Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef du coup d'État contre l'exécutif de transition d'Abdalla Hamdok, a annoncé la création d'un nouveau Conseil souverain dont il sera le chef. Au début du mois, un conseiller d'al-Burhan a annoncé la formation "imminente" d'un gouvernement.
Parmi les membres éminents de la nouvelle administration figure Mohamed Hamdan Daglo, chef des Forces de soutien rapide ( FSR), qui a été nommé vice-président. Le FSR est une milice soudanaise officiellement créée en 2013 sous le dictateur Omar el-Béchir. Toutefois, les actions militaires du groupe remontent au conflit du Darfour en 2003. Le FSR, dirigé par Daglo, également connu sous le nom de "Hemedti", a été accusé de violations des droits de l'homme. Ils ont également joué un rôle clé lors des manifestations de juin 2019 à Khartoum, où plus de 100 personnes ont été tuées et au moins 700 blessées, selon Amnesty International (AI).

Le nouveau gouvernement compte 13 autres membres, dont les anciens chefs rebelles Malik Agar, Alhady Idris et Altaher Hagar. Ces trois nouveaux membres de l'exécutif ont signé l'accord de paix de Juba en 2020, un traité historique visant à mettre fin au conflit armé au Soudan.
On y trouve également des membres de l'ancien Conseil, comme les lieutenants-généraux Shams Al-Din Kabbashi et Yasser Al-Atta, selon le média Asharq. D'autre part, la région du nord est dirigée par Abu al-Qasim Bartam, tandis que Khartoum est représentée par Muhammad Abdul Qadir. La région orientale du Soudan, une zone d'une grande importance géostratégique en raison de son accès à la mer Rouge, n'est pas encore représentée.
Aboulgasim Mohamed Burtum, ancien député, est également membre du Conseil souverain. Burtum a déclaré à Sky News qu'il espérait que le nouveau gouvernement serait bien accueilli. "Nous sommes des civils, les civils ne sont pas seulement Hamdok", a-t-il dit. L'annonce d'Al-Burhan n'a pas été sans controverse, car, entre autres, l'exécutif exclut plusieurs représentants de la transition démocratique, dont des membres des Forces pour la liberté et le changement, l'organisation qui a mené les protestations contre Al-Bashir. "Ces exclusions montrent à quel point les négociations entre l'armée et Hamdok ont terriblement échoué", explique Resul Serdar, correspondant d'Al Jazeera au Soudan.

"La situation sera compliquée par le fait que les rues exigent le retour de Hamdok et que la communauté internationale fait pression sur Al-Burhan pour qu'il rétablisse un gouvernement civil avec Hamdok comme premier ministre", ajoute Serdar.
Hamza Balloul, ancien ministre de l'information, a déclaré que la création d'un Conseil souverain était "une extension du coup d'État". Il est également convaincu que le peuple soudanais peut le renverser. En fait, certains citoyens soudanais ont manifesté contre la décision d'al-Burhan, poursuivant les protestations qui ont commencé quelques jours après le coup d'État.
À Khartoum, les manifestants ont brûlé des pneus et bloqué des routes. "Les décisions d'Al-Burhan et de son conseil ne s'appliquent qu'à eux-mêmes, n'ont aucune légitimité et ne seront accueillies que par le mépris et la résistance", a souligné l'Association des professionnels du Soudan (SPA), l'une des organisations à la tête des marches civiles.

Malgré l'agitation sociale, Al-Burhan s'est engagé à "accélérer la formation d'un gouvernement de pouvoirs civils et démocratiques et à maintenir un dialogue avec toutes les forces politiques pour une sortie sûre de la crise politique actuelle". Selon EFE, il a également exprimé sa volonté de respecter "les aspirations du peuple soudanais" et de "protéger la révolution" qui s'est terminée par le renversement d'Al-Bashir en 2019.
Le Soudan est sous le feu des projecteurs internationaux depuis le coup d'État du 25 octobre. Sans surprise, les organisations internationales et les gouvernements ont exprimé leur inquiétude suite à la récente annonce d'Al-Burhan. Volker Peretz, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, a averti que cette démarche "rend difficile le retour à l'ordre constitutionnel". Il a également souligné "l'importance de parvenir à une solution urgente par le biais de négociations afin de revenir à une vie politique et économique normale".

En ce qui concerne les manifestations prévues, Peretz a exhorté les autorités du pays à les autoriser et à agir avec "retenue". Il a appelé à la libération de Hamdok et de tous les prisonniers politiques, ainsi qu'au "rétablissement du service Internet et à l'abstention de toute mesure unilatérale contraire à l'esprit du partenariat de transition".
"L'évolution actuelle de la situation au Soudan reste très préoccupante. Nous exigeons la libération immédiate de tous ceux qui représentent l'esprit et l'espoir de la révolution soudanaise et ne doivent pas être trahis", a écrit le président français Emmanuel Macron sur son compte Twitter.
À la suite du coup d'État, la Banque mondiale et les États-Unis ont suspendu leur aide économique au pays, une aide qui était destinée au développement et au redressement du Soudan.