Le bilan 2023 du Maroc affiche une réduction du déficit commercial de 21,500 millions de dirhams, grâce à la baisse de 3,3% des importations et à la relative stabilité des exportations, selon le magazine mensuel de la situation économique, monétaire et financière de Bank Al Maghrib

BAM évalue l'économie du Maroc dans le contexte mondial de 2023

Banco Central de Marruecos, Bank al-Maghrib,  en Rabat - REUTERS/YOUSSEF BOUDIAL
Banque centrale du Maroc à Rabat - REUTERS/YOUSSEF BOUDIAL

La Banque centrale du Maroc a publié son magazine mensuel, ce janvier 2024, où elle fait un diagnostic général de l'économie nationale, mentionnant les caractéristiques qui marquent le contexte mondial au cours des deux derniers trimestres de l'année 2023.

Le rapport présente les points les plus importants de l'économie internationale et nationale, en soulignant ses dimensions positives et négatives. Il présente également les défis de l'inflation et son impact sur la dynamique économique du Maroc et d'autres pays dans le monde. 

  1. Économie nationale 
  2. Le marché du travail marocain 
  3. Comptes à l'étranger, finances et inflation 
  4. Contexte international entre croissance et ralentissement 
  5. Marché du travail, prix et inflation dans le monde 

Économie nationale 

Au Maroc, les données des comptes nationaux pour le troisième trimestre de 2023 indiquent que la croissance économique a atteint 2,8%, contre 1,7% au même trimestre de l'année précédente.   

Cette évolution reflète une hausse de 5,7%, après une contraction de 13,1%, de la valeur ajoutée agricole et une décélération de 3,3% à 2,7% du rythme des activités non agricoles. 

Au niveau sectoriel, le début de l'année agricole 2023/2024 se caractérise par le déficit d'accumulation pluviométrique estimé au 31 décembre 2023 de 45,6% par rapport à la période précédente et de 42% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. 

Pour les industries manufacturières, leur valeur, pour le quatrième trimestre 2023, affiche une progression de 1,7 point sur un an, soit 76,1% en moyenne sur les mois d'octobre et novembre. 

Quant aux industries extractives, la baisse de leur valeur ajoutée a été ramenée à 3,7% au troisième trimestre après 10,1% un an plus tôt; qui a dû être récupérée au quatrième trimestre avec le rebond de 23,5% de la production de phosphate en octobre et novembre. 

De son côté, le secteur de l'électricité, du gaz, de l'eau, de l'assainissement et des déchets a connu une augmentation de sa valeur ajoutée de 2,1% aux troisième et quatrième trimestres, comme l'indique l'augmentation de la production d'électricité de 5% en octobre et novembre.

L'économie de l'énergie a enregistré des rebonds de 71,6% dans l'énergie éolienne, 50,1% dans l'énergie solaire et 11,9% dans l'hydroélectricité, ainsi que 4,4% dans l'énergie thermique. 

En revanche, les activités d'hôtellerie-restauration ont connu un net ralentissement au troisième trimestre, avec une croissance de 11,2% contre 57,6% l'an dernier. Les données disponibles pour les mois d'octobre et novembre montrent une augmentation des arrivées de touristes de 5,6%, soit 2,1 millions. 

Sede del Attijariwafa Bank en Casablanca (Marruecos) - PHOTO/ATTIJARIWAFA BANK
Siège d'Attijariwafa Bank à Casablanca (Maroc) - PHOTO/ATTIJARIWAFA BANK

Le marché du travail marocain 

Sur le marché du travail, l'économie nationale a enregistré, entre le troisième trimestre 2022 et la même période de 2023, une perte de 297 mille emplois, après les 58 mille perdus l'année précédente; à l'exception de l'industrie, y compris l'artisanat, qui a créé 14 000 emplois.

En tenant compte des 49 mille demandeurs d'emploi, le taux d'activité a diminué de 0,8 point pour atteindre 43,2% et le taux de chômage a augmenté de 2,1 points pour atteindre 13,5%, avec des augmentations de 2 points ou 17% dans les villes et de 1,8 point ou 7% dans les zones rurales.  

Pour les jeunes de 15 à 24 ans, le taux de chômage a continué d'augmenter, atteignant 38,2% au total, 49,7% en milieu urbain et 23,3% en milieu rural. 

Comptes à l'étranger, finances et inflation 

En ce qui concerne les comptes extérieurs, les données des onze premiers mois de 2023 montrent une réduction du déficit commercial de 21 500 millions de dirhams, résultat d'une baisse de 3,3% des importations et d'une stabilité des exportations. 

La réduction des importations a touché tous les produits, à l'exception des biens de consommation, des biens d'équipement et des produits alimentaires. En particulier, la facture énergétique a été réduite de 21,4% à 111 000 millions de dirhams et les achats de produits semi-finis et de produits bruts ont enregistré une baisse de 11,3% et 23,6%, provenant principalement des sources d'ammoniac et de soufre brut. 

Quant aux exportations, leur évolution reflète principalement des hausses de 30,2% pour le secteur automobile et la consolidation des bonnes performances commerciales du secteur de l'électronique et de l'électricité avec une amélioration de 27,3%, ainsi qu'une baisse de 38% des ventes de phosphate et dérivés.

Dans le même temps, les recettes des voyages ont augmenté de 15,8% à 97,4 milliards de dirhams et les transferts des Marocains résidant à l'étranger, bien qu'en ralentissement, ont enregistré une progression de 4,4%, cumulant 105,5 milliards de dirhams à fin novembre. Quant aux investissements directs étrangers, leurs recettes ont diminué de 18,8% à 29,3 milliards de dirhams. 

PHOTO/FILE - Dirhams
Dirhams - PHOTO/FILE 

Dans le domaine des finances publiques, l'exécution budgétaire des onze premiers mois de l'année 2023 a enregistré un déficit de 51400 millions de dirhams au lieu de 47900 millions enregistrés l'année dernière. Les recettes ordinaires ont augmenté de 2,2% pour atteindre 306,1 milliards, avec une augmentation de 4,3% des recettes fiscales et une baisse de 11,6% des recettes non fiscales. 

Dans le même temps, les dépenses ordinaires ont augmenté de 1,5% pour atteindre 293,8 milliards, ce qui comprend une augmentation de 6% des dépenses en biens et services et une augmentation de 12,1% des dépenses en intérêts sur la dette publique.   

La Trésorerie a augmenté de 25,9% pour atteindre 21,7 milliards de dirhams à fin novembre 2023. Compte tenu de la réduction de 7,7 milliards de dollars des opérations en cours, le déficit de trésorerie a augmenté pour atteindre 59,1 milliards de dollars. Ce besoin a été satisfait avec des ressources externes nettes de 30 500 millions de dirhams et des ressources internes nettes de 28 700 millions de dirhams. 

Quant à l'inflation, elle est tombée à 3,6% en novembre 2023 après 4,3% en octobre 2023 et sa moyenne sur les onze premiers mois de l'année s'établit à 6,3%. 

Sa composante sous-jacente a poursuivi son ralentissement progressif à 3,3% après 4% un mois plus tôt. Cette évolution reflète le ralentissement du taux de progression des prix des biens échangeables de 4,3% à 3,2% et, dans une moindre mesure, de 3,6% à 3,5% des biens non échangeables. 

PHOTO/ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ - Mercado en Casablanca, Marruecos
Marché à Casablanca, Maroc - PHOTO/ATALAYAR/GUILLERMO LÓPEZ 

Contexte international entre croissance et ralentissement 

Dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et une inflation persistante, les principales économies avancées et émergentes, à l'exception des États-Unis, commencent à montrer des signes de ralentissement. 

Ainsi, les données du troisième trimestre 2023 suggèrent une accélération de la croissance aux États-Unis à 2,9% en glissement annuel, après 2,4% un trimestre plus tôt, tirée principalement par la hausse des dépenses de consommation, des investissements et des exportations.

En revanche, dans la zone euro, le rythme de l'activité a stagné après une croissance de 0,6%. Les données du troisième trimestre indiquent au contraire un taux de croissance stable de 0,3% au Royaume-Uni et un ralentissement de 2,3% à 1,6% au Japon. 

Imagen de un billete de cien dólares - AFP/LUIS ROBAYO
Image d'un billet de cent dollars - AFP/LUIS ROBAYO

Du même côté asiatique, l'activité économique a ralenti en Chine au troisième trimestre, s'établissant à 4,9%, contre 6,3%, principalement en raison de la stagnation du secteur immobilier.

La croissance est également passée de 7,8% à 7,4% en Inde et de 3,5% à 2% au Brésil. En revanche, il s'est renforcé de 4,9% à 5,6% en Russie. 

Banque centrale russe - PHOTO/FILE

Marché du travail, prix et inflation dans le monde 

Sur les marchés du travail, le taux de chômage s'est maintenu à 3,7% aux États-Unis en décembre, avec la création de 216 000 emplois au lieu de 199 000 un mois plus tôt. 

Dans la zone euro, le taux a légèrement baissé à 6,4% en novembre, avec des baisses de 11,9% en Espagne, 7,5% en Italie, 3,1% en Allemagne et 7,3% en France. 

AFP/DANIEL ROLAND - Sede del Banco Central Europeo (BCE)
Siège de la Banque centrale européenne (BCE) - AFP/DANIEL ROLAND 

Hors énergie, les prix ont connu une baisse de 1,6% en décembre, principalement en raison d'une baisse de 1,2% des prix des produits agricoles.

Quant à l'inflation, elle s'est redressée en décembre aux États-Unis, s'établissant à 3,4%, après 3,1% en novembre; tandis que dans la zone euro, elle a accéléré à 2,9%, contre 2,4%, après plusieurs mois de ralentissement.