La Russie a opposé son veto à la solution proposée par l'ONU qui prévoyait la poursuite du corridor pendant une année supplémentaire

Le corridor de Bab al Hawa n'acheminera de l'aide à la Syrie que pendant six mois

AFP/ OMAR HAJ KADOUR - Un convoi transportant de l'aide humanitaire entre en Syrie depuis la Turquie par le poste frontière de Bab al-Hawa, le 8 juillet 2022

Le corridor humanitaire de Bab al Hawa continuera à fournir de l'aide humanitaire à la Syrie, mais seulement pour une période de six mois. La décision a été prise au Conseil de sécurité de l'ONU après que la Russie ait opposé son veto à la prolongation du corridor pour une année supplémentaire pour finalement prolonger son opération pour une période de six mois, la période que la Russie avait préconisée depuis le début.

Vendredi dernier, lors d'un nouveau vote du Conseil de sécurité, la Russie a opposé son veto à la solution proposée par l'ONU et les organisations internationales qui préconisait de prolonger le corridor d'un an. Les États-Unis, la France et le Royaume-Uni auraient voté contre la résolution, tandis que la Chine et la Russie auraient voté en faveur. Les dix autres membres du Conseil se sont abstenus. Face à cette situation, l'Irlande et la Norvège - les pays chargés de mener les négociations - auraient rédigé un texte qui céderait à la seule alternative de la Russie, à savoir une prolongation de six mois.

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Ce nouveau texte propose d'approuver l'exploitation du corridor jusqu'en janvier 2023 et serait soumis à l'adoption d'une nouvelle résolution. Le document appelle également à des briefings pour documenter les conditions de la population civile, ainsi qu'à un rapport spécial sur les besoins humanitaires dans la région, à soumettre au Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, d'ici le 10 décembre.

La Russie, alliée du gouvernement Al-Assad, a déjà exprimé son point de vue sur le nouveau document. À cet égard, l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Dmitry Polyanski, a indiqué que Moscou adopterait cette résolution avec "une modification minimale". Le Kremlin et le gouvernement Al-Asad affirment que l'aide arrivant par le passage de Bab al Hawa profiterait également aux groupes terroristes, principalement au Front al Nusra, une organisation terroriste créée en 2012 pendant le conflit civil et liée à Al-Qaïda.

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Moscou a utilisé son veto sur les mesures soutenues par l'Occident dans le conflit syrien à 17 reprises au total depuis le début de la guerre en 2011. Cette année, l'invasion de l'Ukraine par la Russie a encore compliqué le processus de négociation en Syrie. C'est ce qu'affirme l'expert des Nations unies Richard Gowan, qui souligne que la situation actuelle "complique les négociations sur la Syrie" et la reconstruction du pays lui-même.

Pour la Russie, la meilleure option est de cesser de livrer cette aide depuis l'extérieur d'Idlib et de commencer à acheminer toute l'aide humanitaire depuis l'intérieur de la Syrie. Si cela devait se produire, cette aide devrait nécessairement passer par Al-Assad et son gouvernement, il est donc très probable que les citoyens, dont beaucoup sont des réfugiés, de la région d'Idlib ne puissent pas compter sur cette aide. 

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L'importance du corridor de Bab al Hawa tient au fait qu'il constitue en soi un mécanisme d'acheminement de l'aide humanitaire reliant la frontière turque au nord-ouest de la Syrie. Actuellement, cette zone reste sous le contrôle des rebelles, le groupe d'opposition à Bachar el-Assad qui s'est soulevé contre son gouvernement au début du Printemps arabe.

Dans le sillage de la résistance de l'opposition, la Syrie a été le théâtre de l'un des conflits les plus inhumains de notre siècle. Les victimes civiles se comptent par centaines de milliers et ceux qui ont survécu tentent de reconstruire une vie dans un pays qui continue de subir les ravages d'un conflit qui n'est même pas terminé. Les déplacements internes ont contraint des millions de familles à s'installer dans les régions de Syrie qui ne sont pas encore sous le contrôle d'Al-Assad. Idlib est l'une de ces régions, et c'est également là que la résistance arabe kurde et divers groupes terroristes tentent toujours de semer la terreur.

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Au milieu de cette situation, quatre millions de Syriens tentent de survivre grâce à des couloirs comme celui de Bab al Hawa. Pour eux, l'existence de ce corridor est le seul moyen par lequel les fournitures vitales des Nations unies peuvent leur parvenir, ce qui rend leur survie presque directement dépendante de son fonctionnement.