant qu'elle mettrait en péril le traité de paix conclu entre les deux pays il y a plusieurs décennies et qui est essentiel à la stabilité de la région.

Israël, pour sa part, a souligné la nécessité de contrôler le corridor de Philadelphie, une étroite bande de terre de 14 kilomètres de long qui sépare Gaza de l'Égypte. Le Hamas a utilisé cette frontière, la seule qui relie Gaza à un territoire autre qu'Israël, pour introduire clandestinement des armes dans le territoire palestinien depuis le côté égyptien.
En effet, depuis le début de l'opération militaire israélienne dans le sud de Gaza, les forces de défense israéliennes ont découvert de nombreux tunnels reliant l'enclave palestinienne à l'Égypte. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse de céder ce point important, car cela permettrait, selon Jérusalem, au Hamas de se réarmer à Gaza.