Les forces armées de la République centrafricaine regagnent du terrain, soutenues par les mercenaires russes du groupe Wagner et les troupes rwandaises. Bien qu'au début de l'année, la MINUSCA ait averti que les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement contrôlaient environ la moitié du pays, soit environ 45 %, des progrès ont été réalisés sur le terrain.
L'un des principaux objectifs qui avaient été fixés à Bangui était la réouverture des communications terrestres avec le Cameroun. La route qui relie la capitale centrafricaine au pays voisin est la principale voie d'entrée des fournitures dans le pays, qu'il s'agisse d'importations ou d'aide humanitaire, ainsi que de sortie des marchandises exportées par la RCA. Depuis le début des hostilités avec les rebelles, ces derniers avaient pris plusieurs villes le long de cette route, provoquant la fermeture de cette route, clé pour étouffer commercialement et économiquement le gouvernement de Faustin Touadera.

Au cours des dernières semaines, les troupes des FACA, les Forces armées centrafricaines, ont successivement repris le contrôle de ces localités. Toujours soutenu militairement par des mercenaires russes présents dans le cadre de l'accord entre Bangui et Moscou, et par des soldats rwandais, envoyés par le pays voisin après le soulèvement rebelle. Ainsi, au milieu du mois, le gouvernement centrafricain a annoncé la récupération des villes de Boali, Bossembelé, Bossemptélé, Bouar, une des villes les plus importantes de l'est du pays, Yaloké, et enfin Beloko, à la frontière avec le Cameroun.
Après la reconquête de ces villes, Bangui a annoncé qu'elle y renforcerait ses positions militaires pour éviter de perdre le contrôle de la route et la maintenir ouverte au trafic commercial. Cependant, on ne sait pas quand le trafic précédent sera récupéré, car le risque est encore élevé, comme l'a souligné le ministre centrafricain de la communication, Ange-Maxime Kazagui.

Au-delà de la progression sur cet itinéraire, ces derniers jours, Bangui a également annoncé les combats autour de la ville de Bambari, où se trouve une importante base militaire des FACA et autour de laquelle la présence des rebelles a été renforcée, coupant la route à la ville centrafricaine d'Ippy. Le ministre Kazagui a en effet annoncé, après les succès remportés sur la route Bangui-Beloko, que l'objectif des troupes centrafricaines était d'avancer vers Ippy.
Par ailleurs, ces dernières heures, le Premier ministre centrafricain, Firmin Ngrebada, également très actif sur son compte Facebook concernant la progression des troupes du pays, a signalé la capture de Bossongoa, fief de François Bozizé, ancien président du pays et instigateur du soulèvement rebelle pour contester la victoire électorale de Touadera. La ville de Bossangoa, à l'ouest du pays et au nord de Bossembelé, une des villes précédemment saisies. Ngrebada a indiqué que la ville était sous contrôle, et que toute la préfecture de l'Ouham, dans laquelle elle est située, serait bientôt sous contrôle.

Selon des sources locales, les combats entre les rebelles des FACA et du CPC se poursuivent depuis deux jours dans la ville, obligeant le CPC à se retirer enfin au nord, vers Markounda. Dans cette ville, à la frontière avec le Tchad, on pense que Bozizé, qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour crimes contre l'humanité, émis par la justice centrafricaine, pourrait se trouver à Markounda. C'est pour cette raison que Bozizé a été empêché de se présenter aux élections de décembre après son retour d'exil, sa candidature ayant été annulée par la Cour constitutionnelle centrafricaine. Cet obstacle a poussé plusieurs groupes armés à se rebeller dans le pays, formant le PCC susmentionné, de sorte qu'à partir de Bangui, l'ancien président se voit attribuer un rôle décisif dans la situation qui tente maintenant d'être résolue dans le pays.

Pendant ce temps, la situation humanitaire dans le pays s'aggrave car, outre la réactivation du conflit, il y a un manque d'aide humanitaire. Selon les Nations unies, près de trois millions de personnes souffrent de pénurie alimentaire, soit plus de la moitié de la population. Le premier camion d'aide humanitaire est arrivé à Bangui le 8 février dernier, il est donc prévu que dans les prochaines semaines l'arrivée de l'aide se poursuive grâce à l'ouverture de la route commerciale. On estime actuellement qu'au moins un millier de camions d'aide humanitaire sont toujours bloqués à la frontière camerounaise. Le nombre de réfugiés centrafricains a grimpé en flèche au cours des trois derniers mois, le nombre total de personnes déplacées dépassant désormais celui des personnes déplacées au plus fort du conflit entre les Sélékas et les anti-Balakas qui a plongé le pays dans une guerre civile massive.

Les FACA, avec le soutien de la Russie et du Rwanda, progressent pour reprendre le contrôle sur le terrain, tandis que la MINUSCA continue de demander au Conseil de sécurité des Nations unies d'augmenter les effectifs militaires de 2 750 hommes et les forces de police de 1 000 autres. Jean-Pierre Lacroix précise que l'objectif n'est pas de favoriser la solution militaire du conflit, mais d'empêcher la perte de contrôle là où il est maintenu, comme cela s'est produit fin décembre et début janvier, lorsque le CPC a progressé rapidement sur l'ensemble du territoire.
Dans ce contexte compliqué, le pays est appelé aux urnes le 14 mars, date à laquelle le second tour des élections législatives doit avoir lieu. Toutefois, dans de nombreuses circonscriptions électorales, ce sera la première, car lors du scrutin précédent, de nombreux résultats ont été invalidés par la justice centrafricaine ou n'ont pu être réalisés en raison des violences. L'Assemblée centrafricaine doit être constituée au début du mois de mai, le calendrier du gouvernement est donc très serré.