Le porte-parole a accepté la proposition des pays voisins en attendant de voir ce qu'ils proposent ensuite

Les rebelles acceptent un cessez-le-feu en RCA

photo_camera AFP/ ALEXIS HUGUET - Des miliciens, dont des enfants suspects, de la coalition des groupes armés de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) posent pour une photo dans le village de Niakari, qui marque la ligne de front avec l'armée centrafricaine et ses alliés, au nord de Bangassou, le 30 janvier 2021

Les pays de la région des Grands Lacs africains, ainsi que le Tchad, se sont réunis en Angola à la fin de la semaine dernière pour discuter de la situation que connaît la République centrafricaine depuis décembre de l'année dernière. Depuis lors, peu avant les élections du 28 février, les rebelles de la "Coalition des patriotes du changement" (CPC), liés à l'ancien président François Bozizé, ont plongé le pays dans la violence, provoquant une nouvelle flambée du nombre de personnes déplacées.

Les pays réunis à Luanda, la capitale angolaise, ont reconnu les résultats des élections de décembre, au cours desquelles Faustin Touadera aurait revalidé sa présidence, comme l'a également certifié la Cour constitutionnelle du pays d'Afrique centrale. Cette reconnaissance sera un coup de pouce pour sa position, bien que la situation interne soit critique. Ces pays ont également proposé au PCC un cessez-le-feu "unilatéral et immédiat", en plus de se retirer de la périphérie de la capitale, Bangui.

Atalayar_Faustin Touadera

Les rebelles, contre toute attente, ont accepté la proposition, bien qu'ils aient demandé à savoir pour combien de temps et, surtout, quelles seront les prochaines étapes. Tant le PCC que l'opposition politique centrafricaine ne reconnaissent toujours pas les résultats des élections et expriment leur rejet de ce qu'ils considèrent comme une "imposture".

La Cour constitutionnelle, bien qu'ayant entériné les résultats des élections présidentielles, a annulé les résultats des élections législatives qui se sont déroulées le même jour dans 13 des 140 circonscriptions du pays en raison d'irrégularités, auxquelles il faut ajouter les près de 60 circonscriptions où le vote n'a pas été possible en raison de la violence exercée par le CPC.

La Coalition de l'opposition démocratique 2020 (COD-2020), la plateforme unie regroupant différents partis d'opposition, dont le parti de l'ancien président Bozizé, Kwa Na Kwa, s'appuie sur cette décision pour l'étendre aux résultats de l'élection présidentielle. Cependant, le COD-2020 n'a pas présenté de candidat commun, ce que Bozizé a exigé, ce qui fait qu'il est irréaliste qu'un des multiples candidats puisse battre Touadera. Bozizé était le candidat le plus en vue, mais étant accusé d'avoir commis des crimes, sa candidature a été rejetée, ce qui a entraîné la montée du PCC et la reprise de la violence.

Atalayar_MINUSCA

Abakar Sabome, le porte-parole du PCC, a annoncé que ses membres resteront vigilants malgré le cessez-le-feu, et que si une quelconque offensive est menée contre leurs troupes ou leurs positions, ils y répondront avec force. Il a également indiqué que la capitale ne sera pas attaquée, sans préciser si le siège et les routes par lesquelles elle reçoit son ravitaillement seront abandonnés.

Le pays est actuellement en état d'urgence décrété par le président, tandis que la MINUSCA demande d'urgence une augmentation des troupes de la mission à 14 650 hommes, afin de pouvoir faire face au contrôle par les rebelles d'une partie importante du pays.

Atalayar_MINUSCA Ruanda
Nombre record de personnes déplacées

Cette recrudescence de la violence, qui permet au CPC de contrôler, selon la MINUSCA, près de la moitié du territoire centrafricain, a porté le nombre de personnes déplacées à un niveau record, supérieur même aux chiffres de 2014 et 2015, au plus fort du conflit entre les Sélékas et les anti-balakas.

Selon les chiffres de l'ONU, plus de 100 000 personnes auraient fui le pays depuis décembre, dont 90 % vers la République démocratique du Congo. Cette augmentation porte le nombre de réfugiés à environ 750 000 Centrafricains, dont la plupart au Cameroun et en RDC.

Atalayar_Rebeldes RCA

Bien que cette augmentation soit considérable, la tendance était déjà préoccupante, puisque depuis 2017, le nombre de réfugiés n'a cessé d'augmenter, malgré les efforts de la communauté internationale pour stabiliser le pays et générer un environnement sécuritaire qui supprime les violences ethniques et religieuses dans lesquelles le pays était plongé il y a cinq ans.

La violence actuelle a également paralysé l'acheminement de l'aide humanitaire, car de nombreuses routes ont été bloquées. Le porte-parole du Secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujamic, a averti que "plus de 1 500 routes ont été bloquées sur l'axe qui relie le Cameroun à la RCA", de sorte que la situation humanitaire dans le pays continue de se détériorer.

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