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Point de non-retour imminent en Amazonie

AFP PHOTO/PRESIDENCIA DE BRASIL/RICARDO STUCKERT - Esta foto difundida por la Presidencia de Brasil el 8 de agosto de 2023, muestra al presidente Luiz Inácio Lula da Silva durante una entrevista para el programa gubernamental "Conversa com o Presidente" (Hable con el Presidente) al margen de la Cumbre Amazónica IV Reunión de Presidentes de los Estados Partes del Tratado de Cooperación Amazónica (OTCA) en la ciudad de Belem, Estado de Pará, Brasil
photo_camera AFP PHOTO/PRESIDENCE DU BRÉSIL/RICARDO STUCKERT - Cette photo publiée par la présidence du Brésil le 8 août 2023 montre le président Luiz Inácio Lula da Silva lors d'une interview pour le programme gouvernemental "Conversa com o Presidente" (Parlez au président) en marge du IVe Sommet de l'Amazonie, réunion des présidents des États parties au Traité de coopération amazonienne (ACTO), dans la ville de Belem, État de Pará, Brésil

Espérons que cette fois, les huit pays qui composent l'immense région de l'Amazonie et le reste du monde, qui bénéficient du poumon de la planète, soient vraiment sérieux dans la lutte pour sa préservation. C'est ce à quoi se sont engagés les chefs d'État et de gouvernement du Brésil, de la Bolivie, de la Colombie, de l'Équateur, de la Guyane, du Pérou, du Suriname et du Venezuela, ainsi que des pays invités tels que la France, l'Allemagne, la Norvège, l'Indonésie, la République démocratique du Congo et le Congo Brazzaville, lors du sommet de Belém do Para.  

Il s'agissait de la quatrième réunion de l'Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), fondée en 1995, dont les représentants ne s'étaient pas réunis depuis 2009. Il a fallu trop de temps pour consolider la perte par déforestation de 85 millions d'hectares, dont 4 millions pour la seule année 2022, soit 13 % de sa superficie d'origine, ce qui a conduit la communauté scientifique à mettre en garde contre l'imminence, si des mesures drastiques ne sont pas prises, du point de non-retour : le moment où l'Amazonie émettra plus de dioxyde de carbone qu'elle n'est capable d'en absorber.  

L'organisation et la tenue de ce sommet étaient l'une des grandes promesses du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a bénéficié du soutien enthousiaste de son collègue colombien, Gustavo Petro, qui traverse une période politique délicate en raison de l'enquête menée contre son propre fils, qui a avoué avoir profité de l'argent du trafic de drogue, qui aurait également financé la campagne électorale de son père, ancien guérillero du M-19 et l'une des principales figures de l'extrême-gauche en Amérique latine.  

Les travaux préparatoires de cette réunion ont réuni pour la première fois pas moins de 25.000 personnes, 50 ONG et surtout la participation des principaux leaders indigènes, membres des plus de 400 peuples et 1.500 tribus qui, avec un total de quelque 50 millions d'habitants, sont les meilleurs gardiens et conservateurs du sanctuaire de biodiversité le plus étendu de la planète.  

"Notre lutte n'est pas seulement pour défendre les peuples indigènes, elle est pour le monde entier, pour que les nouvelles générations puissent continuer à survivre sur la planète", a déclaré Nemo Guiquita, leader de Confeniae, l'organisation qui regroupe la grande majorité des communautés indigènes d'Amazonie. Il a ajouté que "la forêt n'est pas un puits de pétrole, ce n'est pas une mine d'or, c'est notre temple".  

Une proclamation que les grands prédateurs de la jungle, l'élevage massif de bétail, l'exploitation minière illégale et le trafic de drogue, contredisent quotidiennement par leurs actions, où ils ne reculent devant rien pour liquider sans pitié ceux qui s'opposent à eux. Lula et Petro, qui se sont rencontrés il y a un mois dans la ville colombienne de Leticia pour définir l'ordre du jour du sommet de Belém, n'ont eu d'autre choix que de reconnaître que la contrebande d'armes, le trafic de drogue et l'exploitation minière illégale sont les principaux problèmes qui empêchent la préservation de la nature dans la région. Ils ont également admis que l'élevage de bétail s'est déjà emparé de 20 % de l'Amazonie brésilienne, ce qui en fait le plus grand fournisseur mondial de bétail destiné à la consommation humaine.  

Malgré les 113 points du document final, les signataires ne se sont pas réellement engagés à fixer une date limite pour l'accélération du processus de déforestation. Lula avait promis qu'il s'agirait de 2030, mais cela reste un souhait louable pour le moment, mais pas un engagement formel.  

Au contraire, le document rend tous les pays du monde responsables, directement ou indirectement. Il rappelle que les pays les plus avancés, et donc ceux qui ont consommé le plus d'énergies fossiles jusqu'à présent, doivent respecter leurs engagements et verser les 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour qu'ils puissent effectuer leur propre transition énergétique.  

Il promeut également une nouvelle vision du développement durable dans la région, combinant la protection de la nature avec des emplois décents et la défense des droits des 50 millions d'indigènes vivant dans le biome amazonien. Elle promet l'implication des forces armées des huit pays concernés dans la surveillance et la préservation de la forêt, tout en admettant que le problème majeur, et donc la priorité principale, est la lutte contre le crime organisé, qui a fait de la forêt une route stratégique pour le trafic de drogue.  

En ce sens, il n'est pas anodin que les pays participants soient parvenus à définir une position commune en vue de la prochaine conférence COP28 de l'ONU, qui se tiendra en novembre dans les Émirats arabes unis, sans doute parce qu'ils se sentent soutenus par le plus grand consensus populaire jamais enregistré sur ce qui est peut-être le plus grand défi auquel l'humanité est confrontée. Au moins à cet égard, un tournant semble avoir été pris. Comme l'a souligné Lula lui-même, "pendant 500 ans, l'Amazonie a été considérée comme une barrière entre nos sociétés, les préjugés ont accru la violence contre les peuples indigènes et encouragé le pillage de nos ressources naturelles".  

Changer ce point de vue à l'échelle mondiale pourrait bien être la plus grande réussite de cette réunion, et un tremplin pour les mesures urgentes et draconiennes qui s'imposent.