Le nouveau gouvernement de transition libyen part d'une situation beaucoup plus confortable que son prédécesseur, le gouvernement d'accord national dirigé par Fayez al-Sarraj et soutenu par les Nations unies. Dans son cas, malgré le soutien de l'ONU et d'autres pays, on a pu observer dès le départ une fracture de la communauté internationale, qui a fini par être visible sur le terrain, avec deux camps totalement à couteaux tirés sur le pouvoir politique et militaire.
En revanche, cette nouvelle étape s'ouvre avec le soutien unanime de la communauté internationale, y compris des acteurs qui ont soutenu l'une ou l'autre des parties au conflit, comme la Russie, la Turquie et l'Égypte. Tous ont applaudi l'élection de vendredi dernier, au cours de laquelle Mohammad Younes Menfi dirigera le pays et Abdul Hamid Dbeibah le gouvernement.
Les États-Unis, l'ONU et l'Union européenne ont été parmi les premiers à féliciter le nouveau gouvernement, mais d'autres acteurs importants tels que la Ligue arabe n'ont pas tardé à se joindre à eux. Les liens de Dbeibah avec la Turquie facilitent le soutien d'Ankara à la liste élue, et le soutien manifesté par l'ALC au nouveau gouvernement laisse penser que Moscou ne l'a pas non plus pris à la légère, la Russie étant l'un des principaux bailleurs de fonds de Haftar.

L'acceptation de la Russie et de la Turquie est essentielle, non seulement pour la bonne orientation politique du gouvernement, mais aussi pour le départ définitif des mercenaires que les deux pays maintiennent dans le pays pour soutenir chaque partie. Josep Borrell, le haut représentant pour l'action extérieure européenne, a souligné qu'il est important que l'accord militaire conclu par les deux parties à la fin de l'année dernière soit respecté. Cet accord comprend un cessez-le-feu, un embargo sur les livraisons d'armes et le départ des combattants étrangers, ce qui n'a pas encore été réalisé, et que M. Borrell a demandé maintenant qu'un nouveau gouvernement a été élu.
Paris, l'un des acteurs parfois accusés de soutenir les actions de Haftar, a déjà invité le nouveau président du Conseil de la présidence libyenne à se rendre dans le pays, dans le but d'œuvrer à la stabilisation du pays. Aguila Salé, l'un des favoris pour diriger le pays, a également manifesté son soutien au nouveau gouvernement, et a indiqué que la région de la Cyrénaïque sera très présente dans le nouveau cabinet. Le Maroc et l'Algérie se sont joints aux remerciements et ont accueilli le nouveau gouvernement comme une bonne nouvelle pour le pays et la région.

L'une des étapes les plus importantes est peut-être celle annoncée par le porte-parole de l'Armée de libération libyenne, le général Ahmed al-Mismari. Comme il l'a dit dans une interview, l'armée libyenne est une institution du pays, et son commandement est donc désormais subordonné au nouveau Conseil de la présidence. Il a également indiqué que des progrès seront réalisés en ce qui concerne l'échange de détenus et le déminage. Toutefois, il a averti que les mercenaires présents dans le pays, en particulier ceux qui sont liés à la Turquie, doivent quitter le pays.
Menfi et Dbeibah ont tous deux déjà entamé des démarches diplomatiques pour obtenir un soutien international. M. Dbeibah a rencontré l'ambassadeur britannique en Libye, qu'il a remercié pour son soutien à la résolution du conflit dont souffre le pays depuis des années. Pour sa part, M. Menfi a annoncé que la première visite se fera en Égypte voisine, un pays qui a également soutenu la région de la Cyrénaïque dans le conflit.