Le socialiste Pedro Sánchez réélu Président du gouvernement par le Parlement

Le socialiste Pedro Sánchez a été réélu jeudi Président du gouvernement espagnol par le Congrès, après avoir obtenu le soutien de la majorité absolue des députés.
"Je déclare que la confiance du Congrès a été accordée à Pedro Sánchez", a annoncé la présidente du Congrès des députés, Francina Armengol, après avoir annoncé que 179 des 350 députés avaient voté en faveur du candidat à l'investiture et 171 contre.
Le soutien des sept députés du sécessionniste catalan Carles Puigdemont, grâce à un accord controversé d'amnistie des partisans de l'indépendance, a été déterminant pour que Sánchez, qui est à la tête du gouvernement depuis 2018 après avoir remporté une motion de censure, reste en fonction pour quatre années supplémentaires.
Sánchez pourra former un nouveau gouvernement dans les prochains jours avec ses alliés de la coalition d'extrême gauche Sumar, mettant fin à près de quatre mois de blocage depuis les législatives du 23 juillet.
Arrivé deuxième à ces élections, derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo, le Président du gouvernement a dû, ces dernières semaines, négocier partout pour sceller des accords avec plusieurs groupes régionalistes, dont le soutien s'avère crucial en l'absence d'une majorité claire au Parlement.
Il a notamment dû s'entretenir avec le parti Juntos por Cataluña de Puigdemont, qui vit en Belgique depuis six ans pour éviter d'être poursuivi pour avoir mené la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Acceptant, après d'intenses négociations, de soutenir la réélection de Sánchez, Puigdemont a obtenu des socialistes qu'ils s'engagent à approuver prochainement une loi d'amnistie pour des centaines d'indépendantistes poursuivis, ce qui devrait lui permettre de rentrer en Espagne.

"Refermer les plaies"
Exposant les priorités de sa nouvelle législature devant les députés mercredi, Pedro Sánchez a défendu la nécessité et la constitutionnalité de cette mesure, à laquelle il s'était opposé par le passé.
Cette amnistie est nécessaire pour "fermer les plaies" ouvertes par la crise de 2017, a déclaré le président du gouvernement, assurant vouloir garantir "l'unité de l'Espagne par le dialogue et le pardon".
Le Parti populaire de Feijóo accuse le Parti socialiste d'avoir concédé le projet de loi dans le seul but de rester au pouvoir à tout prix, et prévient que l'Espagne pourrait se retrouver dans le collimateur de l'UE, à l'instar de la Hongrie et de la Pologne, pour l'atteinte à l'État de droit que constitue le projet de loi.
Rejetée par la majorité des Espagnols, selon plusieurs sondages, l'amnistie a conduit des centaines de milliers de personnes à descendre dans la rue dimanche à l'appel du PP.
Une nouvelle manifestation est prévue samedi à Madrid, à laquelle participeront des dirigeants du PP et du parti d'extrême droite Vox.
"L'amnistie n'améliorera pas la coexistence", a répondu Feijóo lors du débat parlementaire de mercredi.

Les rassemblements quotidiens de l'extrême droite devant le siège du Parti socialiste à Madrid, qui ont lieu depuis la semaine dernière, ont régulièrement donné lieu à des émeutes. Dans la nuit de mercredi à jeudi, 15 autres personnes ont été arrêtées pour troubles à l'ordre public et affrontements avec la police, selon la délégation du gouvernement à Madrid.
En raison de ces tensions, plus de 1 600 policiers ont à nouveau été déployés jeudi autour du Congrès des députés, entièrement bouclé depuis mercredi par les forces de l'ordre. C'est l'équivalent d'un match de football à haut risque.
Dans ce contexte, Sánchez a appelé mercredi l'opposition à être "responsable" et à ne pas profiter de la situation pour créer des tensions dans les rues.
Signe que la majorité parlementaire hétérogène autour du leader socialiste s'annonce instable, Mertxe Aizpurua, porte-parole de Bildu, a prévenu que le soutien de son parti, considéré comme l'héritier de la vitrine politique de l'organisation séparatiste basque ETA, n'était pas "un chèque en blanc".
Feijóo a approfondi cette perspective et a déclaré jeudi que "malheureusement, nous allons avoir un gouvernement qui va être prolongé de mois en mois et celui qui va être à la tête du gouvernement espagnol n'est pas le président du gouvernement".