Paysages éphémères du soleil en Afrique et au Moyen-Orient

Neuf jeunes photographes exposent leur travail dans une exposition collective à la Casa Árabe, qui cherche à démontrer le mouvement perpétuel des sociétés et des individus
Exposición 'Paisajes efímeros del sol de África' en Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ
Exposition "Paysages éphémères du soleil africain" à la Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ

Nature en vol, Exode, Vie en cercles et Mutations constituent les quatre chapitres de l'exposition collective lauréate de l'appel à candidatures NUR 2024 à la Casa Árabe, organisée en collaboration avec PhotoEspaña. Sous le titre générique Paysages éphémères du soleil, neuf artistes d'Afrique et du Moyen-Orient, nés dans les années 1980 et 1990, démontrent leur impressionnante vitalité artistique. Roger Anis, M'hammed Kilito, Salih Basheer, Imane Djamil, Ebti Nabag, Yumma Al Arashi, Tanya Habjouqa, Abdallah Al Khatib et Leila Chaini en font partie. Tous capturent dans leurs images des histoires d'illusion pour trouver des solutions aux conflits et aux privations, et des exodes chargés d'émotion

Exposición 'Paisajes efímeros del sol de África' en Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ
Exposition "Paysages éphémères du soleil africain" à la Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ

Les œuvres, choisies et positionnées par les commissaires de l'exposition, Analía Iglesias et Irene Díaz, se veulent une démonstration de ce qu'elles appellent le "mouvement perpétuel". Elles font ainsi allusion au fait que dans les sociétés arabes, tout est mouvement, même si parfois les miroirs restent immobiles. Dans l'attente, il y a ceux qui sont habitués à l'éphémère, à la destruction et à la reconstruction, au jeu de dames sur une table de fortune dans la médina, à la renaissance de chaque jour sur l'étal d'un souk, remettant en vente les objets mis à l'abri chaque nuit. Car la rue est aussi un paysage d'architectures éphémères. "Et savoir que rien n'est éternel fait partie de la connaissance", disent-ils.

Dès la première section de l'exposition, la nature en fuite est représentée par le Nil et les oasis du Maghreb. Après le choc d'une ancienne sécheresse, le grand fleuve du continent africain a continué à serpenter majestueusement, bien que de ses sept branches il n'en reste que deux, peut-être parce qu'il a accueilli sur ses rives toutes sortes d'usines polluantes, se réduisant plus vite que souhaitable.

Exposición 'Paisajes efímeros del sol de África' en Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ
Exposition "Paysages éphémères du soleil africain" à la Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ

Peu à peu, les cultures durables des terrasses de ce fleuve et d'autres, les palmiers dattiers qui, dans les oasis, n'avaient besoin que de quelques gouttes d'eau pour devenir des géants, ont été remplacés par des ambitions insoutenables. L'industrie agroalimentaire est devenue irrésistible et dévastatrice.

Exodus présente les œuvres du Soudanais Salih Badheer et de la Marocaine Imane Djamil, qui décrivent les déplacements, les persécutions et les débarquements de ceux qui fuient un enfer ou décident de se jeter à la mer sans filet. Ce chapitre de l'exposition présente en exclusivité une partie de la série "Slow Days on the Lucky Island", un récit graphique sur la relation migratoire entre Tarfaya, au Maroc, et Fuerteventura, aux îles Canaries.

Exposición 'Paisajes efímeros del sol de África' en Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ
Exposition "Paysages éphémères du soleil africain" à la Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ

La vie en cercle. Ou, en d'autres termes, être coincé dans un espace bloqué, sans issue. Dans les images d'Ebti Nabag, les femmes qui font vivre leur famille grâce à de petits commerces ambulants à Khartoum sont contraintes de tourner en rond. L'artiste associe un élément constitutif du tissu social soudanais, le thé, aux difficultés du marché, à l'inflation et à la résilience de ces personnes, qui continuent toujours à vivre.

Exposición 'Paisajes efímeros del sol de África' en Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ
Exposition "Paysages éphémères du soleil africain" à la Casa Árabe - PHOTO/PEDRO GONZÁLEZ

Enfin, l'exposition se termine par Mutations pour perdre la peur, ou plutôt les peurs, du point de vue de Yumna Al-Arashi, Tanya Habjouqa et Leila Chaibi. Des femmes qui racontent la vie des femmes. Elles portent sur leurs épaules le poids de certaines traditions qui les empêchent d'émanciper leur désir. Le reflet qui leur est offert est souvent une photo fixe, mais les miroirs de leur propre sexualité contiennent du dynamisme. Et quelque chose bouge aujourd'hui, même des hommes se joignent à l'hommage qui sauve le courage des pionnières.

On a l'impression d'avoir vu la rencontre du tangible avec le monde ancestral, poétique et mystique. Une transformation qui peut permettre de perdre ses peurs, d'assouplir les questions de genre et d'identité, bref de faire confiance à la joie et à la vie.