Avec un budget record de 7,8 milliards, le grand défi de l'ESA est de garantir le premier vol de la fusée Ariane 6 et le retour en vol de Vega-C

La crédibilité de l'Europe en tant que puissance spatiale de référence mondiale sera en jeu en 2024.

En una conferencia de prensa celebrada el 11 de enero en París, el director general de la ESA ha anunciado los retos a los que se enfrenta con un presupuesto récord de casi 7.800 millones de euros - PHOTO/ESA-V. Stefanelli
Lors d'une conférence de presse à Paris le 11 janvier, le directeur général de l'ESA a annoncé les défis à relever avec un budget record de près de 7,8 milliards d'euros - PHOTO/ESA-V. Stefanelli

Le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), l'Autrichien Josef Aschbacher, a usé de tous ses talents personnels devant un public attentif à ses moindres mots et gestes pour convaincre que l'organisation qu'il dirige veut continuer à être considérée comme une puissance spatiale de référence mondiale en 2024. 

  1. Plus d'un milliard pour Galileo
  2. Un second semestre passionnant

Le chef de l'ESA a présenté ses attentes et ses ambitions pour l'année en cours au siège de l'agence, dans le centre de Paris. Josef Aschbacher était accompagné des directeurs de la navigation, l'Espagnol Javier Benedicto, de l'observation de la Terre, l'Italienne Simonetta Cheli, et du nouveau directeur des transports spatiaux, le Danois Toni Tolker-Nielsen. 

Josef Aschbacher a mis l'accent sur deux points essentiels. Premièrement, l'Agence européenne est prête et met tout en œuvre pour rétablir ses capacités perdues d'accès indépendant à l'espace d'ici l'été prochain. Deuxièmement, le budget élevé pour l'année en cours, qui lui permettra de signer "plus de 1 500 contrats, de maintenir 27 satellites en service et de poursuivre la préparation de plus de 40 missions spatiales".  

El director de Navegación de la ESA, el español Javier Benedicto, primero por la izquierda, ha captado para el año en curso unos fondos que se elevan a más de 1.000 millones de euros, los segundos más importantes PHOTO/ESA-P. Sebirot
Le directeur de la navigation de l'ESA, l'Espagnol Javier Benedicto (premier à gauche), a obtenu pour l'année en cours un financement de plus d'un milliard d'euros, le deuxième plus important jamais obtenu - PHOTO/ESA-P. Sebirot

Les fonds approuvés pour 2024 représentent le plus grand nombre d'investissements et de dépenses dans l'histoire de l'organisation intergouvernementale. Ils s'élèvent à 7 785,1 millions d'euros, soit la somme de quatre grands capitaux et une augmentation d'environ 10 % par rapport au budget de l'année précédente. 

Les contributions des 22 États européens membres de l'ESA s'élèvent à 5 024,9 millions d'euros, ce qui représente 64,55 % du budget total. Vient ensuite la contribution de l'Union européenne de 1 822,6 millions d'euros (23,41 %), consacrée au développement et à la construction par l'agence des nouveaux satellites des constellations européennes Copernicus et Galileo, ainsi qu'à leur maintien en service. En outre, l'Agence fournira son expertise pour la constellation de communications sécurisées Iris2. 

La italiana Simonetta Cheli es la responsable de los programas europeos de observación de la Tierra, cuya demanda de servicios es imparable. Tras ella, el director de Transporte Espacial, el danés Toni Tolker-Nielsen - PHOTO/ESA-P. Sebirot
L'Italienne Simonetta Cheli est responsable des programmes européens d'observation de la Terre, pour lesquels la demande de services est irrépressible. Derrière elle, le directeur du transport spatial, le Danois Toni Tolker-Nielsen - PHOTO/ESA-P. Sebirot

Plus d'un milliard pour Galileo

A cela s'ajoutent les recettes attendues des activités et services que l'ESA fournit à des tiers, soit 821,2 millions (10,55%). Enfin, il y a l'allocation de 116,4 millions - équivalant à 1,5 % du budget global - d'Eumetsat, l'Organisation européenne pour l'exploitation de satellites météorologiques. Elle est propriétaire des plates-formes Meteosat qui fournissent aux Européens des prévisions météorologiques, que l'ESA développe, fabrique et met en orbite. 

Tout l'argent collecté par l'ESA pour le budget 2024 est dépensé dans différents domaines d'activité. Le plus grand bénéficiaire est le programme d'observation de la Terre, qui absorbait 1 768,7 millions en 2023, mais qui s'élève aujourd'hui à 2 372,4 millions, soit pas moins de 30,5 % du total des fonds. Les données et les images fournies par les sept satellites de télédétection Sentinel de la constellation Copernicus de l'Union européenne, exploités par l'ESA, sont très demandées au niveau international.

Copernicus compte plus de 100 000 abonnés enregistrés dans le monde entier, qui peuvent accéder à plus de 65 pétabits de données satellitaires actualisées fournissant différents paramètres sur la santé de la Terre, l'évolution du changement climatique et les catastrophes naturelles. Chaque pétabit équivaut à 1 024 térabits et, d'ici 2024, Simonetta Cheli a calculé que les satellites Sentinel "livreront chaque jour 350 térabits à la Terre".  

Desde el Centro Europeo de Operaciones Espaciales (ESOC) situado en la localidad alemana de Darmstadt se efectúa el seguimiento y control de los 27 satélites de todo tipo que la ESA mantiene en serviciohttps://es.wikipedia.org/wiki/Centro_Europeo_de_Operaciones_Espaciales - PHOTO/ESOC-J. Mai
Le Centre européen d'opérations spatiales (ESOC) de l'ESA à Darmstadt, en Allemagne, surveille et contrôle les 27 satellites de tous types que l'ESA entretient sur le site https://es.wikipedia.org/wiki/Centro_Europeo_de_Operaciones_Espaciales - PHOTO/ESOC-J. Mai

Le développement du système de navigation et de positionnement spatial Galileo, "le plus précis au monde" selon l'ESA, est confié à l'Espagnol Javier Benedicto. Il dispose d'une enveloppe de 1 051,1 millions d'euros (13,5 %) pour maintenir et renouveler les satellites en orbite et construire une nouvelle génération d'appareils. 

Mais en 2024, son principal défi est de lancer quatre nouveaux Galileo avec la fusée américaine Falcon 9 d'Elon Musk, "deux en avril et deux autres entre juillet et septembre", a confirmé Aschbacher. L'objectif est de renforcer la constellation et d'améliorer les services qu'elle fournit à plusieurs millions d'utilisateurs privés et d'entreprises du monde entier impliqués dans le transport terrestre, maritime et aérien.

El satélite de observación medioambiental de la Tierra EarthCARE, Proba-3 de observación solar y la misión de defensa planetaria Hera (en imagen) viajarán al espacio en mayo, el verano y octubre, respectivamente - PHOTO/ESA-SJM
Le satellite d'observation de l'environnement EarthCARE, le satellite d'observation solaire Proba-3 et la mission de défense planétaire Hera (photo) iront dans l'espace respectivement en mai, en été et en octobre - PHOTO/ESA-SJM

Un second semestre passionnant

Le transport spatial représente 1 032,7 millions d'euros, soit 13,3 % du budget. L'Agence a programmé huit missions de lancement de satellites, dont trois d'importance majeure : la mission de défense planétaire Hera, la mission d'observation de l'environnement terrestre EarthCARE et Proba-3. 

Hera et EarthCARE s'envoleront dans l'espace à bord de fusées américaines Falcon 9. Proba-3, deux plates-formes dont le maître d'œuvre est la société espagnole Sener Aerospace, seront mises en orbite simultanément depuis le centre spatial Satish Dhawan à bord d'un lanceur PSLV de l'Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO). Les deux engins se déplaceront en formation avec une précision inégalée pour étudier la faible couronne du Soleil et l'atmosphère qui l'entoure.

Josef Aschbacher, jefe de la ESA, confía en que 2024 restablezca la capacidad europea de acceso autónomo al espacio, con el Ariane 6 (derecha) y el Vega-C (izquierda), una vez retirado de servicio el Ariane 5 (centro) - PHOTO/ESA-D. Dos Santos
Josef Aschbacher, chef de l'ESA, est convaincu qu'en 2024, l'Europe retrouvera sa capacité d'accès autonome à l'espace grâce à Ariane 6 (à droite) et Vega-C (à gauche), après la mise hors service d'Ariane 5 (au centre) - PHOTO/ESA-D. Dos Santos

Sur les huit lancements prévus, seules deux fusées européennes décolleront de la Guyane. Le plus important et le plus décisif est le vol inaugural d'Ariane 6, attendu depuis 2020 et prévu entre la mi-juin et la fin juillet. De conception entièrement nouvelle, son étage supérieur peut être rallumé plusieurs fois pour déployer des constellations de satellites à différentes positions orbitales, une capacité dont ne disposait pas son prédécesseur, Ariane 5, qui est hors service depuis son dernier vol le 5 juillet.

La remise en service de Vega-C est également importante. Le directeur du transport spatial, Toni Tolker-Nielsen, a déclaré qu'elle aurait lieu "d'ici la mi-novembre ou, au plus tard, avant la fin de l'année". Le lanceur est en cours de révision et de modernisation depuis l'échec de son deuxième lancement, le 21 décembre 2022, en raison d'un dysfonctionnement du moteur Zefiro 40 de son deuxième étage.

El satélite de tecnología radar SAR Sentinel-1C debe situarse en órbita a cerca de 700 kilómetros de altura. Debería hacerlo el lanzador Vega-C, pero los riesgos son muy altos y es probable que lo haga el norteamericano Falcón 9 - PHOTO/ESA-ATC Medialab
Le satellite de technologie radar SAR Sentinel-1C Sentinel-1C doit se mettre en orbite à une altitude d'environ 700 kilomètres. Cette mise en orbite devrait être effectuée par le lanceur Vega-C, mais les risques sont trop élevés et il est probable qu'elle soit réalisée par le Falcon 9 américain - PHOTO/ESA-ATC Medialab

Le troisième tir de Vega-C est prévu pour transporter le satellite radar Sentinel-1C, dont le positionnement urgent dans l'espace doit remplacer le satellite Sentinel-1B, hors service depuis août 2022 en raison d'une défaillance de son électronique. Cependant, il est très risqué que le prochain vol Vega-C transporte le nouveau satellite radar. Un lanceur fiable, tel que Falcon 9, serait plus judicieux. 

Simonetta Cheli, directrice de l'observation de la Terre, a confirmé que "l'ESA a évalué tous les risques, les a transmis à Bruxelles - le propriétaire du satellite - et nous prendrons une décision finale dans les semaines à venir". En définitive, Sentinel 1-C sera très probablement le septième satellite européen à voyager dans l'espace à bord d'un Falcon 9 américain en 2024. Comme le dit le proverbe espagnol, "a la fuerza ahorcan".