Le rapprochement entre le Maroc et les pays du Sahel inquiète l'Algérie
Dans le cadre d'un avertissement aux dirigeants algériens, les services de renseignement algériens ont présenté au chef d'état-major de l'armée algérienne et au Conseil présidentiel un rapport de sécurité complet sur le scénario de crise diplomatique et politique auquel le Mali est confronté depuis décembre dernier.
Selon le journal "Maghreb Intelligence", les services de renseignement algériens ont mis en garde contre les implications d'un rapprochement entre le Mali et le Maroc. Si le projet, que le rapport algérien considère comme possible, se réalise, le pays alaouite prendrait l'initiative et se consoliderait définitivement en tant qu'acteur influent au Niger, pays frontalier du Mali et de l'Algérie.
L'accord a été signé entre les pays du Sahel et l'État marocain comme préliminaire à la mise en œuvre de l'initiative lors de la conférence de Marrakech du 23 décembre, où les ministres représentant le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad ont exprimé leur engagement auprès de Mohammed VI.
Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, a souligné, dans la lignée des propos du roi, l'importance stratégique de la région du Sahel et les liens profonds qui unissent le Maroc et le Sahel. "Les défis auxquels est confrontée la région du Sahel sont également des défis pour la nation nord-africaine", a-t-il conclu.
Depuis la visite du roi Mohammed VI au Mali en 2013 lors de l'investiture du nouveau président, Ibrahim Boubacar Keïta, le Royaume a œuvré dans de nombreux domaines afin d'instaurer la sécurité, la paix et la stabilité.
Rabat croit en l'importance de la sécurité régionale et souhaite avant tout instaurer la stabilité et la paix dans la région, contrairement au régime algérien. La nation alaouite supervise les plans de paix et de réconciliation entre les gouvernements de la région depuis des décennies.
L'initiative, annoncée à l'occasion du 48e anniversaire de la Marche verte, devrait permettre de réduire le coût du transport maritime, un facteur crucial pour l'amélioration de la compétitivité économique de tous les pays impliqués dans la région du Sahel. Le Maroc croit à l'importance de la sécurité régionale car il estime qu'il est intéressé par la construction de la stabilité et de la paix dans la région.
Le rapport confirme que les services de renseignement algériens "soulignent la nécessité de trouver une solution rapide et efficace aux tensions qui affectent les relations algériennes, en particulier les relations avec le Niger au Mali dans le contexte de l'influence ou de la présence marocaine croissante dans les deux pays par crainte d'un isolement régional".
L'Algérie assumera le contrôle et la responsabilité des rebelles armés, qui ne peuvent rivaliser militairement avec le Mali et le Niger en raison des avantages économiques potentiels qu'ils pourraient tirer de la coopération économique avec le Maroc.
Au-delà des perspectives militaires et sécuritaires, les relations entre le Maroc et les pays du Sahel se sont renforcées depuis l'arrivée de Mohammed VI, artisan d'innombrables accords et visites officielles.
Adoptant une approche basée sur la coopération et le développement conjoint, le roi du Maroc a souligné à plusieurs reprises que la réussite du plan est liée à la reconstruction des infrastructures dans les pays du Sahel et à l'objectif de connecter ces pays aux réseaux de transport et de communication de la région.
L'accès aux marchés internationaux dans la région du Sahel stimulera la croissance dans les quatre pays voisins enclavés, donnera accès aux infrastructures du Maroc, y compris les routes et les ports, et améliorera les marchés du travail dans ces pays.
