Michel Barnier : Face au nationalisme et au populisme, plus d'expérience et plus d'Europe

<p>Michel Barnier fue nombrado nuevo primer ministro de Francia, anunció el palacio del Elíseo el 5 de septiembre de 2024, casi dos meses después de que las elecciones legislativas dejaran al país en un punto muerto político - AFP/LUDOVIC MARIN&nbsp;</p>
Michel Barnier a été nommé nouveau premier ministre de la France, a annoncé l'Élysée le 5 septembre 2024, près de deux mois après des élections législatives qui ont laissé le pays dans une impasse politique - AFP/LUDOVIC MARIN 
Alors que les Jeux olympiques de Paris sont terminés et que la France dispose d'un gouvernement intérimaire, à la demande du président Emmanuel Macron pour ne pas donner lieu à des changements face à un événement international aussi important ; après des consultations entamées le vendredi 30 août, le président de la République française a nommé, le 5 septembre, après 41 jours de blocage politique, Michel Barnier au poste de Premier ministre, en le chargeant de former un gouvernement. 

Cette nomination, qui est sans doute un gage de stabilité et de gestion efficace, revient à un homme politique de grande expérience, qui a déjà été ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Agriculture sous Jacques Chirac. Vétéran du gaullisme conservateur et pro-européen, il est âgé de 73 ans et, outre les responsabilités qu'il a exercées dans les précédents gouvernements français, il a été membre de l'Union européenne, tant comme député européen que comme membre de l'exécutif communautaire, avec les portefeuilles de la politique régionale et de la réforme des institutions sous la Commission Prodi, et du marché intérieur et des services sous la direction de Durao Barroso. Michel Barnier a également été le principal négociateur de l'UE avec le gouvernement britannique sur le Brexit, c'est-à-dire le divorce entre le Royaume-Uni et l'UE et leur relation future. 

Michel Barnier, marié et père de trois enfants, militant du mouvement gaulliste français depuis l'âge de 14 ans, réunit l'expérience et la vision pro-européenne dont la France a tant besoin à un moment crucial pour l'Union européenne. Il ne faut pas oublier que la France est l'un des pays fondateurs de l'UE, mais surtout qu'elle est la deuxième économie de la zone euro. Il est la personne qui peut également tenir un discours sérieux, loin des solutions populistes, face au défi de l'immigration clandestine. Il a souligné l'importance d'un arrêt immédiat des règlements, d'une limitation rigoureuse du regroupement familial, d'une réduction des captures d'étudiants étrangers et de l'application systématique de la double peine ». 

Barnier préconise un moratoire de 3 à 5 ans sur l'immigration dans l'Union européenne et d'étudier ainsi les problèmes liés à l'immigration en France. En ce sens, le nouveau Premier ministre français plaide pour une souveraineté juridique de la France dans ce domaine sensible, une sorte de « bouclier constitutionnel », afin que les décisions en matière d'immigration ne soient pas menacées par des arrêts de la Cour de justice de l'Union européenne (Luxembourg) ou de la Cour européenne des droits de l'homme (Strasbourg), ni même par une interprétation de la justice française. Il faudra voir comment il relèvera ce défi lorsqu'il sera au pouvoir. 

Ce qui est clair, c'est qu'Emmanuel Macron a opté pour un premier ministre français et européen de centre-droit, par opposition aux extrêmes et aux discours nationalistes et populistes que pourraient représenter les partis du Rassemblement national de Marie Le Pen et Jordan Bardella, ainsi que la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. 

Ainsi, face au nationalisme et au populisme, la solution en France a été la stabilité, l'expérience, le bon sens et l'européanisme, ce qui donne à la France, et à l'Union européenne, un espace de respiration pour faire avancer les choses et dégonfler progressivement les extrêmes. 

Carlos Uriarte Sánchez, secrétaire général de Paneuropa Espagne et vice-président de la Société européenne Coudenhove-Kalergi.