Les juges disent que l'enquête est la partie la plus amusante de leur travail fastidieux. C'est le cas de Joaquín Aguirre, président du tribunal d'instruction numéro 1 de Barcelone, qui enquête sur l'affaire Negreira. Les preuves assurent que le Barça a payé le vice-président de la Commission technique des arbitres (CTA) pendant près de 20 ans, mais il reste à prouver s'il y a eu un impact sur les arbitres et si une équipe a été lésée.
Pour l'instant, aucune instance n'a osé sanctionner le FC Barcelone. LaLiga affirme que les faits sont prescrits et qu'il n'est pas dans son intérêt de sanctionner un club en ruine, qui est aussi l'autre moteur de la compétition, avec le Real Madrid. L'UEFA et la FIFA ne sont pas entrées en matière non plus, même si Ceferin a assuré que payer un arbitre de haut niveau pendant 17 ans était "le plus grand scandale qu'il ait vu dans sa carrière dans le monde du football". Dans cette affaire, le football européen a voulu éviter de se mettre à dos l'une des équipes de la Superliga et s'assurer que la Ligue des champions serait sa compétition pour de nombreuses saisons.
Mais en Espagne, la justice avance à son rythme habituel. La Guardia Civil a refait le déplacement à la Ciudad del Fútbol à Las Rozas comme en 2017 pour sortir Ángel María Villar menotté et direction les cachots pour " l'opération Soule ".

Des preuves sont demandées à l'OTC pour déterminer si cet organisme était au courant de l'argent reçu par Enríquez Negreira père et fils, qui, selon les preuves, s'élève à 7,5 millions d'euros pour de prétendus rapports d'arbitrage dont personne ne sait rien à Las Rozas ou à Barcelone.
Le juge soupçonne la CTA d'étouffer l'affaire et a profité du départ de Rubiales pour évaluer s'il existe une prédisposition des travailleurs à collaborer à l'enquête. Medina Cantalejo, président de la CTA, a fait profil bas face au scandale, et des audios ont été divulgués dans lesquels il traiterait l'arbitre Estrada Fernández de "rat" et de "traître" pour avoir déposé une plainte contre Negreira et son fils.
Le patrimoine immobilier des arbitres Carlos Clos Gómez, Santiago Jaime Latre, Alejandro Hernández Hernández et José María Sánchez Martínez a tellement augmenté qu'une enquête est ouverte pour savoir comment ils ont pu payer de nombreuses propriétés d'une valeur de plus d'un million d'euros sans avoir recours à des prêts hypothécaires.
Le juge Aguirre va plus loin et accuse le Barça de corruption. Josep María Bartomeu et Sandro Rosell, anciens présidents du Barça, ainsi que José María Enríquez Negreira et son fils Javier Enríquez Romero, entre autres, sont également accusés du même délit.

Negreira ayant été considéré comme un agent public lors de son passage à la RFEF en tant que vice-président du CTA, le délit de corruption est imputable à toute personne ayant offert des paiements ou des avantages de quelque nature que ce soit, y compris au Barça et à ses dirigeants.
L'ordonnance du juge rappelle la lettre que Negreira a envoyée au Barça en 2018 après avoir cessé les paiements, dans laquelle il assurait que "s'ils ne continuaient pas à le payer, il révélerait une série de faits qui pourraient nuire gravement au club", de sorte qu'Aguirre déclare que "de cela, il est clair qu'Enríquez Negreira était conscient qu'il y avait eu des actes illicites en faveur du Barça d'une grande gravité".
L'excuse de Joan Laporta selon laquelle le Barça souffre d'une persécution historique ne tient plus. Ce mantra de l'oppression de "l'État espagnol" envers la Catalogne et le Barça est déjà noir sur blanc dans la longue enquête du juge Aguirre dans un tribunal de Barcelone, d'ailleurs.