L'or de la banque centrale du Maroc a augmenté de 8 % en valeur en 2023
Les coffres de Bank Al-Maghrib contiennent 22 tonnes d'or, d'une valeur de 14,53 milliards de dirhams

Le dernier rapport annuel de la Banque centrale du Maroc, portant sur l'année 2023 et récemment présenté au roi Mohammed VI fin juillet par le gouverneur, Abdelatif Jouahri, révèle que les réserves d'or détenues par l'institution restent stables à 711 032 onces (22,11 tonnes).
- L'or et la hausse du dirham
- Localisation des réserves
- Une politique conservatrice
- Les banques centrales et l'or
Bien que la quantité d'or soit restée inchangée depuis un certain temps, sa valeur s'est appréciée de 8 % au cours de l'année écoulée pour atteindre 14,5 milliards de dirhams au 31 décembre 2023.
L'or et la hausse du dirham
La hausse significative du prix de l'or au cours des derniers mois, qui a atteint 2 471 USD l'once à la clôture du 13 août au London Bullion Market Association (l'organisme international qui détermine le prix du métal), est à l'origine de cette augmentation de la valeur des réserves du Maroc.

Un autre facteur déterminant dans l'appréciation de l'or de Bank Al-Maghrib au cours de l'année 2023 a été l'appréciation de la monnaie marocaine, le dirham, par rapport au dollar. Il faut savoir que le prix officiel de l'or est déterminé en dollars, de sorte que la fluctuation des différentes monnaies par rapport à la devise américaine a une forte influence sur la valorisation du métal précieux.
Ainsi, à la fin de l'année 2023, le prix de l'once d'or était de 20 439 dirhams, contre 18 985 dirhams à la fin de l'année 2022.
Localisation des réserves
En ce qui concerne la localisation physique des réserves, il faut savoir que les coffres de Bank Al-Maghrib ne détiennent que 4 855 onces, soit seulement 0,68 % du total. Le reste, soit 706 177 onces (environ 1 765 barres de 400 onces, utilisées dans les réserves bancaires), est déposé à l'étranger.
Le rapport de la Banque centrale marocaine ne précise pas la localisation exacte de la plupart de ses réserves d'or. Cette pratique n'est cependant pas rare parmi les banques centrales : il est courant qu'elles détiennent une partie de leurs réserves sur leur propre territoire et le reste dans les coffres de banques centrales telles que la Banque d'Angleterre, la Banque de France ou la Réserve fédérale américaine, qui ont l'habitude de détenir ce type d'actifs.

Il est vrai, cependant, que ces dernières années, les banques centrales de certains pays ont eu tendance à rapatrier la majeure partie de leurs réserves pour des raisons géopolitiques et stratégiques. Dans le cas du Maroc, aucune information n'est disponible auprès de Bank Al-Maghrib.
Une politique conservatrice
Les données révélées dans le rapport annuel confirment la politique conservatrice de la Banque Centrale du Maroc dans la gestion de ses réserves d'or, puisqu'elle détient le même montant d'or depuis des années, soit 22,1 tonnes, ce qui représente actuellement 4,5% de ses réserves totales de change.
Comme l'a récemment commenté le gouverneur de la Banque centrale marocaine, Abdelatif Jouahri, les réserves d'or du Maroc, qui représentent actuellement 4,5 % du total des réserves de change du pays, se situent dans la moyenne mondiale.
Selon Jouahri, Bank Al-Maghrib suit une pratique standard dans la gestion de son or et oriente sa politique de réserves autour de trois grands principes : la sécurité, la liquidité et le rendement.
Le gouverneur a expliqué que le premier principe, la sécurité, garantit que les investissements sont effectués dans des catégories à faible risque, telles que les actifs notés "AAA" ou "AA". Le deuxième principe, la liquidité, garantit que les réserves peuvent être facilement converties en liquidités pour répondre aux besoins du pays. Le troisième principe, le rendement, bien qu'important, vient en dernier lieu : la Banque centrale cherche d'abord à sécuriser ses actifs et à garantir leur liquidité avant de rechercher un rendement optimal, a ajouté le gouverneur.
Jouahri a également expliqué que, bien que l'or soit considéré comme un actif refuge, sa gestion en tant que composante des réserves de change présente des défis spécifiques et doit être effectuée dans le respect des principes de la Banque centrale, notamment en termes de liquidité et de sécurité.
Il a notée que l'or, contrairement aux devises, ne peut pas être utilisé aussi facilement pour des interventions immédiates sur le marché, ce qui limite son utilité dans certaines situations de besoins urgents de liquidités.
Les banques centrales et l'or
Les fluctuations du prix de l'or, et notamment sa forte hausse au cours des cinq dernières années jusqu'à son prix le plus élevé (2 471 dollars l'once), ont incité certaines banques centrales à vendre une partie de leurs réserves pour obtenir des liquidités, tandis que d'autres ont procédé à des achats soutenus d'or pour augmenter leurs avoirs.

Selon la dernière liste publiée début août (avec des données à fin juin) par le World Gold Council (WGC), une organisation internationale qui analyse les réserves d'or détenues par les banques centrales, Bank Al-Maghrib se situe à la 66e place, avec les 22,11 tonnes mentionnées, derrière la Bolivie et devant l'Afghanistan.
A titre de comparaison, l'Espagne est 22ème avec 281,6 tonnes d'or, l'Algérie 27ème avec 173,6 tonnes, la Libye 30ème avec 146,7 tonnes et l'Egypte 33ème avec 126,6 tonnes.
Le classement des pays ayant les plus grandes réserves d'or est dominé par les mêmes pays depuis des années : les États-Unis, en première position, avec 8 133,5 tonnes ; l'Allemagne, avec 3 351,5 tonnes ; l'Italie, avec 2 451,8 tonnes ; la France, avec 2 437 tonnes ; la Russie, avec 2 335,9 tonnes ; et la Chine, avec 2 264,3 tonnes.