Algérie 2023, l’année de tous les déboires

A une année de l’échéance de son mandat, Abdelmadjid Tebboune a beau discourir à qui veut l’entendre que « tout va bien dans le meilleur des mondes », mais, dans son for intérieur il est bien convaincu qu’il vient de passer une année à marquer d’une pierre noire.
Bien que 2023 a enregistré ses premières sorties sur le terrain, il n’en demeure pas moins que l’année qui vient de s’écouler est pire que celles qui l’ont précédée.
Des sorties timides à Djelfa et Tindouf n’ont rien apporté au crédit d’un chef d’Etat de plus en plus contesté par les Algériens qui voient en lui l’homme lige d’un pouvoir militaire des plus répressifs.
Un pouvoir qui enlève des citoyens y compris les quatre enfants du défunt chef d’Etat-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, le mentor d’Abdelmadjid Tebboune. Un pouvoir qui emprisonne (plus de 400 détenus politiques) et qui compte une quarantaine de condamnée à la peine capitale.
Un pouvoir qui transforme le pays en une gigantesque prison en frappant d’interdiction de sortie du territoire national des milliers de citoyens de différentes catégories et couches sociales.
Un pouvoir qui gère très mal les affaires du pays et incapable d’assurer le minimum vital pour une population en proie à toutes sortes de pénuries. Mais, c’est, aussi, un pouvoir qui nourrit mal sa population.
Dans un pays considéré parmi le plus riches d’Afrique pour ne pas dire le plus riche, on ne peut que s’offusquer en voyant les longues files d’attente qui se forment chaque jour, dès l’aube, pour acheter un litre de lait.
Les pénuries ont touché tous les produits de première nécessité.
La semoule, l’huile de table, les lentilles et les haricots disparaissent régulièrement des étals des commerces. Au lieu de pourvoir le marché en quantité suffisante, le pouvoir, par la voix de son premier responsable, le président de la République en personne, explique ces pénuries par la spéculation. On est allé jusqu’à condamner à 10 ans de prison ferme une famille tunisienne transfrontalière, pour avoir acheté 5 litres d’huile.
Il en a été de même pour un coiffeur qui était en possession de la même quantité d’huile. Deux exemples qui reflètent parfaitement l’incapacité des pouvoirs publics d’assurer le strict minimum vital en important une quantité suffisante des produits alimentaires que l’agriculture algérienne n’arrive pas à produire.
Lorsqu’on se targue de posséder une réserve de 70 milliards de dollars, comme l’a fait le président Tebboune dans son discours à la nation du 25 décembre dernier, et on est incapable d’assurer la nourriture de base (lait, huile et semoule) cela signifie qu’il y a d’énormes carences en matière de gestion.
D’ailleurs, ce sont ces mêmes carences qui expliquent l’impossibilité d’ouvrir le complexe cultuel de la grande mosquée d’Alger a coûté 1,5 milliards de dollars au trésor public.
Les travaux étant achevés depuis avril 2019, ce gigantesque ensemble comprend outre la salle de prière, un institut d’études islamiques, une bibliothèque d’une contenance de 1 million de livres et capable d’accueillir en même temps 1000 lecteurs, un musée de 14 étages, un hôtel et des commerces. Il demeure fermé malgré la nomination d’un recteur qui a rang de ministre.
Un recteur qui perçoit un salaire des plus élevés mais qui ne le justifie nullement puisqu’il ne travaille pas. Il ne fait même pas semblant de mettre en place une administration pour gérer cette magnifique réalisation.
De leur côté, les Algériens ne se soucient guère de l’ouverture de la grande mosquée d’Alger. Leur premier souci c’est d’avoir, avant tout, de l’eau. Oui, l’eau manque dans toutes les villes du pays. A Oran, la capitale de l’Ouest du pays, ce produit précieux est distribué avec parcimonie.
Les plus chanceux peuvent voir l’eau couler de leurs robinets deux fois par semaine pour quelques heures de la journée ou de la nuit. Les Constantinois ne sont pas mieux lotis.
Les Algérois non plus. Les Algériens, dans leur ensemble, se contentent de boire les discours optimistes de Tebboune qui leur promet que l’eau coulera dans leurs robinets dès que seront réalisées les stations de dessalement de l’eau de mer. Ils continuent d’attendre.
Pour détourner l’opinion publique de ses véritables préoccupations que nous venons de citer, le pouvoir algérien tente de convaincre la population par des « exploits » sur la scène internationale.
L’un de ces exploits et qui a longtemps tenu en haleine les Algériens est l’admission aux BRICS, cette organisation économique qui réunit le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Tablant sur une amitié historique avec la Russie, la Chine et l’Afrique du Sud, le président Tebboune qui avait effectué des visites dans les deux premiers pays cités et baptisé du nom de Nelson Mandela, le héro sud-africain, un nouveau stade de football à Alger, pensait tout bonnement que ces gestes étaient suffisants pour se faire une place parmi des nations à l’économie émergente appelées à rivaliser avec les grands de ce monde.
Quelle fut la déception algérienne de voir « la petite et pauvre » Ethiopie acceptée aux BRICS. Mais pas l’Algérie. Une déception qui mettra en colère Alger qui va se brouiller avec Moscou en boycottant la réunion arabo-russe des ministres Affaires étrangères qui s’est tenue le 20 décembre dernier à Marrakech.
Sergueï Lavrov n’a pas tardé à rendre la monnaie de sa pièce à « l’Algérie nouvelle » du duo Tebboune-Chengriha en préférant faire escale à Tunis plutôt qu’à Alger en quittant le Maroc.
Une véritable offense au pays qui entretenait, il n’y a pas longtemps, des relations privilégiées avec Moscou alors que la Tunisie et le Maroc étaient considérés comme les amis des Américains.
La brouille des dirigeants algériens ne se limitent pas aux Russes qui « n’ont rien fait pour aider l’Algérie à adhérer aux BRICS », elle s’étend aux Emirats Arabes Unis « coupables d’entretenir les meilleures relations avec l’ennemi marocain ».
Il en est de même avec les Espagnols. Même si les Algériens ont fini par désigner un ambassadeur à Madrid, ils continuent de voir d’un mauvais œil l’approfondissement de la coopération hispano-marocaine.
L’année 2023 a été également marquée par le rappel de l’ambassadeur algérien à Paris pour une sombre histoire d’une binationale qui avait fui l’Algérie pour la France via la Tunisie avec un passeport français.
Les choses sont rentrées dans l’ordre quelques mois plus tard puisque Tebboune comptait effectuer une visite d’Etat en France le 2 mai. Une visite annulée en dernière minute par on ne sait qui (tellement le système st opaque) et à ce jour Alger n’a révélé les raisons de l’annulation de ce voyage qui tenait à cœur le chef de l’Etat algérien.
Un chef d’Etat qui a essuyé les jets d’œufs pourris contre sa voiture à Lisbonne au cours de sa visite au Portugal.
Ce ne sont, là, que quelques déboires qu’a enregistré le pouvoir algérien tant à l’intérieur qu’à l’extérieur au cours d’une année à mettre vite aux oubliettes.