L'OIT avertit que la pandémie entravera l'intégration de toute une génération sur le marché du travail

La pandémie du COVID-19 est comme un tsunami qui anéantit tout et tout le monde. Alors que les personnes âgées ont perdu leur santé et leur vie, les jeunes ont été privés de leurs études en raison de la fermeture des écoles, des universités et des centres de formation. L'Organisation internationale du travail (OIT) a averti que la propagation du virus entravera l'intégration de toute une génération sur le marché du travail. L'agence a mené une enquête auprès de 12 000 jeunes âgés de 18 à 29 ans dans 112 pays, qui révèle qu'un sur huit ne pourrait pas poursuivre ses études, faute d'accès à Internet ou aux moyens télématiques, et que près d'un sur dix craint que la pandémie n'affecte à jamais leur éducation.
Soixante-cinq pour cent des jeunes interrogés ont indiqué qu'ils avaient moins appris depuis le début de la pandémie, 51 % ont exprimé la crainte que leur éducation soit retardée et 9 % ont exprimé la crainte d'échouer à l'école en raison des interruptions causées par la crise sanitaire. Selon cette étude, depuis le début de la pandémie, plus de 70 % des jeunes qui étudient ou qui combinent leurs études et leur travail ont subi l'impact de cette crise sanitaire.
Le rapport intitulé « Les jeunes et la pandémie du COVID-19 : effets sur l'emploi, l'éducation, les droits et le bien-être mental » indique que la situation a été encore pire pour les jeunes vivant dans les pays à faibles revenus, soulignant l'énorme fossé numérique entre les différentes régions. « Alors que 65 % des jeunes des pays à revenu élevé ont pu assister à des cours par vidéoconférence, seuls 18 % des jeunes des pays à faible revenu ont pu poursuivre leurs études en ligne », souligne le document.
« La pandémie a un impact très négatif sur les jeunes. Non seulement elle compromet leur emploi et leur avenir professionnel, mais elle diminue aussi considérablement leur éducation et leur formation, et donc leur bien-être mental. Nous ne pouvons pas permettre que cela se produise », a déclaré Guy Ryder, directeur général de l'OIT.
L'inquiétude et l'indignation s'ajoutent à cette situation instable. Selon le rapport, plus de 38 % des jeunes ont exprimé des inquiétudes quant à leur avenir professionnel et craignent que la pandémie n'affecte leur développement sur le marché du travail. Les mesures prises pour prévenir la propagation de cet agent pathogène ont obligé un jeune sur six à travailler à domicile, tandis que 42 % de ceux qui ont conservé leur emploi ont vu leur revenu diminuer. Cette situation a eu un fort impact sur leur bien-être mental, selon cette enquête, qui indique que 50 % des jeunes sont susceptibles d'avoir des épisodes d'anxiété ou de dépression, et que 17 % sont susceptibles d'en souffrir.
« La voix des jeunes doit être entendue ». Par ces mots, l'OIT a souligné la nécessité de laisser les jeunes faire leur part dans la lutte contre la crise. Ce document a révélé qu'un jeune sur quatre a effectué une sorte de travail bénévole pendant la pandémie, et que leur voix doit donc être entendue pour une « réponse plus inclusive » à la crise sanitaire actuelle.
Ce rapport - produit par l'OIT, l'AIESEC, le Fonds d'affectation spéciale d'urgence de l'Union européenne pour l'Afrique, le Forum européen de la jeunesse, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et le grand groupe des Nations unies pour l'enfance et la jeunesse - appelle également à des mesures politiques spécifiques pour empêcher que la pandémie ne compromette l'avenir de plusieurs générations.
Pour obtenir ces résultats, l'OIT, en collaboration avec les autres organisations partenaires, a mené une enquête auprès de 12 000 jeunes de 18 à 29 ans dans 112 pays. « Tout indique un impact sans précédent sur les opportunités pour les jeunes, non seulement à court terme mais aussi à long terme », a déclaré le directeur de la politique de l'emploi de l'OIT, Sangheon Lee, lors du lancement de l'étude.
Cette enquête montre l'impact « systématique, profond et disproportionné » de cette pandémie sur les jeunes. « Ce n'est qu'en unissant nos forces à celles des jeunes que nous pourrons empêcher la crise d'avoir un impact durable sur leur vie », conclut le rapport.